Jeudi, 13 novembre 2025
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    Ces monstres qui chassent les trans

    Comment expliquer cette obsession pour les personnes trans, cette rage à leur égard, cette volonté de les faire taire et de les invisibiliser, si ce n’est en réalisant que les chasseurs et les chasseuses de trans sont des êtres plus proches des créatures monstrueuses que des humains ?

    La situation empire jour après jour. Depuis des années, on sait que l’extrême droite fait des boutons en découvrant l’existence de personnes dérivant du modèle hétérosexuel cisgenre. On sait que plusieurs politicien.ne.s se servent des LGBTQ+ comme épouvantails pour détourner l’attention de leur inaction en environnement, en itinérance, en santé mentale, dans la crise du logement et de l’inflation. On sait qu’iels jettent de l’huile sur le feu sur les enjeux trans et non binaires pour faire peur au reste de la population. On sait que la majorité des gens sont dépassés par leur agenda surchargé et manquent de temps pour prendre du recul et s’intéresser aux faits. Cela dit, de nouvelles tuiles tombent sur nos têtes.

    Le 18 août dernier, La Presse rapportait que, lors d’un match de soccer entre des enfants de 9-10 ans, des parents ont jugé que certaines joueuses avaient des traits supposément « plus masculins » et ils leur ont demandé de baisser leurs culottes pour prouver leur sexe. Je répète, DES ADULTES ONT DEMANDÉ À DES FILLETTES DE PROUVER QUELS ORGANES GÉNITAUX ELLES POSSÉDAIENT. Alors que des hétéros ignorants confondent encore homosexualité et pédophilie en prétendant vouloir « protéger leurs enfants », ces parents ont exigé de voir des enfants en sous-vêtements ! Sous quel prétexte ? Parce qu’iels étaient convaincus que les joueuses étaient des personnes trans ou des garçons se faisant passer pour des filles dans l’espoir d’augmenter les performances de l’équipe. Cette idée folle est le résultat de la diabolisation des enjeux trans. À force de laisser les gens raconter n’importe quoi et patauger dans l’eau stagnante de leur ignorance, on pousse les pogos les moins dégelés de la boîte à commettre des horreurs.

    Au printemps dernier, The Advocate nous apprenait qu’une femme cisgenre avait été renvoyée de chez Walmart, à Lake City, en Floride, après avoir été prise pour une personne trans. Que s’est-il passé ? Le 14 mars, Dani Davis, une femme mesurant 192 cm, a été menacée par un homme alors qu’elle utilisait les toilettes des femmes sur son lieu de travail, car il croyait avoir affaire à une personne trans. Après avoir rapporté l’incident, cette employée de chez Walmart depuis sept ans a perdu son emploi sous prétexte qu’elle avait « créé un risque pour la sécurité et rapporté le tout au mauvais supérieur ». À noter que l’homme en colère s’était rendu dans les toilettes des femmes au nom d’un prétendu désir de protection qui a, en réalité, provoqué un danger. Il a menacé Davis de la battre en affirmant qu’il allait protéger sa conjointe, tandis que celle-ci le suppliait d’arrêter.

    Cet exemple américain témoigne de la transphobie ambiante et d’une vision réductrice de ce à quoi doivent ressembler les femmes. Suffit-il qu’une femme soit plus grande que la moyenne, large d’épaules, avec une voix grave, une pilosité au visage ou une force physique impressionnante pour qu’on lui retire son appartenance aux femmes cisgenres et qu’on lui fasse subir les mêmes violences que celles envers les femmes trans ?

    Ce n’est pas tout. L’armée américaine a déclaré, en février 2025, que les personnes trans seraient expulsées des troupes et qu’il serait désormais interdit d’en recruter d’autres. Le gouvernement de Donald Trump a également imposé un retour en arrière pour toutes les personnes trans dont les documents officiels correspondaient à leur nouvelle identité de genre. Dans les faits, cette décision met en danger toutes les personnes trans dont l’allure ne correspond plus à leur ancien genre officiel.

    En janvier dernier, quand Trump et Pierre Poilievre ont affirmé qu’il n’existait que deux genres, le chroniqueur Mathieu Bock-Côté a usé d’ironie pour tourner en dérision l’idée d’une multitude d’expressions de genre. « Je veux désormais être reconnu comme un elfe. Qui es-tu, ou qui êtes-vous, pour juger de mon ressenti en tant qu’elfe ou en tant que dauphin ou en tant qu’orque ou en tant que gobelin ? » Quelle audace ! Si MBC a l’esprit trop étroit pour comprendre cette réalité loin de la sienne et s’il n’a pas l’intelligence de rencontrer des personnes trans pour écouter leur vécu, il pourrait se retenir de faire des commentaires dégradants qui poussent de plus en plus de quidams à craindre les trans, à les diaboliser et à les chasser.

    MBC, Trump, Poilievre, la direction du Walmart de Lake City et les parents québécois des joueuses de soccer ne valent pas mieux que J.K. Rowling, cette autrice qui, après le succès de la série Harry Potter, a publié plusieurs romans policiers sous un nom d’emprunt masculin, Robert Galbraith, avant de s’attaquer aux personnes trans qui adoptent une identité de genre alignée avec leur vraie nature. Quand j’observe leurs agissements, je ne vois rien d’autre que de la peur, un manque de curiosité pour la différence, une paresse intellectuelle et la preuve de leur appartenance aux humains les moins développés de la société.

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