Samedi, 1 novembre 2025
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    Streets of Glória

    Avec Streets of Glória (Ruas da Glória, 2024), Felipe Sholl s’aventure dans les méandres de l’identité, du désir et de la perte, en suivant Gabriel, un jeune anthropologue gai qui, de l’observation, passe à l’immersion — parfois destructrice.

    Gabriel (Caio Macedo), issu d’une famille aisée du Nordeste brésilien, arrive à Rio de Janeiro après la mort de sa grand-mère. Refusant de ravaler sa peine sous une façade studieuse, il s’installe pour étudier les conditions de vie des travailleurs du sexe. Le cœur de son enquête le conduit au bar Glória, lieu à la fois de sociabilité queer et de marges, où il rencontre Mônica (Diva Menner) — la tenancière
    charismatique — et Adriano (Alejandro Claveaux), jeune escorte avec lequel naît une attirance brusque et magnétique.

    Le récit bascule quand Adriano disparaît mystérieusement. Gabriel, dévoré par l’obsession, se retrouve entraîné dans les ruelles de la nuit carioca et choisit un chemin radical : devenir lui-même escorte. Le film ne relâche pas son emprise : la quête de l’absent, la confusion entre objet d’étude et sujet incarné, la frontière poreuse entre curiosité, passion et autodérision.

    Ce qui frappe dans Streets of Glória, c’est la manière dont Sholl filme le désir comme un moteur tragique — un vertige d’âme plus qu’un jeu de séduction. Le désir ne ramène pas seulement à une autre personne, mais à soi-même, aux zones sombres qu’on refuse de nommer. Le film refuse les grands gestes : il préfère la trace, la respiration tendue, la violence douce qui survient dans l’émotion contenue.

    Le film n’est pas un simple thriller psychologique queer, le parle aussi de communauté, de solidarité, de corps partagés. Le Glória n’est pas qu’un décor : il est creuset, refuge et lieu d’échos. À travers les personnages secondaires — Mônica, Laila, Roger — s’esquisse un univers qui soutient Gabriel, même quand il glisse vers l’autodestruction. Felipe Sholl offre une géographie sensible de Rio, entre lumières crues et ombres urbaines, où les avenues deviennent voies intérieures. Streets of Glória s’impose comme une œuvre protéiforme : enquête, drame psychologique, récit d’émancipation tragique.

    Ce film nous rappelle que l’amour n’est souvent pas simple, et que l’obsession peut parfois précéder la compréhension. Sholl questionne ce que l’on est prêt à donner, à perdre, pour espérer trouver une vérité — ou en tuer une autre. Une œuvre qui dérange, qui retient, qui hante.

    INFOS : du 20 au 30 novembre
    Pour vous procurer des billets https://image-nation.org/festival-2025

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