C’est devant une situation montréalaise à l’état épidémique pour les infections transmissibles sexuellement (ITS) et endémique (épidémie persistante) pour le VIH que le Dr Réjean Thomas, président-fondateur et clinicien à la Clinique médicale l’Actuel, prie les autorités de santé publique d’investir davantage dans l’éducation et la prévention du VIH et des ITS auprès des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH), une population à très haut risque.
« Les données épidémiologiques indiquent toujours une augmentation des cas d’infection au VIH, particulièrement chez les HARSAH de même qu’une courbe croissante des ITS. Nous sommes vraiment préoccupés par la banalisation de l’infection par le VIH qui, rappelons-le, demeure une maladie grave et incurable en dépit des traitements antirétroviraux plus efficaces. Le VIH est une maladie évitable, nous devons faire plus et mieux » a déclaré le Dr Thomas.
« Nous sommes par ailleurs très étonnés de constater que, dans le cadre de la Journée mondiale du sida, le Ministère de la Santé et des Services sociaux a choisi de sensibiliser la population aux besoins des personnes qui s’injectent des drogues afin qu’elles soient mieux soutenues, un objectif très louable, mais pour une clientèle où l’incidence s’est stabilisée depuis 2005. Selon les plus récentes estimations, entre 500 et 1400 personnes s’infectent chaque année. Or, les HARSAH représentent la catégorie d’exposition la plus importante. L’épidémie au sein de cette communauté reste dans une large mesure occultée et la riposte de la santé publique insuffisante » a ajouté Dr Thomas. Dans ce groupe, le nombre de nouveaux diagnostics déclarés a augmenté de 32 % entre 2004 et 2006.
C’est dans un effort concerté que les professionnels de la Clinique ont ajouté du temps additionnel pour accroître l’accessibilité aux services de dépistage. Et une campagne de promotion du dépistage a été élaborée en ce sens. « Nous recevons de nombreux jeunes gais avec des diagnostics d’ITS et d’importants facteurs de risque. Ils sont peu informés des réalités du VIH et ont des besoins en ressources psychosociales qui malheureusement n’existent pas pour eux. Il faut améliorer l’accessibilité aux soins de santé physique et mentale pour cette communauté » a souligné le Dr Robert O’Brien, clinicien au sein du groupe.
« Pour moi, il est clair que la communauté gaie doit être mieux supportée pour contrer les effets pervers d’un plus grand sentiment de sécurité. Au-delà de l’importante question de santé publique, il s’agit d’un geste de solidarité sociale » a ajouté Dr Thomas.