Par la bouche du maire Tremblay, nous avons appris, lors du dernier conseil d’arrondissement de Ville-Marie, du 6 mars, que la portion interdite aux automobiles sur la rue Sainte-Catherine Est pourrait être réduite cet été, d’environ de moitié, au grand dam de la majorité des commerçants du Village gai à qui cette mesure de piétonnisation est profitable, mais également des milliers de citoyens et de touristes qui empruntent chaque jour cette artère pour s’y promener à pied et se prélasser sur les terrasses.
L’administration Tremblay propose de réduire la partie piétonnière de cette rue — qui s’étend de l’avenue Papineau à la rue Berri — en la rendant exclusive aux piétons qu’entre Papineau et la rue Amherst durant l’événement Aires libres de la mi-mai à la mi-septembre. «La préoccupation que nous avons n’est pas sur l’importance de la piétonnisation. (…) Le problème qu’on a, à court terme, en est un de sécurité», a indiqué le maire Tremblay. Pourtant, la vente de drogue à ciel ouvert et les problèmes d’incivilité ne sont pas de bonnes raisons pour «amputer» une partie de la piétonnisation de la rue Sainte-Catherine et rendre financièrement impossible la tenue d’Aires Libres. C’est dans le mandat du service de police d’atténuer ce genre d’insécurité là.
Les agressions, incivilités et la vente de drogues ne sévissent pas uniquement lors de la piétonnisation à ce que je sache. À part l’hiver, où les gens sortent moins, le printemps et l’automne sont aussi des périodes où on nous rapporte des cas d’agressions ou de bagarres entre revendeurs de drogues et le plus souvent aux mêmes endroits. En quoi la piétonnisation empêcherait-elle les services policiers de faire leur travail ? Depuis les trois dernières années, nous suivons de près la question des agressions et des cas d’incivilité envers divers usagers du Village. Régulièrement, on nous rapporte des cas où la réponse policière se fait attendre plus d’une heure, alors que le poste de quartier se trouve à moins de quatre rues… Quand on sait que traverser le Village au complet, à pied, prend moins de 15 minutes, on se dit que les services de police doivent manquer d’effectifs. Je ne vois vraiment pas ce que la circulation automobile sur Sainte-Catherine changerait à cela. De toute façon, même durant la piétonnisation, on a vu les autopatrouilles circuler lentement sur la portion piétonnière de l’artère…
Il est certain que la piétonnisation a braqué les projecteurs sur des problématiques préexistantes et sur lesquelles on avait tendance à fermer les yeux auparavant. Maintenant que l’actualité les expose à la vue de tous, les autorités cherchent un bouc émissaire, une manière simple de démontrer qu’ils ne sont pas inactifs. Pourtant, d’autres voies de solution sont possibles.
Comme l’opposition officielle de la Ville de Montréal l’a proposé, il faut augmenter la visibilité policière à pied ou en vélo, plutôt que d’empêcher la piétonnisation complète du tronçon. Augmenter non seulement les effectifs, mais les heures de présence est essentiel. Parmi les «conditions gagnantes» que met de l’avant l’opposition, on suggère également l’animation des places publiques avec «des activités quotidiennes de qualité et un calendrier d’événements» qui devrait se faire en collaboration avec la SDC et les promoteurs d’événements que sont le FIMA, Divers/Cité et Fierté Montréal, entre autres (mais pas uniquement). Comme des expositions au Parc Serge-Garant (le parc derrière la station de métro Beaudry), par exemple, une proposition d’un citoyen, Mario D’Astous, qui a reçu le soutien de l’arrondissement d’ailleurs. Il est clair qu’il faut repenser ces places publiques pour les rendre plus sécuritaires le soir, en particulier au niveau de l’éclairage.
À deux mois de l’ouverture des terrasses, le temps presse pour agir. Nul doute que l’arrondissement saura prendre la bonne décision.