Le Tremblay nouveau, aussi populaire que son homonyme vinicole, est arrivé et ce nouvel opus est axé sur le personnage de Ti-Lou, surnommée la Louve d’Ottawa.
Prostituée de luxe, elle est maintenant dans la cinquantaine et craint de voir son étoile pâlir : quand les appels de ses clients se tariront-ils? À partir de quel instant devra-t-elle augmenter l’éclairage rosé régnant dans sa suite afin d’atténuer son vieillissement?
Au même moment survient le décès de son médecin personnel. Elle constate qu’elle a également perdu son seul ami et elle ne veut pas se résoudre à finir son existence dans la solitude. Sans faire ni une ni deux, elle décide de tout quitter pour s’installer sur la rue St-Joseph à Montréal.
Sur cette prémisse, Michel Tremblay présente ensuite cinq destins qui peuvent attendre notre intrépide voyageuse. Certaines avenues se révèlent hasardeuses, pour ne pas dire tragiques, alors que d’autres s’avèrent lumineuses. Seul point commun de ces cinq chassés-croisés : la présence d’un maniaque au rasoir qui traque d’innocentes victimes dans les rues de ce Montréal de l’an de grâce 1925.
Le roman nous fait rencontrer une faune et des lieux fascinants : hôtel de luxe, cabaret de la rue St-Laurent, gigolo spécialisé dans une clientèle masculine (un personnage très attachant), l’épouse légitime, trompée et furibonde d’un sénateur et un policier. Ce n’est qu’à la toute fin que l’auteur nous révèle laquelle de ces avenues s’avère être empruntée par la sympathique Louve.
Comme à son habitude, la parution d’un nouveau Tremblay est synonyme d’une lecture en avalanche : le lecteur ne peut, en effet, s’empêcher de fondre sur celui-ci tant l’intrigue et les personnages fascinent et exigent d’étancher une curiosité qui le dispute à un plaisir sans pareil.
Au hasard la chance / Michel Tremblay. Montréal, Paris : Leméac, Actes Sud, 2012. 158 p.