Vendredi, 29 mars 2024
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    La routine!

    C’est inévitable, pas moyen d’y échapper, le temps des fêtes est de retour. Les décorations, la musique, les spectacles de Noël, Casse-Noisette, les partys de bureau et mon cabaret plein de monde saoul qui écoute pas la moitié du show. C’est la période de l’année que j’ai l’habitude de détester plus que tout, mais, étrangement, cette année ça ne me fait pas un pli sur les trompes de Fallope.

    Pourtant, j’aurais toutes les raisons du monde d’être démoralisée et d’avoir mon annuel blues de Noël. Le soleil se couche de plus en plus tôt, le froid s’impose peu à peu, la première neige est à nos portes, on a un nouveau maire qui ne m’inspire pas plus confiance que celui d’avant, la moitié de la planète est toujours en guerre, Stephen Harper est toujours en poste, Katy Perry a plus de fans Twitter que moi, la vente de popper est rendue illégale, Éric Salvail a eu son talk-show avant moi et Véro a remplacé la Vierge Marie dans les prières des p’tites madames du 450. Rien à faire, j’arrive pas à être déprimée. 

    Pourtant, Dieu sait que chu pas fan du temps des fêtes, d’échanges de cadeaux, que la musique de Noël qui retentit aux 4 coins de la ville m’horri-pile au plus haut point et dès que j’entends les premières notes de cette horreur de Minuit Chrétiens, le sang me fige dans les veines et la tête me fait trois spins comme la p’tite fille dans The Exorcist! 

    Cibole, avez-vous écouté comme il faut les paroles de cette chanson-là? « Peuple à genoux, attends ta délivrance… » On dirait un hymne de propagande d’un parti d’extrême droite russe! Moi quand j’me mets à genoux, la seule délivrance que j’attends c’est celle du gars qui est en face de moi! Non vraiment, je n’arrive pas à être down. Même si on vient de se doter d’une charte des valeurs de laïcité assez cahoteuse qui aurait tout avantage à être étudiée et discutée plus longuement pour éviter toutes interprétations personnelles qui pourraient avoir comme effet pervers d’ostraciser certaines communautés. 

    Je vous l’dis, même les histoires de crack de Rob Ford n’arrivent pas à me décourager. Et quand je pense à tous ces messages d’amour et de paix que les gens s’échangent sans vraiment y croire parce que c’est la bonne chose à faire dans le temps des fêtes, je devrais grimper dans les rideaux et hurler à tue-tête que de l’amour et de la paix c’est à longueur d’année qu’il faut s’en souhaiter. Mais non, je suis zen, je ne crie pas, je respire très bien par le nez. Même si c’est le temps de l’année où la routine s’installe, Dieu sait que j’haïs ça la routine, et que je devrais être en train de péter les plombs. Pas de soucis, comme disent les Français, je suis cool. 

    Les jours passent toujours plus lentement et se ressemblent tous, ou presque, ou pas pantoute. J’me lève, j’fais un p’tit pipi, j’nourris mes chats, j’me verse un verre de jus, j’prends mes courriels, je lis cyberpresse, je vais changer ma phrase de profil sur Facebook, je lis deux trois histoires débiles, je regarde un vidéo de chats, je passe un commentaire sur Twitter, je déjeune, je fais un mots-croisés, je prends ma douche, je joue avec mes chats, je saute sur mon vélo, je vais au Gym, au retour j’arrête saluer la gang de la fromagerie Atwater au Marché St-Jacques, j’achète une tonne de fromage, je mange un cannelé de Danielle, je ramasse un onglet à la boucherie S.G., je ressaute sur mon vélo, je fais un arrêt à la Grande Bibliothèque pour retourner mes livres, je traine un gros vingt minutes, je repars avec une autre pile de livres, je vais attendre dix minutes en ligne chez IGA pour un paquet de champignons en vente à 99cents et un pot d’Häagen Dazs, je traverse à la SAQ en face pour m’acheter une bouteille de Château Mont-Perrat recommandée par le manga « Les gouttes de Dieu » que je lis assidument depuis le premier tome, j’enfourche à nouveau mon vélo, je fais un coucou en chemin à ma sœur au Fétiche Armada pour lui rappeler qu’on se retrouve après sa job au café Pourquoi Pas ou au Farine et d’Eau Fraîche, je passe devant la vitrine du Priape toute en beauté pour le temps des fêtes, contente que la fermeture fut de courte durée, je croise un des deux p’tits gars qui quêtent sur Ste-Catherine avec leurs chats, j’arrête deux secondes, je dépose une belle piastre toute neuve sur sa couverte en polar et j’en profite pour flatter sa p’tite chatte blanche, je repars en direction du métro Papineau pour faire le plein de fruits et légumes au comptoir d’Amine en face du métro et lui dire que la boite de tomates qu’il m’a vendue cet automne a donné la meilleure sauce tomates de ma jeune carrière d’apprentie Josée Distasio, zut son kiosque est fermé, je devrai attendre qu’il ouvre sa fruiterie à côté de la pharmacie cet hiver, je reprends mon souffle et je repars. Tourne à droite, tourne encore à droite, prends la rue Ste-Rose, la plus belle rue du Village ( mis à part la ruelle Lartigue ), j’arrête cinq minutes pour réserver au Mezcla et dire « holà » à Gerardo, le sexy chico latino propriétaire de ce merveilleux restaurant, retourne à gauche, continue tout droit, tourne à gauche, tourne à droite et tourne encore à droite ( vous n’arriverez jamais à savoir où j’habite ) et me voilà chez moi où je profiterai des quelques heures qu’il me reste avant de partir travailler pour lire une BD, jouer 5 vies de Candy Crush (oui j’suis encore accro), répondre à mes emails et mes messages Facebook, me faire un p’tit souper léger question de pas m’endormir à la job, regarder un ou deux épisodes de Dexter (merci Netflix), nourrir mon gros Gonzo, jouer avec Suzon et raser ma moustache d’Italienne avant de prendre la direction du cabaret. Ouf, toute une journée! 

    Pis ça c’est juste ma routine du mardi. Le mercredi le Gym est remplacé, soit par le cinéma et/ou un souper au resto avec un ami suivi d’un arrêt au cabaret pour apprécier le talent de la relève des drags queens et rire des looks de Marla pendant la soirée Drag Moi. 

    Le jeudi ressemble généralement au mardi avec la job en moins et un souper et/ou une soirée au théâtre en plus avec ma chum Marielle. 

    Le vendredi, une fois par mois, j’essaie de finir l’article en retard que j’aurais dû remettre à Fugues le mardi d’avant, sinon, je retourne trainer du côté de la bibliothèque où je vais me perdre dans les allées d’un Canadian Tire ou d’un Winners. 

    Le samedi, je vais renouveler mon stock de make up chez MAC, ( on a jamais trop de rouges à lèvres, ni d’ombres à paupières ), ensuite j’arrête me réchauffer aux Deux Marie où je sirote un rooibos servi par Caro la serveuse la plus hot de la rue St-Denis et je termine chez mon designer, Daniel Serrurier, pour mon essayage de costume bimensuel. Quand le temps le permet, je fais un détour par la rue Rachel avant de rentrer à la maison, pour dévaliser l’épicerie « La maison des pâtes fraîches » et pratiquer mon italien avec la charmante Francesca. 

    Le dimanche je poireaute plus longtemps en pyjama, je fais les Mots Croisés de La Presse+ avant mon meeting de 15h avec ma gang de drags queens du mardi, je me garroche ensuite chez Métro avant le line up de 17h pour acheter le stock qui composera le menu du souper hebdomadaire que j’offre soit à Mme Pic Pic et/ou Biz et ma sœur Nicole qui ne manquera pas de nous faire découvrir de nouveaux vins extraordinaires qui nous enchanteront tous plus les uns que les autres. Je fais ensuite un p’tit saut au cabaret avec les copains pour constater que Dream et Célinda sont toujours aussi drôles et je repars la tête tranquille un peu pompette finir la soirée au Stud où je terminerai fort probablement assise sur le bar à 3h du matin à essayer de frencher tout ce qui tient encore debout sur 2 pattes. 

    Le lundi c’est la journée du hangover, de la tête dans l’cul et de la plotte à terre donc je fais généralement la vache sur mon divan ou je vais me faire masser question d’éliminer les toxines de ma nuit de débauche de la veille. Pas facile la vie de star. Comme vous voyez, chaque journée a sa routine bien à elle qui défile sensiblement de la même manière de semaine en semaine. 

    Sept routines par semaine c’est la façon la plus saine de ne jamais s’ennuyer et de diversifier ses activités sans jamais avoir l’impression de répéter la même chose. Ainsi j’ai jamais le temps d’avoir le moral à terre et j’me retrouverai pas à ma retraite à chialer que j’ai rien fait de ma vie. Pas folle la catin !

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