Jeudi, 18 avril 2024
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    Expo Fugues se souvient : 30 ans d’homosexualité au Québec

    Comme vous le savez sans doute, la revue que vous tenez entre vos mains célèbre ses 30 ans en 2014! Une période qui représente des changements énormes pour les droits de la communauté LGBT et une évolution des mentalités. Évidemment, cela ne s’est pas fait tout seul, il y a eu des batailles, des gens qui ont lutté pour tout ce que la génération actuelle tient pour acquis. En 30 ans, le magazine en a rapporté des nouvelles, en a fait des entrevues, en a signalé des incidents, des crimes homophobes, les descentes policières, sans oublier tout ce qui tourne autour du VIH/sida. Tout comme il a éveillé les consciences et a aussi encouragé les gens à participer aux événements de nature festive ou militante ! Les avancées sociales, légales, culturelles, etc., c’est de tout cela qu’il s’agit dans cette exposition présentée, du 19 juin au 31 août 2014, par l’équipe de Fugues en collaboration avec celle de l’Écomusée du fier monde. En plus de l’expo, des rencontres-causerie viendront agrémenter le tout et informer encore plus le public.

    Textes, photos, publicités, œuvres d’art, artéfacts, etc., c’est ce qu’on pourra découvrir dans cette exposition qui couvre, en fait, plus que les trente dernières années puisqu’elle débute avec le «Bill omnibus» de 1969 et qui décriminalisait l’homosexualité et indiquait que l’État n’avait plus rien à faire dans la chambre à coucher et, en quelque sorte…

    «Le contenu est là, il est énorme. Nous avions une vaste quantité d’articles qui couvrent les 30 ans dernières années… Il fallait donc choisir et sélectionner ce qui est important, symbolique de la période et représentatif des événements concernant les minorités sexuelles au Québec. Sans oublier les personnalités qui ont marqué nos communautés», indique le journaliste Denis-Daniel Boullé qui a œuvré sur la préparation de cette exposition à caractère historique aux côtés du directeur des publications des Éditions Nitram (Fugues, Décorhomme et Guide arc-en-ciel), Yves Lafontaine. En fait, l’idée originale de l’exposition a germé dans la tête de Robert Bourdon-Cloutier, conseiller publicitaire et coordonnateur de l’exposition.

    «J’ai 32 ans et en travaillant chez Fugues, j’ai pris conscience qu’on est passé de criminels et de malades mentaux à une communauté qui est à l’avant-garde de bien des mouvements, et qui est économiquement, socialement et culturellement valorisée au Québec. C’est extraordinaire que cela se soit déroulé en l’espace de 30 ans !», souligne Robert Bourdon-Cloutier.  

    Le parcours, proposant une dizaine de stations, débute avec les thématiques de la clandestinité et de la répression sociale, rappelant l’importance des chartes des droits et libertés québécoise et canadienne dans les changements légaux qui ont suivis. On poursuit la visite par l’apparition du VIH-sida dans «nos vies», le militantisme et le soutien communautaires, avant d’arriver à l’économie rose. Puis, on aborde la question de l’identité difficile à définir, la richesse de la présence lesbienne et des T dans LGBT. Les grands événements ainsi que la naissance et l’évolution du Village gai de Montréal, sont deux arrêts obligatoires. On terminera le tour de l’exposition par les couples de même sexe, l’homoparentalité, la sortie du placard (coming out) et la vie publique. 

    À l’arrière, une salle, que l’équipe a surnommée la backroom, propose un parcours des lieux de rencontre associés à la sexualité vue sous différents angles. Y sont exposés une dizaines d’œuvres — parfois assez explicites — d’artistes reconnus, dont Yvon Goulet, Peter Flinsh, Zïlon, Carlos Quiroz, Jean Chainey, Tom of Finland, Alan B. Stone, Jacques Clément, Kat Corik, DesRues, Mathieu Laca et Marc-André Hamel. 

    «Cet espace tourne autour des codes utilisés par les gais pour se rencontrer, poursuit Denis-Daniel Boullé. Mais, la sexualité est aussi une question politique puisque toute la répression s’est organisée autour du sexe, des relations sexuelles entre hommes. Donc, cet espace est  ludique — et il y aura des surprises — mais pas uniquement. C’est aussi une manière de démontrer qu’à travers le sexe, on a revendiqué nos droits.» 

    L’exposition Fugues se souvient se veut donc informative sans être ennuyante pour le public. Avec l’apport de divers visuels, dont l’intégralité des couvertures du magazine depuis ses débuts, quelqu’un qui connaît peu la réalité des minorités sexuelles en apprendra beaucoup. Et ceux qui ont vécu les événements marquants se les remémoreront dans un contexte plus large, avec la vision historique des changements sociaux.

    Dans la section qui aborde le côté festif de la communauté, on souligne l’apport des drag queens et l’on fait un retour sur les grands événements, comme les premiers OutGames mondiaux de 2006, Divers/Cité, Fierté Montréal, le Festival Black & Blue, le festival Image+nation, le FIMA, Aires Libres, etc. Des organisations qui ont façonné et favorisé le développement Village par l’apport touristique qu’elles ont généré. 

    À travers l’exposition, on retrouve pas mal d’exemples positifs pour les jeunes LGBT — des personnalités tant artistiques, politiques que sportives ou du milieu des affaires d’effectuer. Des hommes et des femmes qui ont fait leur sortie du placard. «L’expo, c’est un peu le passage de l’ombre à la lumière en quelque sorte. Un passage qui va du Bill omnibus à une intégration de plus en plus grande à la société québécoise, depuis la reconnaissance du mariage gai au Canada. Ce n’est pas pour rien que la section sur le coming out ferme la boucle. On vivait notre vie sexuelle dans clandestinité et maintenant on peut plus facilement dire qu’on est gai ou lesbienne, même s’il reste encore pas mal de travail à faire», confie Robert Bourdon-Cloutier.  

    «Ce qui est important pour moi, avec les 30 ans de Fugues, c’est de montrer la diversité, la richesse de toute une communauté à travers le rôle essentiel que le magazine a joué à travers le temps, par exemple dans son appui aux nombreuses initiatives de la communauté, dont les campagnes de prévention du VIH», commente M. Boullé.

    Présentée grâce au soutien financier du Groupe Banque TD, cette exposition n’aurait pu se faire sans l’aide et la coopération des membres de l’Écomusée et, en particulier, de son directeur René Binette. «L’engagement de René envers le projet est fantastique, il y a une réelle collaboration et son regard extérieur a été très, très important pour toute la mise en place de l’exposition», souligne Yves Lafontaine.

    «Il nous a fait profiter de sa grande expérience en muséologie  et fut un agent extérieur essentiel avec sa vision. Il nous a aidé à équilibrer le contenu et à rendre les textes plus accessibles au public, poursuit Robert Bourdon-Cloutier. Il nous a aidé à faire des choix stratégiques et à prendre du recul.» Avec un regard doux, bienveillant, une voix calme et posée, René Binette a orienté les nombreuses expositions de l’Écomusée du fier monde allant de sujets à caractère sociopolitiques, ouvriers et syndicaux, à la culture et l’histoire du quartier dans lequel cette institution est solidement ancrée.    

    Soulignons que cette exposition aurait été impossible n’eut été le travail inestimable de deux stagiaires, Gabriel Dallaire et Sophie Bernier-Blanchette, qui ont passé au-delà de 300 heures sur ce projet depuis six mois. Un lecteur, Martin Dozois, y a également contribué, parcourant les archives de Fugues, en y travaillant plus d’une centaine d’heures bénévolement. Ce n’est pas rien et l’équipe du magazine tient à les en remercier du fond du cœur. 

    «La bataille de l’égalité s’est faite autant avec des coups d’éclats, les tribunaux qu’avec des paillettes, des talons hauts. C’est ça qui est intéressant parce qu’on a créé des événements fort sympathiques qui ont attiré l’appui du public envers nos revendications. C’est aussi ce que veut montrer cette exposition. Et j’espère que les gens l’apprécieront», lance Denis-Daniel Boullé en terminant…  

    FUGUES SE SOUVIENT, du 19 juin au 31 août 2014 (du mercredi au dimanche)à l’Écomusée du fier monde, 2050, rue Amherst, Montréal.

    T. 514-528-8444 ou www.ecomusee.qc.ca

    FUGUES SE SOUVIENT

    Rencontres causeries

    Comme vous venez de le lire à propos de l’exposition Fugues se souvient : 30 ans d’homosexualité au Québec, pour accompagner cette exposition et informer le public, il y aura une série de rencontres causeries aux thématiques diversifiées tout au long de l’été. Des responsables du milieu associatif viendront discuter des nombreux enjeux concernant la communauté LGBT. Ces rencontres se dérouleront à l’Écomusée du fier monde, à 18h.

    1. La santé gaie / Mercredi 16 juilletJonathan Dubé : Membre du conseil d’administration et intervenant sur la ligne de Gai Écoute; Robert Rousseau : Directeur général de RÉZO; Benoit Turcotte : Assistant de recherche projet SPOT et étudiant au baccalauréat en sexologie à l’Université du Québec à Montréal; Daniel Vaudrin : Président de GLISA International 

    2. L’importance du tissus social / Mercredi le 30 juilletRémy Attig : Co-coordinateur de Projet 10Patricia Jean : Directrice générale d’Arc-en-ciel d’Afrique; Éric Pineault : Président de Fierté Montréal 

    3. Identité (s) LGBT / Mercredi le 13 août

    4. L’avenir du Village / Mercredi le 27 août

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