Lundi, 7 octobre 2024
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    La vraie nature de Bernadette… et de Ginette

    Les personnages gais et lesbiens sont devenus des incontournables dans presque toutes les fictions québécoises. Les marques d’affection, les baisers et les moments d’intimité qu’ils partagent font sourciller de moins en moins de téléspectateurs. Mais un élément rare s’est immiscé dans notre paysage télévisuel au cours des derniers mois : une histoire d’amour entre deux femmes hétérosexuelles, Ginette et Bernadette, campées par Linda Sorgini et Monique Spaziani dans Au Secours de Béatrice.

    L’autrice Francine Tougas

    Lorsque Francine Tougas a débuté l’écriture du téléroman, suivi par près de 1,2 million de personnes, rien n’annonçait que les deux personnages se rapprocheraient ainsi. Ginette (alias «Gin», alias «Ma Grosse») était simplement la tante de Béatrice qui accumulait les amours malheureuses avec des hommes mariés, alors que Bernadette était la codirectrice de l’urgence, qui avait bien connu le père de Béa. Les deux femmes se sont retrouvées lorsque Gin est allée à l’hôpital pour voir sa nièce. «Quand elle a croisé Bernadette, Gin a réalisé que celle-ci se rappelait d’Édith, sa sœur et la mère de Béa, et cela la touchée. Ensuite, Bernadette l’a aidée à obtenir un poste en gériatrie. Et quand elles se sont revues, Gin a mis ses mains de chaque côté du visage de Bernadette, pour lui exprimer sa reconnaissance. Les deux ont été frappées par la flèche de cupidon.»

    Peu à peu, elles se sont revues, ont développé une complicité, réalisé que des sentiments naissaient, tenté de les comprendre et de les repousser, avant de se laisser gagner par un début de relation. Une évolution naturelle entre deux humains qui tombent l’un pour l’autre, et non deux femmes qui deviennent lesbiennes, comme le précise la scénariste. « Pour moi, ce n’est pas un changement d’orientation sexuelle. Gin est en amour avec Bernadette et ça adonne que c’est une femme. Je connais plusieurs femmes qui, après un certain âge, ont développé des relations amoureuses avec des femmes. »

    Des femmes qui s’embrassent à l’écran, sans toutefois voir leurs ébats sexuels captés par la caméra. «Même avec nos personnages hétérosexuels, on ne va pas là. Béatrice et Olivier-Luc, on les retrouve après le sexe, et non pendant. On n’y va donc pas non plus avec Ginette et Bernadette. Mais on a décidé de montrer leurs gestes d’affection. Ce sont deux femmes majeures et vaccinées qui vivent une histoire d’amour. C’est normal de montrer ça. Mais j’admets qu’on n’aurait jamais vu ça à la télévision, il y a 10 ans.»

    Francine Tougas constate avec plaisir que la société évolue, comme en font foi les téléspectateurs qui commentent les intrigues sur la page Facebook de l’émission, aimée par près de 44 000 personnes. «Les gens ont réagi plus en voyant que Béatrice était un médecin qui fume, mais l’histoire de Gin et Bernadette n’a pas soulevé de tollé. Outre une téléspectatrice qui s’identifie énormément à Bernadette et qui espère fort que les deux femmes forment un couple, les autres aiment l’intrigue. C’est presque banal pour eux. Plusieurs affirment que cette histoire est menée délicatement, sans vulgarité. Il y a sûrement quelques personnes, peut-être plus âgées, que ça titille, mais il n’y a pas grand monde qui accroche là-dessus. Mon but n’était pas nécessairement de faire œuvre utile en créant cette intrigue, mais j’aime croire qu’un autre tabou est tombé.»

    Au Secours de Béatrice

    Le public n’a pourtant pas fini de découvrir de nouvelles facettes des deux femmes. «Je ne crois pas dévoiler un gros punch en disant que… ce n’était pas la première aventure de Bernadette avec une femme. Même si Gin demeure une hétéro, peut-être que Bernadette est une vraie lesbienne et qu’elle a choisi de rester dans le placard en formant un couple avec Bernard.» Gin, que l’on sait épuisée par ses déceptions amoureuses, réagira durement à cette nouvelle. «Elle ne sera pas contente, car elle pensait que Bernadette vivait ses premières expériences avec une femme, elle aussi. Bernadette va tenter de la rassurer en lui disant qu’elle n’était pas amoureuse des autres…»

    De son côté, Bernard aura une réaction en deux temps lorsqu’il découvrira ce qui se passe avec sa femme. « Au début, il va être choqué. Mais ça ne me tentait pas d’avoir un mélodrame avec un mari jaloux. Il va leur proposer quelque chose d’inhabituel. Je trouve qu’il y a une espèce de maturité entre ces trois personnages. Ils vont tenter de prendre le meilleur de chacun et de laisser faire le reste. »

    AU SECOURS DE BÉATRICE, les mercredis à 20h, sur TVA.
    www.qub.ca

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