La réputation de Jean-Paul Tapie au regard des fresques historiques n’est plus à faire. Que ce soit dans la tétralogie Dolko (la Rome antique) ou dans la trilogie Amaury – Bertrand – Tobias (les Croisées) : on ne peut qu’être impressionné par la rigueur dont il fait preuve. Il lui serait facile de tomber dans le piège d’une reconstitution à tout crin qui prend le pas sur l’émotion.
C’est cependant avec un talent assuré qu’il navigue entre ces écueils et met en place des personnages à la fois riches et complexes aux prises avec des événements qui les dépassent et au sein desquels ils amorcent la découverte d’une passion intérieure qui les attise.
C’est au cœur de la Révolution française que l’on fait connaissance avec le jeune et séduisant Nicolas. À peine âgé de 15 ans, il semble être né sous une belle étoile puisqu’il est le plus jeune fils du baron de Beaulieu-Mareuil. Nous sommes cependant en 1794, époque placée sous le signe de la Terreur, soit les exécutions de masse au cœur de procès tyranniques et arbitraires.
Afin de sauver sa peau, il quitte sa famille et se réfugie dans un pensionnat où il est initié au plaisir du corps masculin en procédant aux ablutions d’un condisciple massif : La Vibraye, doté d’un organe tout aussi impressionnant surnommé la Conquérante.
La trêve est cependant bien courte puisqu’il doit fuir à nouveau, échappe de justesse à l’échafaud et se retrouve au sein d’une bande de voleurs à l’intérieur de laquelle ses yeux se portent immédiatement sur le séduisant Lilian bien que le regard de ce dernier semble plutôt s’orienter vers la gent féminine.
C’est cependant à son contact que se cristallise une compréhension sur la nature et l’intensité du regard qu’il porte sur les hommes et que surgissent de nombreuses questions. Déjà frappé du stigmate lié à son sang bleu : est-il prêt à embrasser celui inhérent aux amours masculines?
Lillian ne saura-t-il jamais partager ce même sentiment? Et saura-t-il à nouveau connaître la paix et le bonheur qui lui échappent depuis les débuts du soulèvement populaire à l’encontre de la monarchie?
Un récit haletant, relaté avec verve et passion, qui nous transporte au cœur d’une époque déchirée entre ses idéaux de justice et de liberté et l’apogée d’une violence aveugle mâtinée de massacres sans fin.
L’auteur nous offre ainsi la possibilité de pénétrer au cœur d’une période complexe de l’histoire de France sans jamais cependant se départir de l’humanité portée par la chaleur d’une peau ou les battements d’un cœur.
Vivement la suite!
L’ombre de la Terreur (Les bâtards de l’empire, vol. 1) / Jean-Paul Tapie. Saint-Martin-de-Londres : H&O, 2015. 270p.