Anna, notre héroïne, est une femme de 27 ans qui mène une vie relativement rangée malgré un célibat qui se prolonge trop à son goût, des relations moroses avec ses parents et des échecs répétés dans sa quête de la maternité via l’insémination artificielle.
Harassée que rien ne fonctionne selon ses plans, elle décide qu’elle en a assez de se faire tripoter par des médecins et s’oriente vers l’adoption d’un enfant traumatisé issu d’une famille marquée par la violence, physique ou psychologique.
Ces enfants ont besoin d’une mère et elle se sent d’attaque à être ce roc pour l’un de ces derniers. Évidemment, rien ne se déroule comme on l’avait planifié et elle fait la découverte de la jeune et insouciante Michaëlle.
Difficile de déterminer la nature ou même la constance des intentions de celle-ci à l’égard d’Anna. S’introduit donc ainsi une nouvelle variable qui bouleverse tout!
Emmanuelle Cornu fait montre d’une écriture très particulière, presque décousue, qui nous fait pénétrer de plain-pied dans la psyché d’Anna et confronte ainsi le lecteur avec l’enchevêtrement de ses pensées : désirs, craintes, douleurs et fabulations de toutes sortes auxquels on s’abandonne.
Cette technique nécessite un ajustement chez le lecteur, mais permet cependant de partager la richesse et les contradictions de ce personnage qui en veut tant, mais appréhende d’autant que ses prières se réalisent. Est-elle faite pour le bonheur ou en est-elle effrayée?
Un premier roman qui révèle la richesse d’un imaginaire tout en dégradés. Anna nous passionne et nous agace à la fois, comme le font souvent certains de nos proches et on ne peut résister au désir d’en savoir plus à son sujet, de la suivre jusqu’au bout de son périple.
Anna, salle d’entente / Emmanuelle Cornu. Montréal : Druide, 2016. 189 p.