« Je suce des queues / ça pourrait être mon métier / mais à la place j’étudie à l’Université de Sherbrooke / ça parait mieux sur un cv / que de futurs employés vont probablement / crisser aux vidanges / après l’avoir reçu ».
C’est par cette phrase coup de poing que s’ouvre le récit poétique de Nicholas Giguère. Une expérience et une lecture, à la fois désarçonnante et fascinante, auquel nous convie ce dernier par l’intermédiaire d’un narrateur qui jette un regard lucide sur les conventions, les préjugés et les clichés qui l’entourent.
L’écriture est imprégnée d’une agressivité à fleur de peau qui, curieusement, indispose moins qu’elle ne fascine puisqu’elle permet d’exposer brutalement et sans fanfreluche une réalité crue et sans appel.
Il faut souligner non seulement la qualité et la maîtrise dont Nicholas Giguère fait montre dans son écriture, mais également, et c’est relativement inhabituel, dans la cartographie des mots et des phrases ainsi étalées sur chaque page.
Le choix de leur emplacement ou regroupement leur confère souvent une tout autre portée : un mot seul et isolé sur une page distille, en effet, un poids et une signification bien différente et autrement plus percutante.
Cette technique permet une lecture double et déchirée entre ce qui se dit formellement et la topographie de ce même discours, permettant ainsi une compréhension plus fine du personnage et de ce qui l’habite.
Une œuvre à la fois bouleversante et percutante!
Queues / Nicholas Giguère. Québec : Hamac, 2017. 105p.