Auteure de Le bleu est une couleur chaude, adapté au cinéma sous le titre La vie d’Adèle, la bédéiste française Julie Maroh situe cette fois-ci l’action de ce nouvel opus au cœur d’un Montréal où s’amorce l’effervescence des déménagements du 1er juillet.
Elle y prend le parti de se distancer des lieux communs et des sempiternels clichés propres aux histoires d’amour pour plutôt plonger dans des destins à la fois différents et semblables.
C’est ainsi que s’enchaînent de courts récits, qui s’entrecroisent parfois, entre personnages gais, lesbiennes, transgenres, bisexuels, malentendants, d’ethnies diverses, membres de ménages à trois ou physiquement mal en point.
L’amour donc sous différentes formes et de multiples oripeaux dans les vingt et un récits qui composent la bande dessinée et qui en illustrent les différentes phases, du premier flirt jusqu’à la rupture amère en passant, bien évidemment, par la passion la plus féroce ou la plus romantique.
Il semble évident que Julie Maroh a séjourné en terre québécoise puisqu’elle maîtrise sur le bout des doigts la succession des saisons, les lieux connus et ordinaires, ainsi que certaines particularités architecturales de la ville (le Mont-Royal, les escaliers extérieurs, etc.).
Elle a par ailleurs tenté de bien rendre la richesse du joual qui s’intègre généralement avec élégance au cœur des différents récits, bien qu’il me soit parfois arrivé de sourciller devant l’orthographe ou la signification donnée à certains termes.
L’ensemble n’en constitue pas moins une magnifique ode à l’amour de même qu’à Montréal, sa chaleur, sa froidure, son architecture et la multiplicité ainsi que la beauté de sa faune humaine, à la fois bigarrée et attachante!
Corps sonores / Julie Maroh. Paris : Glénat, 2017. 300p.