Histoire d’un amour impossible et, comme son titre l’indique, dès le départ promis à un funeste destin. Christina est une jeune fille de bonne famille, issue de la petite bourgeoisie, qui tombe follement en amour avec Marie-Ange, une cuisinière haïtienne ayant deux fois son âge et qui travaille pour plusieurs familles où la division des classes sociales se doit d’être respectée.
Cet amour est partagé et Christina entend bien abattre les obstacles qui s’y opposeraient, mais se trouve étrangement prise au dépourvu lorsque les réactions sont tout sauf cataclysmiques, ce qui donne d’ailleurs droit à certaines répliques savoureuses.
À titre d’exemple, après sa sortie du placard, son père lui déclare : « Oui, je le savais, ma chérie, que tu étais gaie. Je me disais juste que tu étais trop conne pour être heureuse ».
Au-delà du simple fossé des générations, Marie-Ange a également un fils adulte, souffrant de déficience intellectuelle, qui ne cadre pas vraiment avec la vision que se fait Christina d’une relation passionnelle classique.
Au fil des pages, le lecteur assiste ainsi à une désagrégation progressive de ce qui aurait pu être, mais qui finalement ne sera pas. La trame narrative est assez prometteuse et certains des échanges se révèlent plutôt truculents, comme évoqués un peu plus haut.
Malheureusement, certaines des constructions donnent l’impression de ne pas être achevées, ce qui entraîne parfois une sortie du récit afin d’analyser la portion qui semble incongrue et fait ainsi perdre le fil narratif.
Auteure de Les mouches pauvres d’Ésope, Émilie Andrewes nous offre ici son cinquième roman.
La séparation des corps / Émilie Andrewes. Montréal : Druide, 2017. 143p.