La démolition du Complexe Bourbon, qui abritait jadis le restaurant Club Sandwich et une multitude de bars, dont le mythique La Track, a débuté début février et se poursuit chaque jour quand la météo le permet. Construit au début des années 1990, et laissé à l’abandon depuis 2014, le complexe Bourbon devrait laisser place à un nouvel édifice de plusieurs étages signé par l’architecte Christian Thiffault.
Pour aller de l’avant, le projet Le Bourbon nécessite des modifications au plan d’urbanisme, faisant passer la hauteur de construction permise de 16 à 35 mètres, ce qui augmenterait la densité du site. La demande de permis de construction est à l’étude.
Notons que si la plupart des bâtiments du secteur ont pour la plupart deux ou trois étages, quelques édifices à proximité — dont celui de TVA, l’édifice résidentiel ou l’on trouve le sauna Oasis au rez-de-chaussée, ainsi que la tour résidence pour anciens combattants sur Plessis, entre Sainte-Catherine et De Maisonneuve), ont des hauteurs semblables ou supérieures à la hauteur demandée dans la dérogation.
Si la demande de permis et acceptée, le bâtiment cédera sa place à un édifice d’au maximum 35 mètres de haut, avec plus de 80 appartements locatifs. On y l’on trouverait des commerces au rez-de-chaussée, des espaces à bureau au 2e étage et plus de 70 espaces de stationnement sont prévus au sous-sol.
Rappelons que le Complexe Bourbon a eu une importance dans l’histoire du Village et est associé à l’époque des complexes qui ont vu le jour dans les années 1990. Malheureusement, l’édifice était maintenant délabré. Quand il a été acquis par le propriétaire, il était déjà assez vétuste. Sur le plan de la construction, ç’a été fait de façon, disons, artisanale.»
Depuis la mort, en 2008, de Normand Chamberland, l’homme qui avait bâti ce complexe dans les années 90, le chiffre d’affaires du Complexe Bourbon avait lentement périclité et la fermeture du bar Tools (dans ce qui avait été auparavant le populaire bar La Track), avait rendu le modèle économique de moins en moins rentable pour les propriétaires de la bâtisse. Avec la fermeture du Complexe Bourbon en 2014 (moins d’un an après celle du Drugstore en 2013), c’est une autre page d’histoire qui se tournait dans le Village, celle de l’ère des méga-complexes qui avait été l’héritage immobilier de Normand Chamberland qui s’était inspiré de ses voyages à Las Vegas pour donner à ses édifices clinquant et thématiques.
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Le Complexe Bourbon forcé de fermer ses portes
Publié le 23 avril 2014 — La rumeur courrait depuis déjà plusieurs mois que le Complexe Bourbon, dont la bâtisse est en vente depuis plus quelques années, allait fermer. Des problèmes financiers de certains locataires et des risques reliés à la structure d’une partie du complexe seraient à l’origine de cette fermeture qui est arrivée subitement.
L’époque où le Club Sandwich était l’un des restaurants les plus achalandés du Village et l’Hôtel Bourbon une auberge branchée était révolue. Le Club Sandwich avait encore une clientèle d’habitués, mais plus de l’ampleur du passé. Depuis l’an dernier, l’hôtel tentait de se relancer sous une nouvelle administration, mais sans investissement majeur. On avait tenté l’ouverture du Cabaret dans l’espace qui a déjà accueilli le Tools et La Track, mais le nouveau bar à spectacles n’est resté ouvert que quelques semaines.
Café Européen Club Sandwich
Une franchise de la chaîne Milsa avait ouvert ses portes il y a près de deux ans dans les anciens locaux du Café Européen et du restaurant La Grappa, et a connu un certain succès, mais dans un local un peu trop grand sur deux étages. On venait de remédier au problème, en divisant l’espace et en ouvrant un resto de pâtes et de pizza, le Resto-Média Pizza, dont Fugues avait parlé dans son édition d’avril 2014. Lors d’une visite de routine, des inspecteurs de la Régie du bâtiment ont toutefois constaté que l’épaisseur des planchers n’était pas réglementaire «de plusieurs pouces», selon une source. Et les deux restaurants ont dû fermer leurs portes au début avril.
Le Club Sandwich, dernier commerce encore ouvert de l’ensemble du complexe a été forcé de fermer ses portes le week-end dernier, suite au débranchement de l’électricité par Hydro Québec. À la société d’état, on n’a pas voulu indiquer qui, du propriétaire de la bâtisse ou celui d’un des commerces, n’avait pas payé ses factures.
Déjà, à l’automne 2013, la cour supérieur du Québec avait été saisie de trois recours judiciaires concernant des dettes encourues par certains propriétaires des différents commerces, le propriétaire de l’édifice et le Gouvernement fédéral. La cour avait recommandé la vente encadrée de l’édifice, mais on ignore si l’édifice a effectivement été vendu depuis.
Depuis la mort, en 2008, de Normand Chamberland, l’homme qui avait bâti ce complexe, le chiffre d’affaires du Complexe Bourbon avait lentement périclité et la fermeture du bar Tools (dans ce qui avait été auparavant le populaire bar La Track), avait rendu le modèle économique de moins en moins rentable pour les propriétaires de la bâtisse.
Avec la fermeture du Complexe Bourbon et après celle du Drugstore, en octobre dernier, c’est une autre page d’histoire qui se tourne dans le Village, celle de l’ère des méga complexes qui avait été l’héritage immobilier de Normand Chamberland qui s’était inspiré de ses voyages à Las Vegas pour donner à ses édifices clinquant et thématiques.
Visionnaire, Chamberland (1947-2008) est le premier à avoir pensé à la création de «complexes» dans le Village gai. Après avoir quitté la police de Montréal, dans les années 1980, Normand Chamberland commence par l’achat de la Taverne du Village qui fut par la suite intégrée au Drugstore. En parallèle, il ouvre, non loin de la rue Champlain, le célèbre bar La Track (1986 à 1995). Il acquiert quelques édifices et le terrain près de La Track et y inaugure l’Hôtel Bourbon, en 1990 et le Club Sandwich, un resto 24h, en 1991. Bientôt, Normand Chamberland possède tous les édifices situés entre Alexandre-de-Sève et Champlain sur Sainte-Catherine. Successivement, en 1997 et 2003, des incendies forceront des rénovations et des transformations du Complexe, partiellement rénové en 2003. Sentant le changement social et l’ouverture plus grande envers l’homosexualité, il avait même fait construire une «chapelle» au 3e étage pour y célébrer des mariages. Il avait dû démolir cette chapelle pour non-respect des normes de la construction…
Sur le site de SOTHEBY’S, on peut voir que le Complexe Bourbon est en vente et qu’on demande 8,5 millions de dollars pour l’acquérir.