Personnage hors du commun que celui de Violette Morris dont le biographe Gérard de Cortanze nous présente ici une biographie romancée.
Née en 1893 et fille d’un baron, dès l’âge de 10 ans, elle est reléguée dans un couvent où elle se morfond rapidement. Elle y découvre cependant l’étreinte d’une copine de classe et surtout, c’est dans ce cadre que fleurit sa passion pour le sport.
Elle excelle dans de nombreuses disciplines: lancer du poids et du disque, foot (soccer), cyclisme, haltérophilie et boxe. Elle s’illustrera même dans la course automobile, le motocyclisme, l’équitation, le tennis, le tir à l’arc, le plongeon, le water-polo, la lutte gréco-romaine et l’aviation.
Il n’est donc pas surprenant qu’elle ait remporté une vingtaine de titres nationaux et une cinquantaine de médailles et ce, tant au niveau national qu’international. Doté d’un caractère d’acier trempé, elle se refuse à quelques concessions que ce soit et s’oppose à l’ordre qui lui est donné de porter la jupe, ce qui lui vaut de voir sa qualification refusée aux Jeux olympiques de 1928, à Amsterdam (et sans doute aussi, le fait qu’elle s’affichait ouvertement bisexuelle).
Il serait tentant de voir en elle une héroïne si l’histoire ne se noircissait pas dans sa conclusion. En effet, à partir de 1936, on retient d’elle une espionne au service de l’Allemagne nazie et une tortionnaire utilisée par la Gestapo, jusqu’en 1944 où elle abattue par la Résistance.
Ces derniers événements sont cependant remis en question par certains biographes et le mystère demeure donc entier quant à son statut de collaboratrice. Son parcours demeure cependant exceptionnel et mérite assurément le détour.
L’auteur offre le riche portrait d’une femme résolument différente qui s’affiche sans compromis et qui dérange donc la société bien-pensante. Elle en subira les conséquences tout au long de son existence, mais ne s’écartera jamais de sa maxime: «Ce qu’un homme fait, Violette peut le faire.
Femme qui court / Gérard de Cortanze. Paris / Albin Michel, 2019. 409p.