Un ouvrage hors-norme que l’on serait porté à classer dans la catégorie Autobiographie ou Journal personnel, mais non sans une certaine hésitation puisqu’il déroge aux règles habituelles du genre.
En effet, l’auteur ne s’embarrasse pas de considérations chronologiques ou même d’un fil conducteur clair. Ce qu’il nous offre, c’est un florilège de souvenirs qui trace l’empreinte, grande ou petite, d’un homme. Et… ça marche!
Âgé de 73 ans, Bernard Mulaire est né au Manitoba et partage donc anecdotes et souvenirs en lien avec sa famille, ses amitiés, ses études, son travail, ses voyages et la découverte de son orientation sexuelle au cœur d’une société très peu ouverte. Des premiers frémissements incompréhensibles de l’adolescence (la fascination pour un camarade de classe) jusqu’à la sortie du placard et une existence plus affirmée.
Nul besoin de préciser que, du haut de son trois-quarts de siècle, les anecdotes sont multiples et souvent savoureuses. Bien qu’il évoque parfois certains événements historiques, c’est surtout au cœur de l’extrême quotidienneté qu’il inscrit son récit: une visite chez IGA, une partie de badminton, sa nièce Loïs, une dame croisée au gym.
En fait, sa technique littéraire n’est pas sans s’apparenter au pointillisme, cette technique picturale qui utilise des petites touches de couleur et où le portrait ne se révèle qu’à une certaine distance alors que de près il ne semble être constitué que d’une myriade de points sans relations les uns avec les autres.
Même phénomène ici où l’auteur procède par petites touches autobiographiques afin de rendre la complexité et la diversité de son parcours. Le tout se révèle à la fois amusant, intrigant et souvent même émouvant.
Une fort belle découverte!
Flânerie et souvenances l / Bernard Mulaire. Saint-Boniface: Éditions du Blé, 2018. 281p.