Samedi, 7 septembre 2024
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    Les commerçants du Village fustigent la décision de la Ville concernant le déménagement de la Fierté

    À la suite de l’article paru dans l’édition de janvier de Fugues (parue en décembre) où l’on a annoncé le possible déménagement forcé, en 2021, de Fierté Montréal par la Ville, plusieurs entrepreneurs du Village ont tenu à réagir. Depuis trois ans maintenant, Fierté Montréal a élu domicile au parc des Faubourgs, après avoir été chassé du square Émilie-Gamelin. On avait alors trouvé un compromis en envoyant les festivités de la Fierté LGBT au parc des Faubourgs, donc à quelques minutes de marche du Village. La Ville de Montréal, prétextant qu’il y a trop de spectateurs, veut forcer Fierté Montréal à tenir ses activités dans le Quartier des spectacles, comme Juste pour rire, le Festival de Jazz ou les Francos. Plusieurs commerçants jugent inacceptable d’imposer l’éloignement du Village de ces événements qui y sont liés depuis ses débuts, alors que le Village connaît un taux d’inoccupation des locaux commerciaux situé à 18% (voir notre dernière chronique).

    On se retrouverait dans une position périlleuse. On n’a qu’à se rappeler la délocalisation de Divers/Cité, au Vieux-Port, qui fut une véritable catastrophe pour l’organisme qui a mis la clé sous la porte depuis plusieurs années maintenant. On enregistrait alors moins de clientèle dans les établissements du Village, mais pas au point de mettre en péril certains d’entre eux. Et rappelons qu’en 2006, lors des Outgames, les rassemblements tenus loin du Village ont connu un succès très mitigé, alors que ceux qui ont eu lieu dans le secteur ou  en périphérie se sont déroulés avec une assistance appréciable faisant la navette entre le Carré Viger et le quartier LGBT.  

    Le parc des Faubourgs, situé entre les rues Dorion et De Lorimier sur Ontario, est donc à une distance très confor-table du Village, aux yeux des commerçants, ce qui n’est pas le cas du Quartier des spectacles.  

    Ajoutant à cela des loyers dispendieux, des taxes élevées, des dépenses courantes qui n’arrêtent pas d’augmenter, tout cela fait en sorte que le Village se retrouve avec pas moins de 44 locaux à louer, actuellement. Ce qui fait craindre à plusieurs qu’une baisse de clientèle durant la période de pointe des festivités de Fierté Montréal pourrait donner le coup de grâce à certains commerces. Mais il n’y a pas que cela : «Les gens veulent célébrer la Fierté ici, dans le Village, c’est notre Fierté et c’est ici qu’elle se tient depuis des lustres. C’est ridicule que l’on veuille transférer ces festivités ailleurs», d’affirmer Danny Jobin, le propriétaire du Club Date et copropriétaire du District Video Lounge.  

    «Évidemment nous sommes très inquiets de l’impact que pourrait avoir un déménagement. La proximité du site de Fierté et du Village favorise les déplacements des festivaliers et par conséquent amène des clients dans les commerces même lorsque des événements ont lieu dans le parc des Faubourgs. Cette proximité  contribue grandement à la magie que l’on ressent partout durant l’événement. Le Village s’agrandit avec Fierté et Fierté s’agrandit avec le Village», commente Denis Brossard, copropriétaire du Cabaret Mado et du resto la Dînette à Mado.  «En tant que commer-çant du village je considère que le fait de déménager les festivités de Fierté Montréal aura un impact majeur qui occasionnera une baisse de nos revenus», renchérit Luc Généreux, le copropriétaire du bar Le Cocktail.  

    «C’est le temps qu’on se réveille, nous, les commerçants. La Fierté appartient au Village et à la communauté LGBT», rajoute pour sa part Mathieu Guy, le directeur général du sauna Oasis. «Je ne peux pas croire que la Ville décide, ainsi, et qu’on n’a pas notre mot à dire dans cette décision, estime Martin Nadeau, le propriétaire franchisé du St-Hubert du Village. C’est complètement ridicule de vouloir déménager la Fierté à l’extérieur du quartier. Parce qu’il y a du monde et qu’un événement a du succès, ici, on devrait le déménager ailleurs et en faire profiter les commerces d’un autre quartier? Ça ne tient pas la route… et cela aura d’énormes conséquences sur nos commerces».  

    «J’espère que les commer-çants feront bloc commun à ce sujet, déjà que la Ville ne fait pas grand-chose pour améliorer le sort des commerces, considère Danny Jobin du District Video Lounge et du Club Date. Si ça continue, on va tous mourir à petit feu.» Luc Généreux, copropriétaire du Cocktail, rappelle clairement la situation actuelle : «les affaires sont particulièrement difficiles un peu partout à Montréal et encore plus en hiver. Le Village n’échappe pas à cette réalité. L’administration municipale se dit très sensible aux difficultés que vivent les commerçants. Cependant, on voit bien, ici, que les actions ne suivent pas les discours. Les commerçants sont de loin les plus taxés. Ici, les élus ont une opportunité en or de nous aider en acceptant que les activités se poursuivent au parc des Faubourgs. Presque tous les commerçants comptent sur les retombées que génèrent les activités de la Fierté, justement pour les aider à passer au travers des mois tranquilles. Nous demandons à la Ville de revoir sa position». Danny Jobin fait échos aux propos de Luc Généreux : «Il faudra faire pression sur la Ville», conclue-t-il. 

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