En vous promenant dans le Village, vous allez remarquer les tubulaires rétroéclairés colorés qui enjolivent le secteur. En attendant que la nouvelle installation qui remplacera la canopée de boules de Claude Cormier prenne forme, la Société de développement commercial (SDC) Village Montréal nous propose une réinterprétation d’une multitude de drapeaux de la diversité sexuelle et de genre.
Et dans le but de veiller à l’harmonie sociale, la SDC a aussi embauché des agent.e.s d’accueil, en plus des agent.e.s sociocommunautaires existant.e.s, qui sillonnent le secteur et sont une «ressource intermédiaire» entre la police et les organismes communautaires les commerçant.e.s. On ne chôme donc pas à la SDC !
Yannick Brouillette, le directeur général de la SDC Village Montréal, ne s’en cache pas. «Oui, le Village vit des moments difficiles avec cette pandémie et les restrictions. Certain.e.s commerçant.e.s sont au bout de leurs ressources, il va donc falloir que les gouvernements bonifient leurs programmes pour les appuyer».
D’ailleurs, la SDC subit aussi les contrecoups de cette crise sanitaire avec une diminution importante des revenus l’an dernier. «Malgré cela, nous redressons nos manches et préparons la relance. Un nouveau projet d’aménagement et d’installations artistiques sera dévoilé et déployé dans les prochains mois », dit le directeur général de la SDC.
Les agent.e.s d’accueil
«On veut offrir un environnement sécuritaire pour tout le monde et que ce soit le plus harmonieux et respectueux que possible envers toutes les populations du Village, explique Yannick Brouillette. Nous voulons éviter une situation comme celle engendrée au
printemps et à l’été passés lorsque l’aréna Camilien-Houde avait été transformé en refuge puisque, pour cet hiver, l’Hôtel Place-Dupuis est aussi devenu un refuge, comme tout le monde le sait. Il y a beaucoup de misère humaine. On désire mieux encadrer les personnes marginalisées pour minimiser les comportements problématiques que l’on a connus : les cas de psychoses, les surdoses, les ‘’deals’’ de drogues, les gens qui dorment sur le pas de la porte des commerces, etc.
Nous travaillons avec l’arrondissement de Ville-Marie, avec la police, avec les groupes qui s’occupent des personnes marginalisées, etc. – le comité opérationnel pour la cohabitation sociale – pour que ce soit plus harmonieux. Mais force est de constater qu’il y a un manque de main-d’œuvre, donc nous avons embauché une firme de sécurité qui fournit des agent.e.s au profil plus psychosocial et qui connaissent cette clientèle marginalisée. Cela assurera une meilleure cohabitation […]»
Les agent.e.s ont pour tâches de créer des liens de base avec les populations marginalisées, contacter directement les ressources appropriées selon les besoins, réveiller les personnes marginalisées et leur demander de quitter les espaces des commerces avant leur ouverture, s’assurer de la propreté et sécurité des lieux, ramasser les seringues et déchets de consommation à la traîne, faire appliquer les mesures sanitaires sur le domaine public et, finalement, informer les citoyen.ne.s sur les commerces du Village.
Ces agent.e.s d’accueil patrouillent le Village sept jours sur sept et de 9h à 21h et sont donc en faction même les fins de semaine et ce, jusqu’au 30 avril prochain. «Si l’impact est positif, il se pourrait que ce projet se poursuive durant la saison estivale», poursuit Yannick Brouillette.
De la lumière et de la couleur
Que vous marchiez d’est en ouest ou le contraire, vous ne pouvez pas ne pas remarquer ces 150 tubulaires rétroéclairés qui mettent de la vie par les sombres nuits hivernales. Ici, la SDC Village Montréal a fait appel au studio d’art et de design Daily tous les jours pour concocter des visuels non seulement pétants de couleurs parfois, mais qui véhiculent également un message!
«La SDC nous a contacté depuis plusieurs mois déjà pour voir comment on pouvait mettre en œuvre le rapport de l’étude ethnographique qui avait été effectuée l’été dernier par la firme Humain Humain, explique Mouna Andraos, la cofondatrice de la firme Daily tous les jours. C’était une belle occasion pour nous de retravailler avec la SDC. On a lu cet intéressant rapport pour comprendre la réalité des communautés LGBTQ+ et les recommandations. Il y avait là l’importance de célébrer l’histoire du Village, mais aussi les aspects de sécurité et d’inclusion. […]
Il s’agissait de voir comment redonner une voix et un rôle politique au Village en même temps qu’il devait demeurer un ‘’safe space’’ pour certaines personnes. On a réfléchi à tout ça. Bien sûr, les tubulaires n’allaient pas régler les problématiques, mais on a remarqué que les drapeaux [de la diversité sexuelle et de genre] offraient une certaine réponse en mettant de l’avant les communautés qui composent le Village. En plus, cela a un effet d’explosion de couleurs et cela fait du bien cet hiver dans le contexte de cette pandémie.»
Pas moins de 35 drapeaux, tous plus colorés les uns que les autres, ont servi de base à cette installation. Chaque tubulaire nous présente une réinterprétation artistique de deux drapeaux, mais ce n’est pas statique. «Nous voulions que cela puisse représenter des drapeaux en mouvement, dans le vent, que ce soit dynamique, poursuit Mouna Andraos qui a cofondé Daily tous les jours en 2010. Nous avons donc pris pour base le drapeau arc-en-ciel original de Gilbert Baker, avec les huit couleurs, pour ensuite intégrer les 35 drapeaux qui sont des plus diversifiés et représentatifs de cette grande diversité. Nous voulions que le plus de gens possibles se sentent inclus ici et que, en quelque sorte, chacun puisse se recréer son propre drapeau.» Les
différentes teintes de rouge, de rose, de bleu, de jaune se mêlent ainsi à du brun, du noir, du blanc, du orange, etc. pour créer cette féerie des tons.
Daily tous les jours a déjà participé aux activités de la SDC, notamment en 2012, lors de la 2e année des Boules Roses, on pouvait alors gravir les marches de «Mémorama» et se faire prendre en photo au-dessus des boules ! À l’époque, les ‘’selfies’’ n’étaient pas aussi populaires qu’aujourd’hui. «Plus de 40 000 photos avaient été ainsi prises et partagées, c’était une très belle expérience ! C’est pourquoi nous sommes honoré.e.s de pouvoir être de retour dans le Village et contribuer à revaloriser le Village dans cette situation-ci de pandémie», souligne Mouna Andraos.
L’automne dernier, la SDC avait lancé son manifeste sur la vitalité économique, sur l’entrepreneuriat, sur la sécurité et sur l’inclusion alors que le Village est justement en transformation autant en raison de la baisse des touristes et des festivaliers, due à la crise du
coronavirus, mais aussi en raison de tous les nouveaux projets immobiliers qui, une fois construits, logeront des milliers de nouveaux résidents dans le secteur et donc pas toustes des LGBTQ+.
«Un de nos objectifs, avec le manifeste, était de promouvoir une plus grande inclusivité afin que, même avec ces changements majeurs, qu’il demeure un endroit sécuritaire, un refuge pour tous les membres des communautés LGBTQ+, note Yannick Brouillette. Nous avons donc travaillé avec Daily tous les jours et on en est arrivé à ce concept des drapeaux de la diversité sexuelle et de genre pour montrer, justement, à quel point il y a une diversité de communautés et promouvoir ainsi l’inclusion et ce, même si c’est le plus grand Village 2SLGBTQ+
au monde !»