Sans tambours ni de trompettes, pandémie oblige, le groupe Espace LGBTQ+ a élu un premier conseil d’administration, le 8 février dernier. L’objectif de cet organisme est de contribuer au développement d’un complexe communautaire LGBTQIA2S+ à Montréal. «Il constitue une réponse collective et concrète du milieu à 10 ans de revendications», nous nous informe-t-on. Pour l’instant, une quinzaine d’organismes font partie de ce collectif, dont le Conseil québécois LGBT, Fierté Montréal, la Coalition Jeunesse LGBTQ, RÉZO, les Aînés et retraités de la communauté (ARC), le Réseau des lesbiennes du Québec (RLQ) ou encore la SDC Village Montréal.
Et effectivement, ce n’est pas d’hier que les différentes associations communautaires, de loisirs, etc., se cherchent des locaux abordables pour y tenir leurs réunions ou leurs activités.
«L’idéal serait d’être propriétaire d’un édifice pour loger les groupes dans le Village, pour des bureaux, des événements, avec une salle multifonctionnelle d’une capacité intéressante et ce, pour y tenir aussi des activités culturelles, du cinéma, du théâtre, des conférences, etc.», explique Nelson De Sousa, le président du conseil d’administration (C.A.) de l’organisme Espace LGBTQ+. «En plus de cet endroit, on pourrait avoir en parallèle des locaux dans d’autres quartiers et qui sont disponibles pour les membres des groupes qui résident plus proches de ces lieux, que ce soit dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, le Plateau, etc. Mais ça, c’est un rêve. On sait que cela ne se fera pas demain, mais nous avons réfléchi à plusieurs options et nous sommes très motivés!»

«Nos demandes de subventions seront d’ailleurs orientées vers cet objectif d’être propriétaire pour éviter ainsi une augmentation des loyers parce qu’on sait aussi que, dans Ville-Marie, les loyers sont de plus en plus chers, poursuit Nelson De Sousa. On veut s’assurer que les groupes aient à leur disposition des locaux abordables et qui vont le rester.»
Espace LGBTQ+ bénéficie déjà de l’appui de la députée solidaire de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Manon Massé, du conseiller municipal du district de Saint-Jacques et membre du comité exécutif de la Ville, Robert Beaudry. «Nous sommes aussi en contact avec le bureau de Steven Guilbeault [le ministre du Patrimoine canadien et député fédéral de Laurier-Sainte-Marie] et nous espérons le rencontrer bientôt pour le sensibiliser aux besoins de locaux de nos communautés», souligne Nelson De Sousa. On le sait, le Village est en pleine transformation et de nouveaux édifices feront leur apparition autant sur Sainte-Catherine – les deux tours de Mondev à l’angle de Saint-Hubert, le projet de l’ancien cinéma Champlain au coin de Papineau, entre autres – qu’en périphérie, comme le redéveloppement des terrains de Radio-Canada, la Brasserie Molson, etc.
«Nous sommes conscients de ce fait, nous voulons d’ailleurs avoir une réunion du collectif à ce sujet-là pour pouvoir discuter et négocier, éventuellement, avec les promoteurs immobiliers», note le président du C.A. d’Espace LGBTQ+. «La Ville désire qu’il y ait une mixité communautaire, logements sociaux et condos dans de tels édifices, d’où notre demande d’aide à la Ville pour pouvoir nous intégrer à un de ces nouveaux projets. On sait bien que si c’est le collectif tout seul, cela prendrait plus de temps encore, mais si on a la collaboration de la Ville pour que celle-ci fasse des démarches en ce sens aux promoteurs, on peut déboucher vers un projet d’intégration intéressant pour nos groupes communautaires.»
Depuis 2018, le collectif a œuvré tranquillement à mener à bien ce rêve d’avoir un véritable centre communautaire. Maintenant que le conseil d’administration a été élu (il comprend sept administrateurs/trices en tout), on assistera à la création de sous-comités: d’abord voir si les besoins des groupes sont exacts, s’ils ont évolué ou se sont modifiés avec la pandémie; ensuite contacter les autres organismes qui ne sont pas présentement membres du collectif pour connaître leurs besoins; et enfin faire des demandes de subventions.
«C’est important pour nous d’impliquer le plus d’organismes possible pour représenter toute la diversité de la communauté LGBTQ+, autant les différentes tranches d’âges, les groupes ethnoculturels, etc. Avec l’ouverture de la société aux réalités des minorités sexuelles et de genres, les groupes sont sollicités plus que jamais, par contre, ils manquent cruellement de ressources, de financement, de locaux, etc. Et c’est là-dessus qu’on veut travailler au cours des prochaines années, car nous savons que c’est un long processus.
Mais nous sommes patients, nous sommes motivés. On sait, par exemple, qu’on peut déjà compter sur le grand local de la SDC Village Montréal, c’est une des possibilités d’utilisation transitoire pour les groupes. On a déjà fait beaucoup de travail, de toute manière on était confiné donc, on a eu beaucoup de temps pour réfléchir et penser comment on va passer à l’action. On sait aussi que ce ne sera pas facile. Mais je crois que nous sommes prêts à relever les défis», de terminer Nelson De Sousa.
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