Vendredi, 17 janvier 2025
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    Volontairement mégenrer une personne au travail constitue une atteinte aux droits humains

    Le tribunal des droits humains de la Colombie-Britannique a rendu un jugement, le 29 septembre dernier, qui conclut que mégenrer une personne dans le cadre de son travail constitue une violation de ses droits humains. Jessie Nelson, personne non binaire et genderfluid qui utilise les pronoms iel/eux, a déposé une plainte envers son employeur, un restaurant italien.

    L’employé·e a accusé le gérant du restaurant, Brian Gobelle, d’utiliser constamment les mauvais pronoms envers iel, et d’utiliser à son égard des termes genrés comme «sweetheart», «honey» et «pinky» (en référence à ses cheveux roses). Jessie Nelson lui a demandé d’arrêter, ce qu’il n’a pas fait. La conversation a alors monté d’un ton entre les deux personnes et l’employé·e a été renvoyé·e quatre jours après. Le gérant a justifié son choix, affirmant que Jessie Nelson y était allé·e «trop fort trop vite» et qu’iel était trop «militant·e».

    Dans sa plainte, l’employé·e explique que le fait d’être discriminé·e sur son lieu de travail en raison de son identité de genre avait exacerbé sa dysphorie de genre. « J’ai vécu toute ma vie en essayant de m’exprimer et de comprendre qui je suis et de trouver une place dans ce monde (…) et c’est une bataille difficile à avoir au quotidien », témoigne-t-iel au procès.

    La juge Devyn Cousineau a estimé que la façon dont Jessie Nelson a été traité·e est en violation du Code des droits de la personne de la Colombie-Britannique : «Un nom, les pronoms sont une partie fondamentale de l’identité d’une personne  et leur utilisation appropriée indique que nous voyons et respectons une personne pour ce qu’elle est ».

    Le juge ajoute : « Surtout pour les personnes trans, non binaires ou autres personnes non cisgenres, l’utilisation des pronoms corrects valide et affirme qu’elles sont une personne tout aussi digne de respect et de dignité. (…) Il y a un lien évident entre l’identité de genre de Jessie Nelson et son renvoi. Iel a été renvoyé·e en raison de sa réponse à la discrimination. Iel a été tenu·e à une norme de conduite plus élevée que M. Gobelle, et le contexte discriminatoire du litige a été ignoré ».

    Le tribunal a condamné Buono Osteria à 30 000 dollars de dommages-intérêts à Jessie Nelson. L’entreprise doit également mettre en œuvre une politique sur les pronoms, ainsi qu’une formation obligatoire sur la diversité et l’inclusion pour tout le personnel.

    Au cours de son témoignage, Jessie Nelson a expliqué sa motivation pour déposer cette plainte contre ses ex-employeurs. « Je suis ici aujourd’hui pour présenter cela parce qu’il est important pour moi, en tant que personne trans, que mon existence soit respectée. Je suis un être humain, avec un cœur qui bat et un désir d’être vu, valorisé et entendu dans le monde. (…) Et je suis également là pour toutes les autres personnes trans ou queer actuelles et futures travaillant dans un environnement axé sur le service client afin que, espérons-le, cela ne se reproduise plus. Parce que (…) nous méritons de vivre, d’avoir de la joie et d’être respectés pour qui nous sommes », ajoute-iel.

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