Jeudi, 16 janvier 2025
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    Kominote en soutien aux hommes noirs

    En mars 2021, l’intervenant communautaire chez RÉZO, Steve Bastien, a mis sur pied Kominote, un projet offrant du soutien aux hommes noirs et afro-descendants qui s’identifient comme gais, bisexuels, pansexuels, trans, drags, queers ou en questionnement sur leur identité sexuelle ou de genre. Au programme : rencontres individuelles, groupe de soutien, ateliers thématiques et campagne de sensibilisation luttant contre la fétichisation des hommes noirs.


    Le projet est né à la suite d’une étude pancanadienne sur les besoins des hommes noirs en termes de santé sexuelle, mentale, physique et sociale. La recherche a révélé un manque d’accessibilité aux services de santé et aux services sociaux des HARSAH* noirs à Montréal. « Plusieurs d’entre eux ne fréquentent plus ces services, car ils sentent qu’ils ne seront pas compris par les intervenants, explique Steve Bastien. Ils n’iront pas voir leur médecin de famille, faire un dépistage de santé sexuelle ou rencontrer un travailleur social quand ça ne va pas bien avec leur conjoint.e, alors leurs problèmes peuvent se dégrader s’ils ne sont pas diagnostiqués ni suivis. »

    À l’image de plusieurs membres de la communauté LGBTQ+ qui évitent de parler de leur santé sexuelle à leur médecin de famille, de peur d’être incompris, jugés ou traités par un professionnel sous-informé, de nombreux HARSAH noirs craignent d’être mal traités. « Parmi leurs appréhensions, il y a le regard de l’autre et beaucoup d’incompréhension de la part des professionnels de la santé. Plusieurs de ces personnes sont déjà fragilisées en tant que nouveaux arrivants, avec des jobs au bas de l’échelle au niveau des salaires. Certains sont pris avec leurs croyances ou les préjugés de leurs confessions religieuses. Certains sont mariés ou fiancés avec des femmes, en raison d’une forme d’homophobie intériorisée. Tout ça peut faire en sorte que c’est plus difficile pour ces personnes de se sentir bien. »

    Puisque les jeunes hommes noirs ont accès à diverses ressources dans les écoles ou dans le milieu communautaire, les initiatives de Kominote sont offertes aux adultes. Depuis avril 2021, Steve Bastien offre du soutien individuel, gratuit et confidentiel à ceux qui le souhaite. « Ce n’est pas de la thérapie, mais des discussions avec un intervenant dédié qui possède un bagage en intervention psycho-sociale. » Il y a également un groupe de soutien qui a débuté en décembre 2021. « Ce sont des rencontres de partages sur plein de choses que les HARSAH noirs ont en commun ou non. On échange sur nos réalités, nos cultures, nos défis ou nos familles. »

    M. Bastien peut déjà affirmer que le groupe répond à un besoin de se retrouver, de parler d’eux et de s’écouter. « Plusieurs personnes me disent que c’est la première fois qu’elles rencontrent un intervenant noir et qui, en plus, s’identifie homosexuel. C’est pour ça que j’ai voulu faire ce travail. Aujourd’hui, je suis out dans tous les milieux de ma vie, mais quand je relis le journal intime du Steve de 24 ans, je vois que j’avais peur du mot gai et que j’avais du mal à dire : l’homme que j’aime. Je parlais de mon ami spécial. » En mars prochain, débuteront d’ailleurs des ateliers portant entre autres sur l’intimité amoureuse et la définition d’une relation à ses débuts.

    Avant le début du printemps, on pourra également découvrir une campagne de sensibilisation sur les préjugés à l’égard des hommes noirs, la fétichisation de l’homme noir et l’influence de la pornographie sur les interactions avec les non-noirs. « Plusieurs HARSAH noirs me disent qu’ils pensaient trouver du soutien dans la communauté LGBTQ+, mais que leurs interactions les portent souvent à constater que les gars veulent seulement coucher avec eux, leur demander la grosseur de leur sexe sur les applications ou commenter leur corps quand ils sont dans un bar. Qu’ils soient intoxiqués ou non, ces gars ne voient pas la personne noire avec ses émotions, ses rêves, ses deuils et ses blessures, mais seulement le Noir. Dans la communauté LGBTQ+ et dans la société au sens large, on est souvent fétichisés en fonction des mythes pornographiques qui entourent l’homme noir. »


    INFOS | Rezosante.org

    *HARSAH : homme ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes.

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