Jeudi, 18 avril 2024
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    Les yeux fermés

    Près de 30 ans après le suicide de son frère ainé, Élise Dénommé est confrontée à un passé qu’elle souhaitait oublier et dans lequel persistent de nombreuses zones d’ombre. Pourquoi personne n’a rien vu venir ? Qu’est-ce qui a pu motiver le geste de Simon ? L’histoire officielle pourrait-elle n’être qu’un tissu de mensonges ?

    Alors que sa mère Lorraine (Anie Pascale) prend la décision de vendre la maison familiale, Élise (Magalie Lépine-Blondeau) est amenée à ouvrir la porte de la chambre de son frère (Léokim Beaumier-Lépine) demeurée intouchée, tel un sanctuaire, depuis les événements de l’été 1994. Cette incursion dans l’intimité révélée l’amène à réaliser que tous les fils de l’histoire ne s’attachent pas très bien et qu’il subsiste de nombreuses incohérences, voire des trous béants.

    Sur un coup de tête, elle décide de se joindre au conventum de la cohorte de son frère, le temps de renouer avec le souvenir de celui-ci, puisqu’elle l’a perdu alors qu’elle n’avait que 8 ans et qu’il en avait 15. L’aventure aurait pu se limiter à quelques vagues souvenirs échangés, n’eût été un mot laissé sur son parebrise : « On a tous joué un rôle dans la mort de Simon, certains plus que d’autres ». L’excellente série écrite par Anita Rowan (Nous, L’effet secondaire) et réalisée par Jeanne Leblanc (Les nôtres) nous entraine à travers le jeu complexe des souvenirs de témoins qui ont tous une vision personnelle du passé ou un intérêt à en cacher certains aspects. Que s’est-il donc réellement passé au cours de l’été 1994 ?

    Entre le journal intime aux déclarations difficiles à interpréter et la recherche de témoins maintenant disparus, l’enquête révèle progressivement des jeux de faux-semblants, mais également la problématique de souvenirs qui se sont transformés au fil des années. À travers les six épisodes de la série, notre compréhension change ainsi continuellement lorsqu’une nouvelle pièce se présente et s’agence au puzzle. La perception même que nous avons de certains personnages peut ainsi basculer d’un seul coup.

    La rupture du père et de la mère pourrait-elle expliquer le geste de Simon ? Aurait-il eu une liaison avec une femme plus âgée ou avec un autre garçon ? Qui est le mystérieux « M » mentionné dans son journal personnel ? L’ancien animateur de pastorale, Philippe Drolet (Benoit McGinnis), est-il réellement un allié ou cache-t-il un double jeu ?

    L’action alterne habilement entre le passé et le présent et il faut souligner l’excellent travail de vieillissement des acteurs qui demeurent toujours extrêmement crédibles. De même pour la reconstitution visuelle et musicale des années 90 et l’habileté avec laquelle la réalisatrice marie les différentes époques, parfois à l’intérieur d’une même scène.

    Finalement, on ne peut que saluer l’extrême qualité d’interprétation, plus particulièrement Magalie Lépine-Blondeau, Léokim Beaumier-Lépine, Anie Pascale et Benoit McGinnis, qui livrent des performances extrêmement justes et nuancées et des moments bouleversants de vérité.


    INFOS | Les six épisodes de la série Les yeux fermés
    seront disponibles sur ICI TOU. TV EXTRA
    ici.tou.tv

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