À seulement 22 ans, Philippe Cormier compte déjà deux longs métrages à son actif, Lorsque le cœur dérange et Le purgatoire des intimes. Déposée sur Crave Canada il y a quelques jours, sa deuxième offrande cinématographique est un drame psychologique tourné avec Normand D’Amour, Brigitte Lafleur, Sonia Vachon, Anne Casabonne, Lysandre Nadeau et Karine St-Michel.
Comment est-ce possible d’avoir réalisé deux films si rapidement ?
Philippe Cormier : J’ai toujours su que je voulais faire ça ! Quand je regardais des films pour enfants, je voulais jouer et être dans la télé. Je viens de la région de Tremblant, où l’art et la culture sont moins accessibles que dans certains grands centres, mais mes parents m’ont poussé à continuer là-dedans. Je suis allé étudier au cégep en cinéma. Puis, à mes débuts à l’université, la COVID est arrivée et j’ai vite arrêté les études. Je ne suis pas fan de l’école en ligne et j’ai eu l’opportunité de tourner mon premier long métrage, Lorsque le cœur dérange, en 2020. J’ai alors décidé de me concentrer là-dessus, car c’est sur le terrain que j’ai le plus grandi.
Comment as-tu convaincu Crave Canada de diffuser Le purgatoire des intimes ?
Philippe Cormier : J’ai réussi à m’entourer des bonnes personnes au bon moment. On a fait un travail extraordinaire en amont pour produire ce film-là. Évidemment, ma crédibilité était affectée à cause de mon âge, mais la direction de Crave a accepté mon projet 24 heures après ma présentation.
Pourquoi présenter ton film directement sur une plateforme numérique ?
Philippe Cormier : Les sorties en salles m’inquiétaient un peu en raison du box-office. Les films québécois sont en compétition contre les Marvel de ce monde. Puis, en 2023, les gens sont en mode plateformes numériques. Crave Canada n’a pas peur de prendre des risques et elle soutient le contenu francophone. C’est une plateforme que je consomme personnellement.
Il y a plusieurs grosses pointures parmi les interprètes de ton film. Ont-elles été difficiles à convaincre ?
Philippe Cormier : Le casting est ma plus grande fierté. Tout le monde est venu passer une audition, alors que j’avais seulement les 42 premières pages du scénario entre les mains. La fin n’était pas écrite à ce moment-là. Cela dit, j’ai réussi à les convaincre par la force du scénario et grâce aux conversations qu’on a eues en salle d’audition.
Comment fait-on sentir à l’équipe technique et aux interprètes qu’on a une vision claire, qu’on est en confiance et qu’on sait où on s’en va quand on est si jeune ?
Philippe Cormier : Ma vision est très claire depuis longtemps, même avant de commencer à créer des films. J’ai toujours aimé les drames psychologiques, l’esthétique propre à ce genre-là : les plans lents, mettre l’accent sur les silences, les regards et les respirations.
Normand D’amour a saisi ça tout de suite. Il a beaucoup d’expérience, mais il n’avait pas eu l’occasion de jouer ce genre de rôle auparavant. Le travail en amont avec les comédiens m’a permis de leur expliquer ma vision. En répétitions, on a travaillé les personnages et les intentions de jeu. Même chose avec l’équipe technique : on a eu beaucoup de rencontres pour se parler et que je leur partage mes inspirations ou des références de films.
Comment résumes-tu ton film ?
Philippe Cormier : On suit Alain Landriault, un homme de 55 ans, qui a vécu des moments de détresse psychologique dans sa vie, entre autres par rapport à sa famille. À la suite du décès de sa mère, il se retrouve confronté à une solitude extrême et à une famille qui ne comprend pas son état. Il se met à développer des relations avec des femmes, puisque sa mère était la seule femme dans sa vie. Éventuellement, des événements vont projeter le personnage dans une situation où il est un peu mésadapté à sa réalité. Il va se sentir incompris par beaucoup de monde.
À quel point était-ce un défi pour Normand D’amour de jouer un personnage qui parle si peu ?
Philippe Cormier : C’était un gros défi, autant pour moi que pour Normand. On en a discuté durant des heures en dehors des répétitions. On avait le goût de trouver des nuances subtiles, mais tout s’est concrétisé sur le plateau. Quand Normand m’a donné ce que je voulais, ça a déboulé très facilement et on a su ce qu’on voulait faire avec le personnage jusqu’à la fin du tournage. Il a été très investi.
Parlons aussi de la musique. Qu’est-ce qui t’a poussé à contacter Marie-Mai pour une chanson ?
Philippe Cormier : J’aime sortir de ma zone de confort, comme on l’a vu avec le casting et les sujets abordés dans le film. Marie-Mai et moi n’avons pas du tout le même public cible. Je voulais marier nos deux univers. Avoir une musicalité technopop avec des paroles très sombres. Je l’ai approchée, on s’est parlé au téléphone et elle a accepté tout de suite après avoir lu le scénario. J’en suis très fier.
Quels sont tes projets ?
Philippe Cormier : Je suis en pleine écriture de mon prochain long métrage sur la politique et l’extrême droite. J’ai aussi des vidéoclips qui s’en viennent. Et j’aimerais retourner au jeu éventuellement.
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