Son émission musicale Barbada a fait un malheur sur TOU.TV. Elle a participé à la deuxième saison de Call me mother, en plus d’animer l’émission Sew Fierce sur OUTtv. Des manifestations ont été organisées pour dénoncer les Heures du conte qu’elle présentait avec bienveillance et flamboyance. Les réseaux sociaux se sont enflammés. D’innombrables chroniques ont été écrites pour générer des clics. Elle a été invitée à Tout le monde en parle. Malgré cette année folle, la drag queen Barbada regorge d’énergie et de projets !
À quel point l’adversité de la dernière année t’a-t-elle épuisée ?
Barbada : Ça ne m’a pas grugée. J’ai été très chanceuse en termes de timing, car si cette même tempête était arrivée en 2022, alors que je n’avais pas d’agente, on pouvait trouver mon numéro et mon courriel sur mon site Web. J’ai énormément bénéficié du premier filtre qu’elle effectuait. Elle est passée par des montagnes russes d’émotions pour nous protéger, moi et les drags de l’agence qui subissent les contrecoups de ce qui se passe.
Le négatif ne l’a donc pas emporté dans tes souvenirs ?
Barbada : Je me souviens surtout de la réaction positive de nos élu.e.s et de la motion adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale pour dire que ce n’est pas comme ça qu’on fonctionne au Québec, que les gens ont le droit de s’exprimer, mais pas à travers la haine et la désinformation. Ça m’a beaucoup rassurée. Je me sentais soutenue et fière d’être au Québec ! L’autre moment qui m’a enlevé un poids des épaules, c’est mon passage à Tout le monde en parle, la semaine suivante. Après l’émission, ma mère m’a dit : « Si les gens n’ont pas compris après ça, ils ne comprendront jamais. » Elle a tellement raison. Je savais déjà que je ne plairais pas à tout le monde, mais à partir de là, j’ai décidé d’avancer. Je vais rester ouverte aux personnes qui veulent comprendre, mais ce n’est pas vrai que je vais perdre du temps avec des gens qui pensent qu’on est des pédophiles.
Qu’est-ce que ça te fait de voir la drag interdite dans certains endroits aux États-Unis ?
Barbada : On n’est pas immunisé au Canada évidemment, mais ça me rassure de voir qu’ici, on a dit non à cette haine. C’est de la haine déguisée, mais c’est une forme de transphobie et d’homophobie sous le couvert de vouloir protéger certaines personnes, alors que personne n’a besoin d’être protégé de nous. Ce qui m’inquiète le plus, c’est que tout va de plus en plus vite en société. C’est le pire contexte pour que les préjugés soient véhiculés. Pour contrer un préjugé, il faut que tu prennes le temps d’écouter et de comprendre. Actuellement, on ne fait plus ça. C’est excessivement dangereux.
Tu vas présenter le party de la Fierté. En quoi cela va-t-il consister ?
Barbada : On va ajouter de la couleur, de la paillette et du plaisir dans la place ! Il y aura deux spectacles, un pour les personnes qui viennent plus tôt en soirée et un autre plus tard. On va être en mode party et performance. C’est une grosse affaire ! On est presque une vingtaine d’artistes.
Tu vas aussi participer à Des livres et des paillettes, dans le cadre de Fierté littéraire. Qu’est-ce que c’est ?
Barbada : C’est une discussion avec des auteurs, autrices et auteurices queers, que je vais animer. On fait une table ronde pour présenter des ouvrages littéraires. Je vais faire ma Marie-Louise Arsenault. Je l’avais fait l’an dernier et ça avait super bien fonctionné. Ça fait des années que je collabore avec Fierté littéraire. C’est toujours très l’fun. On a de belles réflexions. Ça montre que le drag, c’est multidimensionnel.
Tu vas aussi être DJ avant le show IMMIX sur l’Esplanade du Parc olympique. Quel genre de DJ es-tu ?
Barbada : Moi, si tu me dis : « Tu vas être DJ dans un coin et personne ne va te voir », je refuse.
Je préfère donner un show. Je veux pouvoir partir une toune, aller danser, crier ou surfer s’il le faut. C’est mon moment pour connecter avec le monde. Je ne suis pas dans la grosse musique électro. Je veux que les gens, à toutes les chansons, disent « C’est ma toune ! » ou redécouvrent un vieux succès. Je mets de l’avant la culture pop anglophone et francophone. Je peux jouer la dernière toune de Beyoncé et enchainer avec Si exceptionnelle d’Andrée Watters.
On t’a vue beaucoup à la télé cette année, et pas seulement en lien avec la controverse
entourant les heures du conte. Est-ce que l’animation télé te sort encore de ta zone de
confort ou tu te sens de plus en plus solide ?
Barbada : Les projets télé me sortent beaucoup moins qu’avant de ma zone de confort.
Le fait d’avoir dit oui à toutes ces émissions, même si c’est très demandant et que ce n’est pas toujours ultra payant, ça m’a énormément appris. J’ai aussi beaucoup progressé en participant à des projets qui n’aboutissent pas toujours en ondes, comme de gros projets des étudiants de l’INIS qui ont tourné un talk-show en me demandant d’animer. Grâce à cette expérience, j’ai pu pratiquer la gestion des délais, les retours de pause et les interactions avec toute l’équipe. Ça m’aide énormément. En bout de ligne, l’élément principal que j’ai appris en faisant de la télé, c’est la patience ! Tout est extrêmement long, contrairement aux spectacles sur scène où c’est un feu roulant !
Notez que cette version de l’entrevue a été modifiée de celle publié dans la version magazine, suite au déplacement du spectacle du Party de la Fierté qui devait se tenir au Casino et qui aura lieu finalement au Théâtre Le National
INFOS | Party de la Fierté, le samedi 5 aout, à 20 h et 23 h au Le NATIONAL
Des livres et des paillettes, le mardi 8 aout, à 19 h, Théâtre la Comédie de Montréal (1113, boul. de Maisonneuve Est)
DJ Set Barbada, le mercredi 9 aout, de 17 h à 19 h, sur la Scène TD de l’Esplanade du Parc olympique.