On savait déjà qu’Erika Suarez était une humoriste en montée depuis quelques années, mais voilà que ses premiers pas comme actrice dans la série Après le déluge (Noovo) font tourner bien des têtes. Si vous n’avez pas encore vu sa performance dans le rôle d’Eva, une fille d’immigrants cubains qui lance un OnlyFan, vous allez être charmé.e.s.
Comment as-tu réagi en obtenant l’un des rôles principaux dans Après le déluge ?
Erika Suarez : J’ai paniqué ! Je n’étais pas certaine si je voulais le faire ou non. J’ai beaucoup de respect pour le métier de comédien. Comme je n’avais jamais fait ça, je me disais que je ne pouvais pas prendre ce premier rôle à froid, sans jamais avoir rien fait d’autre. Je craignais d’être une outsider entourée d’interprètes d’expérience. Ensuite, j’ai parlé avec Mara Joly, la scénariste, réalisatrice et productrice de la série, et j’ai compris à quel point le personnage était proche de moi. Je ne le regrette pas du tout !
Comment la décris-tu ?
Erika Suarez : Eva, c’est une fille pleine de volonté. Elle veut tellement réussir. C’est le soleil dans l’histoire d’Après le déluge. Elle est toujours là pour les autres. Elle est pleine d’amour. Elle vient d’une famille cubaine stricte et entrepreneure. C’est quelque chose auquel je m’identifie. À cause de son environnement, elle se lance dans une entreprise d’érotisme avec laquelle ses parents ne seraient probablement pas d’accord, mais son désir de réussir vient de ses parents immigrants. Elle veut les imiter, mais elle n’a presque aucun moyen à sa disposition.
C’est quoi ton rapport avec les scènes de sexualité, les vêtements très révélateurs qu’elle porte et les trucs que tu joues pour son OnlyFan ?
Erika Suarez : Au début, j’angoissais par rapport à ça. Je suis une personne qui a confiance en elle, alors le côté physique ne me dérangeait pas tellement. J’avais plutôt peur de la perception après-coup, si les gens allaient faire la différence entre le personnage et ma vraie personne. Après la diffusion de l’épisode dans lequel je fais de la sexualité, j’ai reçu plein de messages. Beaucoup de gens me demandent si j’ai un OnlyFan ! En plus, ma famille est cubaine et ressemble beaucoup à celle qu’on voit dans l’émission. Donc, de faire comprendre à certaines personnes que c’est juste une émission et un vrai travail, c’était un grand défi.
Tu craignais de te planter, mais tu as été super bien critiquée pour ton jeu.
Erika Suarez : Oui, je ne m’attendais pas à ça ! Je pensais que la série serait super bonne, mais que ma performance serait un peu médiocre. J’aurais trouvé ça normal pour une première fois. Je suis entrée là-dedans en donnant tout ce que j’avais, mais je n’étais pas effrontée au point de croire que je serais super bonne. Écoute, il y a des gens qui suivent des cours durant des années pour faire ça !
As-tu eu la piqûre du jeu ?
Erika Suarez : Oh oui ! Absolument. J’ai adoré entrer dans un personnage. Le tournage s’est super bien passé. J’ai appris tellement de choses. Mara a été formidable. Toute l’équipe m’a aidée. J’en avais des questions ! Je me le suis fait dire d’ailleurs, mais tout le monde était gentil. Je ne pouvais pas demander mieux pour entrer dans le métier.
Tu es aussi humoriste. Tu as participé au show d’humour 100 % queer de Fierté Montréal en août dernier. Raconte-moi tes débuts dans le domaine.
Erika Suarez : L’humour m’a toujours titillée. Au secondaire, je voyais l’humour à la télé, mais ça me fâchait, parce que je rêvais de faire ça dans la vie, mais je savais que je ne pouvais pas. Je ne voyais personne qui me ressemblait, le métier m’apparaissait inaccessible et je ne connaissais aucun humoriste de la relève. Tout le monde me disait que je devrais être humoriste, mais tu sais, quand les gens disent ça… ce n’est pas parce que je t’ai fait rire une fois que je devrais en faire un métier. En 2018, un collègue m’en a parlé. J’ai répondu qu’il était la 150e personne à me dire ça. Il a insisté et il m’a parlé de Aba & Preach, qui avaient une chaîne YouTube et une soirée d’humour.
C’est là que tout a commencé.
Erika Suarez : Exact ! Je suis allée les voir. Ils m’ont dit de revenir la semaine suivante avec un cinq. Je n’avais aucune idée c’était quoi, un cinq ! J’ai googlé ce que c’était. Mon chum m’a beaucoup aidée à écrire mon premier numéro. Je suis montée sur scène et c’était une bonne première fois. Je me souviendrai toujours de la première fois que j’ai fait rire des gens. C’était comme du crack ! Tu en veux toujours plus. Après-coup, Aba & Preach m’ont pris sous leurs ailes.
Quel genre d’humour fais-tu ?
Erika Suarez : Je raconte beaucoup d’histoires. Il m’arrive toujours des choses incroyables. Souvent, je m’empêche de partager ce qui m’arrive à mes ami.e.s pour ne pas qu’iels pensent que je suis mythomane. Toute ma vie, je me suis demandé pourquoi tout ça se produisait dans ma vie, mais aujourd’hui, je sais que c’est du matériel pour l’humour.
À travers mes histoires, je parle du fait que je suis queer avec des parents immigrants, des obstacles que ça amène dans mon parcours, de la découverte de la sexualité, du dating avec des hommes et des femmes, du coming out avec mes parents, de l’ironie de finir en couple avec un homme. Je fais de l’humour feel good.
Veux-tu mener les deux carrières de front ?
Erika Suarez : C’est certain ! Je veux développer un one woman show et me préparer pour d’autres projets de jeu à venir. Les bons commentaires sur ma performance dans Après le déluge ont attiré l’attention et je reçois plein de bons projets. Je me sens bénie !