Incarnation de la star absolue, Belle Kaplan atteint ce statut enviable après un seul film, passant de totale inconnue à celle dont le nom est sur toutes les lèvres. Son passé demeure pourtant insaisissable jusqu’à ce que des lettres anonymes viennent troubler le voile qu’elle maintient fermement sur celui-ci.
Puisant aux sources des grands mythes du septième art, Gilles Paris (Le bal des cendres) synthétise en Belle Kaplan l’archétype de l’artiste au caractère imprévisible, inatteignable et nimbée de mystère. Évidemment, ce refus systématique de se révéler désarçonne et agace les médias.
Bien vite, les rumeurs les plus folles courent à son sujet, mais ce n’est que progressivement que la réalité se dévoile aux lecteurs et lectrices, au gré de sept déclinaisons. Se révèle ainsi une enfance à l’orphelinat Sainte-Croix de Montréal, qui abrite ses premiers émois et petites escroqueries, une fascination pour les lumières d’Hollywood et une enfilade de relations amoureuses, toujours empreintes d’une grande retenue, valsant entre hommes et femmes.
Cette règle absolue de distance émotionnelle connaît cependant deux exceptions notables. Dans un premier temps, Pierre, l’amant auquel elle ouvre inconditionnellement les bras, puis Ben, le compagnon d’enfance, également bisexuel, qui seul sait comment l’apaiser. Du moins, est-ce l’image qu’elle se complait à entretenir à leur sujet jusqu’à ce que des jeux de miroirs et de mémoires déformants révèlent éventuellement une réalité tout autre.
Le portrait fascinant d’une femme, des arcanes propres à la construction d’une star et de la rapacité des médias.
INFOS | Les sept vies de Mlle Belle Kaplan / Gilles Paris. Paris : Plon, 2023, 224 p.