Mardi, 12 novembre 2024
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    Zïlon : légende urbaine

    En collaboration étroite avec la Société de développement commercial du Village (SDC), on pourra se promener sur Atateken, côté ouest, entre les rues Sainte-Catherine et Robin et admirer des œuvres du graffiteur, dessinateur et peintre Zïlon. Du 27 juin au 1er octobre, 22 œuvres, des reproductions, seront présentées au public. Cette exposition est le fruit de la recherche et du travail acharné de Simon DuPlessis, le commissaire de cette exposition et ami personnel de l’artiste durant une bonne quinzaine d’années.

    À un an presque jour pour jour du décès de Raymond Pilon, alias Zïlon, mort à 67 ans, il sera agréable de déambuler sur la rue Atateken et de regarder les créations vibrantes de cet artiste multidisciplinaire minutieux, que certain.e.s surnommaient le « Cocteau des
    ruelles », en référence à l’artiste français Jean Cocteau. 

    Pendant plus de 40 ans, Zïlon a créé et exposé ses œuvres sur des murs, dans des galeries d’art, lors d’événements et de soirées endiablées dans des bars, entre autres. Il était en fait le premier artiste du « street art » à Montréal. Tellement, qu’on ne comptait plus le nombre de murales qu’il a dessinées au cours de tant d’années. En plus de contribuer par son art à la lutte contre le VIH-sida dans laquelle il était impliqué.  

    Simon DuPlessis et Zïlon

    « Dans le temps des Fêtes, j’étais avec des ami.e.s et, en faisant une rétrospective de l’année, on s’est remémoré la disparition de notre ami Zïlon, évoque le poète Simon DuPlessis. Bien sûr, on a parlé de Zïlon lui-même, de sa personnalité, mais on a jasé aussi qu’il faudrait faire quelque chose pour lui rendre hommage. Dans la communauté LGBTQ+, beaucoup de gens se souviennent encore des soirées où il dessinait en direct et aussi de ses dessins dans les toilettes qui étaient devenus sa marque aussi en quelque sorte. Je collabore au Festival Mtl en Arts depuis plusieurs années, donc je trempe dans le milieu des arts et je me suis dit : pourquoi ne pas consulter la SDC du Village et leur proposer un événement sur les œuvres de Zïlon ? De là est née l’idée de cette exposition sur Atateken. Comme on dit, je suis arrivé au bon moment ! »

    Simon DuPlessis rend donc visite à la directrice générale de la SDC, Gabrielle Rondy, dans les premiers jours de janvier 2024 pour lui en parler. « Je voulais lui proposer quelque chose pour l’espace de l’ancienne Galerie Blanc [devenue la place du Village], entre Wolfe et Atateken. Finalement, Gabrielle, très enthousiaste, me propose plutôt de faire quelque chose sur la rue Atateken même ! Elle me propose aussi de l’organiser. Ce serait un projet porté par la SDC du Village, avec le financement de l’arrondissement de Ville-Marie et en partenariat avec le Festival Mtl en Arts. Que demander de mieux ? J’étais à la fois excité et nerveux puisque c’est la première fois que je m’occupe d’un tel projet », dit Simon DuPlessis. 

    Et ici, l’idée d’occuper la rue Atateken a plu à l’arrondissement et à la SDC parce que cela comportait un aspect de pouvoir tenir d’autres expositions publiques. « Il s’agissait d’instituer quelque chose de plus permanent et de voir au-delà de l’exposition sur Zïlon, précise-t-il. Le but était de réutiliser les structures qui avaient servi auparavant à la SDC, mais en les modifiant selon les nouvelles normes de l’arrondissement, pour qu’elles servent pour les années à venir. »

    De là, une demande de subvention au développement économique de l’arrondissement de Ville-Marie a été faite « dans l’optique de la revalorisation de la rue Atateken », spécifie-t-il. « Je me suis embarqué dans quelque chose que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais fait encore, donc je me suis entouré de gens qui connaissaient mieux ça que moi et qui m’ont guidé dans les demandes de subventions, les règles à suivre, etc. », indique humblement celui qui a monté pourtant, il y a quelques années, l’événement « L’Émmental expiré », avec des auteur.e.s et artistes durant les célébrations de Fierté Montréal.

    « Les gens ont été très réceptifs à l’idée d’une exposition sur Zïlon. La collaboration de la SDC du Village a été fantastique dès le départ. Zïlon a marqué bien des soirées dans les bars du Village, je suis content que cette exposition puisse avoir lieu dans le Village même », dit-il. 

    Mais attention, ce n’est pas dans l’optique d’une « rétrospective » de Zïlon. « Cela va donner une bonne idée au public des différents médiums utilisés par Zïlon, que ce soit de l’encre, des pastels, des acryliques, etc. Ce sont différents styles de Zïlon que les gens pourront voir ici », poursuit Simon DuPlessis. On retrouvera donc des panneaux de 3 pi x 4 pi.

    Le tout, dans des teintes de noir, rouge, gris et blanc, qui sont des couleurs utilisées très souvent par Zïlon, alors que le graphisme reste simple et sobre pour mettre en évidence les œuvres elles-mêmes. 

    D’une part, il y a des reproductions, mais il y a également des portraits de Zïlon réalisés par l’artiste et photographe Jean Chaîney, un autre grand ami de l’artiste décédé. « Jean Chaîney avait plein de clichés de Zïlon captés dans des événements, des soirées, etc., explique-t-il. Il y a là de beaux portraits de son visage, on voulait montrer cet aspect-ci aussi de la vie de Zïlon. Il y a là quelque chose de plus intime en quelque sorte. Mais encore là, ce n’est pas une rétrospective de sa vie ou de sa carrière, c’est plutôt un hommage à la personne qu’on a connue, qui était notre ami. » Et c’est une exposition approuvée par la succession de Zïlon.

    On y verra par la même occasion des textes d’hommage à l’artiste par certain.e.s de ses ami.e.s les plus proches : le grand artiste Armand Vaillancourt, l’animatrice Geneviève Borne, l’artiste peintre Cédric Taillon (avec un beau texte très senti), l’artiste Éric Godin, l’ex-agente de Zïlon France Cantin, l’artiste, agente et organisatrice Kat Coric, les artistes bien connu.e.s dans la communauté LGBTQ+ que sont Yvon Goulet et Patricia Klimov, ainsi que Sterling Downey (le conseiller municipal du district Desmarchais-Crawford à Verdun et artiste graffiteur lui-même et organisateur du festival graffiti Under Pressure de Montréal). « Iels ont toustes été ravi.e.s de pouvoir collaborer à cette exposition, continue Simon DuPlessis. Iels tenaient à lui rendre hommage. Cela m’a beaucoup conforté dans mes idées de faire quelque chose pour perpétuer la mémoire de Zïlon puisque, presque un an après sa mort, on n’avait encore rien réalisé en ce sens. » 

    « Nous voulions que l’exposition se prolonge jusqu’au 1er octobre pour que cela puisse
    s’inscrire dans la programmation des Journées de la culture (27, 28 et 29 septembre) et donc que cela fasse partie de ce circuit », dit Simon DuPlessis. 

    « Ce que j’ai appris dans ce projet-là, c’est en partie ce que Zïlon m’a appris aussi : ce travail d’organisation — parce que cela ne paraissait pas, mais il était organisé — mais aussi ce travail de minutie, du sens du détail qu’il avait, dit-il. C’est une belle façon de lui rendre hommage, je trouve. Même mort, il continue de m’en montrer ! »

    Zïlon : légende urbaine est donc une exposition hors norme et qui sort des sentiers battus parce que ce n’est pas ce à quoi on s’attendrait si c’était présenté dans une galerie d’art, par exemple. Il y aura là un petit quelque chose d’intimiste et un regard un peu personnel sur Zïlon posé par plusieurs ami.e.s de l’artiste. 

    « C’est le premier projet d’une série et qui jette les bases d’un certain hommage à la mémoire de Zïlon. Nous restons ouvert.e.s aux collaborations futures », de conclure Simon DuPlessis.   

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