Poudreuse : l’incontournable roman de la rentrée !

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Il y a de ces romans qui semblent au premier abord inoffensifs, mais se révèlent pourtant de véritables coups de poing littéraires et Poudreuse se range définitivement dans cette catégorie d’exception. Happé, dès la première ligne, par l’écriture poétique et brutale de Sophie Lalonde-Roux, il demeure impossible de s’en détacher avant d’en avoir tourné la dernière page.

Relaté à la première personne et avec une précision quasi chirurgicale, Loup-Antoine y expose la vacuité de son existence, le quotidien d’un homme écorché vif qui ne voit en lui qu’un moins que rien. Mis à la porte par une mère excédée en raison de son désœuvrement et de ses problèmes de toxicomanie, il s’enfonce dans l’itinérance et la dépression jusqu’à ce qu’il croise Étienne, un compagnon d’études qu’il avait perdu de vue. Celui-ci l’invite à partager son logis et une relation amoureuse se tisse bientôt entre les deux hommes.

Habité par la poisse et convaincu qu’il ne mérite pas d’être heureux, il saborde cependant cet amour qu’il juge immérité et abaisse ainsi la première pièce d’un jeu de dominos aux conséquences tragiques. Il se réfugie à Gaspé, où il espère échapper à une culpabilité étouffante et recoller les morceaux d’une existence brisée.

Le sujet est loin d’être léger et pourrait aisément sombrer dans le misérabilisme à tout crin, mais ce n’est cependant jamais le cas puisque l’autrice fait montre d’une étonnante habileté dans une écriture qui, malgré l’âpreté des événements relatés et la brutalité de la prose, demeure à la fois poignante et lyrique.

« J’ai eu vingt-deux ans la semaine passée. Pour célébrer, j’ai fait de la coke. Tout seul. »

« Ma mère me prend par les épaules quand elle remarque que je suis trop agité, que j’ai trop la shake. […] ferme les yeux, rentre en dedans de toi-même pis va mettre la switch à off dans ta tête. Le problème, c’est pas tant de la fermer que de la trouver, la criss de switch. »

Les mots sont abrupts et impitoyables et les émotions toujours à fleur de peau et il s’avère bien souvent impossible de ne pas chanceler de concert avec Loup-Antoine ou de se gonfler d’espoir au rythme de chacune de ses victoires, si minimes soient-elles. Inutile de dire que le récit prend bien souvent à la gorge, navigant avec aisance à travers toute la gamme des émotions.

Une première œuvre bouleversante et extrêmement bien maîtrisée !

INFOS | Poudreuse / Sophie Lalonde-Roux. Longueuil : L’Instant même, 2024, 116 p.

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