Vendredi, 14 février 2025
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    Rentrée théâtrale, Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et Espace Libre

    Plus que jamais, les théâtres souhaitent présenter des spectacles qui collent à nos réalités, à nos défis, et à nos peurs comme société. On met l’accent sur la création. Ce n’est pas une surprise puisque certaines scènes montréalaises se sont données comme mandat la création. Comme c’est le cas du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui (CTDA). Ou encore l’espace libre. Ces deux institutions ont depuis longtemps mis les efforts sur la création, avec des propositions fortes, dérangeantes mais aussi inspirantes. Elles croient aux talents des plus jeunes mais aussi à l’expression de la diversité, des diversités en jouant sur les croisements, que ce soient dans les formes d’expression, le théâtre, la musique, la danse, que du croisement des paroles, des paroles d’ici, mais aussi des paroles d’ailleurs.
     
    Petit survol de la programmation 24-25 de deux théâtres. On rendra compte sur le site de Fugues des programmations d’autres théâtres dont le lancement n’a pas encore eu lieu au moment d’aller sous-presse. Deux volets sous-tendent les spectacles présentés au CTDA que le directeur artistique, Sylvain Bélanger, résume ainsi « Les territoires et les francophonies sont extrêmement présents dans nos choix, avec des inspirations qui viennent du Viêt-Nam, du Burundi, du Nouveau-Brunswick ou encore de franco-ontariens, il y a des français qui sont parlés à travers le monde, ce qui rentre dans la mission du CTDA qui se positionne comme un théâtre avant tout francophone. Le deuxième volet de la saison est un peu un renversement face à des pièces qui jouent beaucoup autour de l’inquiétude face à l’avenir, comme d’une fin du monde imminente, où la peur et l’anxiété prédominent, nous avons plutôt que de rester sur cette note négative, de regarder ce qui est constructif, en somme de mettre l’accent sur ce qui restera, sur ce qu’on aime.
     
    À titre d’exemple, La démagogie des dragons de Tamara Nguyen dans une mise en scène de Vincent Kim, donne une voix francophone à deux Vietnamiens qui ont grandi au Québec et qui connaissent peu ou pas leur culture d’origine. Le choc est grand quand ils décident de découvrir la terre de leurs ancêtres. Quelle est leur identité ? Sont-ils Québécois, Vietnamiens, face à une culture qu’ils découvrent et qui leur est étrangère. Dans la même veine, Neige sur Abidjan de et par Iannicko N’Doua nous transporte dans une autofiction puisque Ianniko N’Doua découvre son pays d’origine pour la première fois en 2008. 15 ans plus tard, il nous livre ses réflexions sur ces longs allers-retours dans sa recherche identitaire et de la porosité des frontières entre deux pays, deux cultures qui l’ont façonné. Sur scène, il sera accompagné par un grand auteur et dramaturge malien, Hamadoun Kassaogué gardien d’une mémoire avec laquelle, lannicko N’Doua devra se réapproprier.
     
    Pour illustrer cette nécessité de retrouver de l’espoir et de l’amour même à la veille d’une catastrophe, le CTDA ouvre ses portes au dramaturge Sébastien David qui signe Une fin dans une mise en scène de Laurence Dauphinais et Patrice Dubois. Le soleil est de plus en plus chaud, tout va brûler, et il ne reste que deux mois à vivre. La fin est inéluctable. Comment passe-t-on alors ces deux derniers mois, en se consacrant peut-être à l’essentiel, en osant ce qu’on jamais eu le temps de faire. Une centaine de personnages joués par 16 comédien.ne.s se voient donc confrontés à cette urgence et chacun bien sûr réagit et agit de manière différente. La programmation du CTDA est longue et riche et demande que l’on s’y plonge, pour découvrir plein de petites perles à découvrir. Un peu de curiosité et le désir d’être
    enchanté, bouleversé, surpris, voire conquis devrait suffire à s’y présenter.
     
    Le théâtre de l’Espace Libre présentait sa saison 24-25 signée Félix-Antoine Boutin, le directeur artistique qui a pris ses fonctions l’année dernière. On ne parle pas de programmation mais de séries, en fait un amarrage de plusieurs spectacles autour d’un thème donné, et faisant appel à d’autres formes d’art, comme le cinéma. « On veut mettre en connexion des spectacles avec d’autres spectacles plus hétéroclites, avance Félix-Antoine Boutin pour que le public aille voir d’autres propositions qui auraient des liens entre elles ». Et bien entendu, la part belle est femme aux femmes dans la série Matières intimes. La saison s’ouvrira avec Cher journal : une mutation de Pénélope Deraîche Dallaire, un spectacle autant théâtral que visuel selon Félix-Antoine Boutin. Socialement, être reconnue comme femme demande souvent de taire ses fantasmes, ses angoisses et ses peurs. Mais leur exploration et leur exposition ne sont-ils pas nécessaires pour envisager une transformation voire une renaissance, et la nature n’est-elle pas le meilleur chemin pour commencer cette aventure.
     
    Avec Série Cinéma, Félix-Antoine Boutin ose la question, le cinéma a-t-il sa place dans une salle de théâtre ? Une partie de la réponse est donnée avec Les Voix Humaines une installation multimédia créée par Larissa Corriveau et déjà présentée à la cinémathèque de Montréal autour de la comédienne Monique Miller. Un voyage fragmentaire dans la carrière et la vie de la grande dame. La grande dame sera d’ailleurs présente puisqu’après le visionnement du documentaire, Monique Miller reprendra un texte de Louis-Georges Carrier, L’indiscret, un télé-théâtre présenté en 1963 et dans lequel Monique Miller jouait. Une femme seule sur scène attend le retour d’un homme.
     
    Et peut-être parce Monique Miller a préservé en elle l’enfant qu’elle a été, L’Espace Libre ouvre ses portes et sa scène à l’enfance. Avec l’adaptation tout à fait libre du film de Jean Vigo, Zéro de conduite, (film tourné en 1933 et interdit de diffusion jusqu’en 1946), le metteur en scène Jérémie Niel propose sa version de la révolte des enfants devant un monde qu’ils ne comprennent pas, qui ne les reconnaît pas. Un camp de vacances, 8 enfants, deux moniteurs, Sabri Attalah et Gabriel-Antoine Roy, et une directrice Macha Limonchik, et tout dérape quand les enfants refusent le système dans lequel ils sont enfermés. Sachez aussi que l’Espace Libre se joint à l’initiative prise par le théâtre Prospéro l’année dernière, c’est-à-dire de payer sa place selon ses moyens (Solidaire -504; Régulier – 38$; Accessible – 30$; Série complète – 25$ par billet). Un aperçu rapide de ce que proposent deux théâtres, nous rendrons compte sur le site des programmations d’autres théâtres dès que les lancements auront eu lieu.

    INFOS | Pour le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui www.theatredaujourd’hui.qc.ca
    Pour l’Espace Libre www.espacelibre.qc.ca

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