Cette association qui existe depuis 2001 et à laquelle participent plus de 380 personnes organise des activités pour hommes gais de 50 ans et plus. Soupers communautaires, brunchs le dimanche — une des activités des plus populaires d’ailleurs — groupes de discussion, sorties culturelles, sorties dans des restos, balades sur le Mont-Royal (durant la saison chaude), etc. Ce groupe ne cesse de diversifier ses activités afin de briser l’isolement de ces hommes et de créer un sentiment d’appartenance et d’entraide.
Récemment, en remplacement de Jocelyne Légaré, qui est en congé maladie, voici que l’ARCG vient de nommer, il y a quelques semaines, Sébastien Dulude en tant que directeur général par intérim de l’organisme.
Nommé depuis bientôt deux mois, Sébastien Dulude se sent tout à fait chez lui. «J’étais déjà membre depuis plusieurs années. Puis, j’ai vu que le poste [à la direction générale] était disponible. J’ai appliqué et je l’ai eu. Je trouve l’ARCG merveilleux, il permet de briser l’isolement, les gens peuvent se rencontrer, développer une fraternité, cela répond à un besoin affectif », de dire celui qui est intervenant psychosocial depuis une trentaine d’années, et « qui a fait bien des projets dans sa vie ».
Sébastien Dulude s’est trouvé un local de bureau à l’Entraide des grands brûlés, sur la rue Saint-Hubert, et dont il est le vice-président du conseil d’administration. Car effectivement, comme l’ARCG a toujours fonctionné de manière bénévole, l’association ne possède pas de bureau. « Ce bureau est une gracieuseté de l’Association des pompiers de Montréal et des Grands brûlés », dit-il. Il y a quelque temps, l’ARCG a reçu une subvention de 600 000 $ d’Emploi et développement social Canada pour accompagner les gens qui ont des besoins spécifiques, pour engager du personnel et pour louer des locaux. « Il y a beaucoup de besoins, d’où la création de plusieurs postes : un coordonnateur, un intervenant, un adjoint administratif et peut-être aussi un autre intervenant pour aller chercher des bénévoles pour aider les autres. Il ne faut pas oublier que notre mission est justement “par et pour les
membres” et ainsi venir en aide et en appui aux gens qui sont dans le besoin », souligne-t-il. Bien sûr, comme chaque nouveau directeur, Sébastien Dulude rêve un peu, il a de l’énergie à revendre pour réussir des projets pour l’ARCG. « Mon souhait serait d’acheter un building pour l’ARCG pour des personnes en chaise roulante, en marchette, etc., et offrir des services avec des intervenants, un lieu où ils vont se sentir chez eux, pour prendre un café, pour discuter, pour qu’ils soient épanouis. L’autre facette serait de poursuivre les activités de socialisation, de répondre à leurs besoins parce que l’ARCG est un organisme de bienveillance qui se soucie de la qualité de vie de tant d’hommes qui vivent parfois isolés, qui n’ont pas envie de retourner au placard. Et ça, c’est une réalité plus qu’on ne le pense, même aujourd’hui en 2024 ! »
Évidemment, ce souhait ne se réalisera pas dès demain, il n’y a malheureusement pas de baguette magique d’Harry Potter et nous ne vivons pas dans le merveilleux monde du « ministère de la Magie » ! Alors que peut-on faire dans la réalité ? « Dans l’immédiat, il y a l’ouverture d’un bureau à la Halte 24/7, au coin de Rachel et De la Roche, face au parc Lafontaine. On peut y louer des salles et […] faire des activités à l’extérieur dans le parc, surtout quand il fait beau, je crois que les gens vont beaucoup apprécier ça », explique Sébastien Dulude.
Le mot « bonheur » revient souvent dans la conversation. « J’aime faire les choses dans le bonheur, j’aime travailler dans le bonheur », dit avec un large sourire Sébastien Dulude. Et il veut justement s’occuper du bonheur de ceux qui sont moins fortunés. Car, s’il y a des gens qui ont eu un emploi avec une belle retraite dorée, d’autres n’ont pas cette chance et peuvent vivre dans la maladie et la pauvreté. « Nous distribuons des cartes de 50 $ de l’épicerie 3 Paniers [sur Sainte-Catherine Est], indique-t-il. Discrètement, nous payons aussi le brunch du dimanche à ceux qui n’en ont pas les moyens, car ils ne désirent pas que les autres le sachent. Ils ont droit comme tout le monde de pouvoir y participer, d’avoir du plaisir, d’avoir un peu de bonheur dans leur vie et cela contribue à briser leur isolement et à se faire des amis. Et je le répète, c’est ce qu’il y a de merveilleux avec l’ARCG. »
Ce nouveau directeur général par intérim a rencontré dernièrement Steven Guilbault, le député de Laurier-Sainte-Marie et ministre de l’Environnement dans le gouvernement Trudeau. « Je lui ai parlé des gens du troisième âge qui vivent de la stigmatisation, de la discrimination, il faut les faire reconnaître, il faut les aider. Il faut continuer la mission de Renaud Paré. Je me suis senti écouté par Steven Guilbault, il était attentif », note Sébastien Dulude. Lors de cette entrevue, nous avons malheureusement appris le décès du fondateur et idéateur de l’ARCG, Renaud Paré, le 11 août dernier. Alors que le défilé de Fierté Montréal battait son plein, Renaud Paré s’en est allé à 14 h 30 exactement, soit lors de la minute de silence. « Il a été emporté par un cancer généralisé, dit avec tristesse Sébastien Dulude. C’était quelqu’un d’une grande empathie envers les gens, c’était un rassembleur. C’est pourquoi nous voulons rassembler les gens, les membres, pour lui rendre hommage puisque c’était aussi un grand défenseur des droits LGBTQ+. J’aimerais créer un comité “Renaud Paré” pour continuer à perpétuer de manière spécifique son œuvre. »
Pour la petite histoire, en 2001, Renaud Paré met une annonce dans le Fugues pour savoir si des hommes gais plus âgés voudraient se rencontrer lors d’un brunch le dimanche. C’est le succès instantané, plusieurs dizaines de personnes se présentent lors de ce repas et forment presque immédiatement des amitiés. Renaud Paré comprend que le besoin est grand et crée alors le groupe des Aînés et retraités de la communauté. « Le Fugues nous a beaucoup aidés, il fait la différence, mais des gens ne connaissent pas encore l’ARCG. Un de mes objectifs est justement de publiciser l’ARCG, de dire aux gens qu’il existe, qu’on peut les aider, qu’ils n’ont pas à se cacher, qu’on peut tisser des liens et participer à des activités », de conclure Sébastien Dulude.
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