Mercredi, 15 janvier 2025
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    Le livre qui célèbre les familles queers du Québec

    Marianne Chbat vient de publier Familles queers (Éditions du Remue-ménage), un livre débordant de témoignages plus variés les uns que les autres sur la parentalité LGBT+, l’évolution historique de nos familles, la reconnaissance sociale, le soutien de la communauté, les enjeux de la procréation, la créativité de nouvelles cellules familiales, l’impact majeur de la Coalition des familles LGBT du Québec dans leur vie et bien plus encore.

    Quel est le lien entre le livre, l’exposition et le balado conçus en lien avec les 25 ans de la Coalition ?
    Marianne Chbat : L’année dernière, la Coalition a souligné son anniversaire en organisant plusieurs activités, dont un vernissage dans lequel une trentaine de familles queers avaient été prises en photos à travers la province. J’en faisais partie. Quand on était photographié, il y avait aussi une entrevue qui allait servir à un podcast nommé Pour moi, la famille.

    Par la suite, Mona Greenbaum, la codirectrice de la Coalition, m’a proposé d’aller plus loin dans l’analyse et d’écrire un livre avec tout le contenu accumulé, pour faire briller encore plus les familles. Ce sont des projets différents. On ne redit pas les mêmes choses.

    La Coalition a été témoin des changements non seulement dans la façon de créer des enfants, mais aussi dans les structures familiales.
    Marianne Chbat : On peut commencer en parlant de la recomposition familiale. Les parents LGBTQ+ ne font pas exception aux familles hétéroparentales : environ le tiers des parents queers se séparent, avec la possibilité de créer des recompositions familiales. Il y a aussi des familles pluriparentales dont le projet initial incluait déjà plus que deux parents.

    Au Québec, on ne peut pas faire reconnaître plus de deux parents sur un certificat de naissance, contrairement à d’autres provinces canadiennes comme l’Ontario et la Colombie-Britannique, mais la pluriparentalité se retrouve parmi nos familles. Certaines d’entre elles sont aussi polyparentales ou polyamoureuses, avec des relations amoureuses et romantiques entre certain.e.s partenaires. Il y a aussi les donneurs qui deviennent parrains ou les femmes qui portent l’enfant ou donnent des ovules qui deviennent marraines. Ainsi que les ami.e.s qui deviennent parents sans être dans une
    structure amoureuse ou sexuelle. Et d’autres.

    Le livre témoigne de diverses réalités, sans nécessairement les comparer.
    Marianne Chbat : On n’est pas tous égaux dans l’acronyme LGBTQ+. On a des défis généraux qui sont de l’ordre du système hétéronormatif. Ensuite, chaque personne vit des enjeux spécifiques selon ses réalités, surtout si elles sont minorisées sous d’autres axes. C’est important de reconnaître qu’il n’y a pas une homogénéité des défis rencontrés dans nos communautés.

    Peux-tu identifier un moment charnière dans l’histoire de la parentalité queer ?
    Marianne Chbat : L’année 2002 a été une étape cruciale dans la reconnaissance des droits des familles LGBTQ+ au Québec. À partir de ce moment, on pouvait retrouver deux parents de même genre sur un certificat de naissance. C’est un moment historique. Le Québec est un des premiers États dans le monde où cette possibilité n’était pas tributaire du mariage. Ça a placé le Québec comme un État idéal pour les personnes LGBTQ+, ce qui peut jouer en notre défaveur. Comme on a obtenu cette reconnaissance depuis bientôt 25 ans, tout semble acquis et certaines personnes peuvent se demander de quoi se plaignent encore les parents LGBTQ+.

    Le travail est pourtant loin d’être terminé…
    Marianne Chbat : La reconnaissance légale est insuffisante pour parler de pleine reconnaissance ou d’égalité. Il y a encore plein de défis de représentation et d’acceptation sociale. Je commence le livre avec un exemple : quand ma fille a commencé à l’école, on lui a posé les questions classiques, dont « Comment s’appellent ton papa et ta maman ? » Elle a répondu qu’elle n’avait pas de papa. La professeur n’a pas pensé à demander si elle avait une autre maman. Ça indique qu’on intériorise encore fortement le modèle hétéronormatif comme étant le seul.

    On dit souvent que ça prend un village pour élever un enfant, mais ça implique aussi que des parents doivent composer avec les visions des amis, de l’école, de la garderie et de leur parenté sur leurs choix. Serais-tu d’accord pour dire que c’est souvent comme avancer avec un vent de face ?
    Marianne Chbat : Effectivement. Cela dit, le livre montre qu’il y a beaucoup de fierté et de résilience dans plusieurs familles, et que le réseau est super important. Plusieurs personnes sont en appui à nos familles. Plusieurs d’entre elles nous ont parlé de la présence des grands-parents, des ami.e.s, de la fratrie. Ce sont des réseaux essentiels à la survie, au maintien et au bien-être de la famille. 6

    INFOS | Familles queers de Maranne Chbat, Les éditions du Remue-Ménage, 2024

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