Doudou se perd au milieu d’un travail qui lui semble de plus en plus abrutissant et d’amis au milieu desquels elle se sent de plus en plus seule. Il y a bien cette fille qu’elle a rencontrée sur Tinder, mais elle se rend presque au rendez-vous à contrecœur.
Le bédéiste Keelan Young nous présente un portait saisissant de vérité d’une jeune femme dont le boulot, les soins infirmiers, constitue à la fois le centre salvateur de son univers, mais également un gouffre dans lequel elle s’enfonce un peu plus chaque jour.
À travers les fêtes, les amoureuses de passage et le train-train quotidien, on partage l’abattement qui l’habite, mais également l’espérance de se réinventer qu’elle tente de museler tant le concept même de bonheur l’effraie.
Du moins, jusqu’à la catastrophe d’un pot brisé, événement à la fois insurmontable et profondément insignifiant, qui ramène tout son univers à de plus justes proportions et la conduit à redonner un sens à sa vie.
C’est avec une grande économie de mots et des planches dépouillées, mais toujours lourdes de sens, que Keelan Young nous présente un portrait intimiste à la fois dérangeant et inspirant.
Pots cassés / Keelan Young. Montréal : Mains libres, 2024, 112 p. (Bandes dessinées)