On ne peut que se réjouir de pouvoir enfin savourer une traduction française du premier volume de Ménage à trois, l’hilarante bande dessinée de Gisèle Lagacé et David Lumsdon, qui marie des personnages qui semblent tout droit sortis de l’univers naïf de Archie Comics, avec un ton délicieusement libertin, voire parfois même grivois.
Originellement publiée entre 2008 et 2019, la série rencontra un succès immédiat et a la particularité de se dérouler à Montréal. L’intrigue commence alors que Gary perd ses deux colocs qui viennent de réaliser qu’ils étaient gais et emménagent ensemble.
Sa situation financière ne lui permettant pas de vivre seul, il affiche donc les deux chambres libérées et se retrouve avec deux femmes aux caractères diamétralement opposés : Zii, une punk rocker pansexuelle qui n’a pas la langue dans sa poche, et Didi, une bombe sexuelle un peu crédule.
Cette cohabitation n’est pas sans créer de heurts puisque Gary est toujours vierge, mais doté d’une libido exacerbée que même son immense collection pornographique ne parvient pas à endiguer. S’ajoutent à ce brouhaha émotif et sexuel, Dillon et Matt (ses anciens colocs), de même que Sonya, qui ne couche qu’avec des femmes, même si elle insiste pour dire qu’elle n’est pas lesbienne, et Yuki, qui souffre de phallophobie (la peur des pénis).
Le tout n’est pas sans rappeler la prémisse de séries télévisées à la Three’s Company mettant en scène une cohabitation improbable. S’ensuit bien évidemment toute une panoplie d’intrigues rocambolesques, toujours teintées d’un zeste (ou même, d’un citron entier) de sexe bon enfant. De fait, toute la gamme des sexualités et des orientations y est abondamment représentée et contribue à l’humour généreusement déjanté de la série.
À noter que la place occupée par Montréal n’est pas qu’anecdotique : de nombreux détails visuels ou même culturels en témoignent tout au long de la lecture (par exemple, la chanson « T’es mon amour, t’es ma maîtresse » en arrière-plan d’une scène). Il ne faut pas s’en surprendre, puisque David Lumsdon réside à Ottawa et Gisèle Lagacé est née et vit toujours au Nouveau-Brunswick.
La série a remporté plusieurs prix et s’est complexifiée au fil des années, apportant des développements inattendus à une galerie de personnages hauts en couleur qu’elle met toujours habilement en scène. Bref, il est impossible de résister à ce ménage à trois et on ne peut qu’attendre avec impatience la publication des quatre autres volumes de la série.
INFOS | Ménage à 3, vol. 1 / Gisèle Lagacé & David Lumsdon. [France] : Komics Initiative, 2024, 352 p.