Ezmira est une petite localité qui tient à la fois de la ville intelligente et du hameau de contes de fées puisque haute technologie et magie semblent s’y combiner allègrement. Bien que fort accueillante pour les touristes, sa population est cependant très contrôlée et ne dépasse jamais 7 000 âmes.
C’est donc dire que l’arrivée de tout nouveau résident est examinée avec le plus grand soin. Cependant, il est parfois difficile de séparer le bon grain et l’ivraie comme nous le révèle Edward Scott Mykietyn, Montréalais d’adoption, dans quatre récits.
Dans un premier temps, une richissime famille prend possession d’un manoir ancestral. Le regard du patriarche est cependant rapidement obnubilé par la faune locale, en particulier les loups, qui se distingue par un magnifique pelage blanc. Une caractéristique qui viendra raviver des traditions de chasse sportive et se heurtera rapidement à la vindicte de la population locale.
De son côté, le corps professoral du collège local fait l’embauche d’un nouveau professeur, doté de pouvoirs de divination, afin d’enrichir les forces du département de littérature et réaliser une entrevue avec un esprit qui tourmente les lieux depuis nombre d’années. Amants désincarnés, meurtres et secrets nazis se révéleront bientôt faire partie de l’ADN de la vénérable institution.
Un jeune couple participe au festival de rodéo annuel de la petite municipalité.
La tranquillité du séjour est cependant bien vite troublée par des enjeux où inceste, violence et mort d’un familier sont à l’honneur.
Finalement, un sorcier de 50 ans passe une entrevue pour un poste convoité où les questions tournent étrangement plus sur ses réalisations personnelles en lien avec la communauté LGBT que sur ses qualifications professionnelles. La conclusion en surprendra sans doute plusieurs.
La référence au conte de fées n’est pas innocente puisque l’auteur construit son univers et ses personnages en se basant sur les archétypes ainsi que sur des thèmes récurrents de ces derniers. On y retrouve par exemple des échos de Barbe-Bleue, de Blanche-Neige et de nombreux éléments en lien avec le sacré animalier, de même que la notion d’épreuves que tout héros se doit de traverser. Par ailleurs, comme dans les contes, le merveilleux de certaines situations est présenté comme allant de soi et ne surprend donc à peu près personne.
On ne peut que souhaiter que l’auteur pose à nouveau son regard sur cet univers puisque la prémisse de certains récits laisse promettre et appellerait même à de plus grands développements.
INFOS | The parables of Ezmira / Edward Scott Mykietyn. s.l. : À compte d’auteur, 2020. 189p.