Du 22 au 23 novembre dernier, le GRIS-Montréal a organisé un colloque intitulé « Jeunes queers et montée des discours adverses au Canada francophone », réunissant des organismes LGBTQ+ de la francophonie canadienne pour aborder les défis liés à la montée des discours haineux. C’est la première fois que le GRIS organise un congrès de cette taille sur un sujet qui polarise énormément en ce moment nos sociétés occidentales.
« On se rencontrait essentiellement pour faire un état de la situation, pour renforcer
l’importance d’inclure les jeunes LGBTQ+ et voir quelles sont les bonnes pratiques en la matière pour pouvoir aussi les protéger de ces discours de haine qui se propagent dans notre société », explique Marie Houzeau, la directrice générale du GRIS-Montréal. « Il y avait aussi des personnes d’organismes hors des grands centres urbains, tout le monde était ici pour partager ce qui se [vit] normalement en silo, souligne Gabrielle Richard, la directrice de la recherche au GRIS. On sentait qu’il y avait une demande pour se rencontrer, pour échanger nos idées, pour prendre du recul aussi. Cette demande de rencontre venait à point compte tenu du contexte social actuel. On s’est retrouvé donc avec environ 90 personnes et une quarantaine d’organismes, dont 23 associations proviennent hors Québec. »
« Avec le GRIS, cela fait plusieurs années que nous avons des contacts avec des communautés francophones (LGBTQ+) hors Québec, que ce soit en Alberta, dans les Maritimes, le GRIS-Acadie, etc. S’il y a certaines spécificités, par contre nous avons beaucoup de similarités, dont le fait français. Comment [vivent] ces minorités, […] comment on peut tous s’entraider pour qu’elles se sentent moins seules dans leur coin ? Ce colloque était aussi pour se donner des espaces de care, un espace bienveillant face à ce que nous vivons dans la société et la montée des discours haineux qu’on ne voyait pas auparavant », de souligner Marie Houzeau.


Il s’agissait essentiellement de voir comment les gens de ces différentes organisations pouvaient mobiliser leurs communautés respectives, la société civile, les pouvoirs publics, etc., le tout « dans un contexte de polarisation », dit Marie Houzeau. Et, à juste titre, de voir aussi ensemble les méthodes qui ont fonctionné. « Un des objectifs était, également, de renforcer les liens entre nous, de se redonner un nouveau souffle là où le découragement pourrait l’emporter, continue Marie Houzeau. De ne pas oublier sa communauté, son organisme, les gens qui nous entourent et où l’on peut faire une différence [dans ce combat contre la haine]. »
« On mettait parfois le doigt sur quelque chose qui était très vif vu l’ampleur des problèmes, poursuit pour sa part Gabrielle Richard. Comment on fait pour agir face à la problématique de l’arrêt des soins d’affirmation de genre en Alberta pour les jeunes trans ? Ou encore ceux qui ont lutté contre la désinformation en milieu scolaire au Nouveau-Brunswick ? Il y a des initiatives intéressantes. C’est bon de les partager parce que cela donne aussi de l’espoir. »
Parfois, dans notre société technologique, on ne pense pas à aller chercher des outils chez les plus anciens. Pourtant, il y a là une expertise en matière de luttes diversifiées. « Ce qui m’a frappé lors d’un atelier, c’était la communauté intergénérationnelle. Les jeunes étaient intéressés à connaître les anciennes générations qui ont combattu pour l’égalité des droits, etc. Il nous faut renforcer les liens entre les diverses générations de nos communautés et apprendre ce qui s’est fait dans le passé pour lutter efficacement aujourd’hui », dit Marie Houzeau.

Ces organismes ont travaillé ensemble pour une stratégie de lettres adressées à deux publics différents : d’abord, à la société civile, et ce, d’un océan à l’autre au Canada ; ensuite, une autre destinée aux autorités fédérale et provinciale. « Nous avons une équipe formidable qui a produit un fanzine qui sera envoyé à tous les groupes membres. Il y a un grand appétit de faire des choses en commun ici », poursuit Marie Houzeau. Mais cela ne signifie pas que le GRIS-Montréal va prendre des positions publiques sur certains sujets. Puisqu’il est membre du Conseil québécois LGBT, il va laisser cet organisme de défense des droits continuer ses interventions auprès des diverses instances, « il n’y a pas ici de changement de vocation pour le GRIS », affirme-t-elle.
Sur un autre plan, le GRIS-Montréal a toujours pour objectif d’atteindre les 1000 ateliers dans le milieu scolaire. « Nous avons déjà 700 ateliers programmés en ce moment, donc on n’a pas de crainte. On sait qu’on se dirige vers les 1000 interventions en 2025, mais on refuse plusieurs demandes parce que nous n’avons pas suffisamment de bénévoles. Nous lançons un appel pour des bénévoles intervenants de tous les horizons, de toutes les origines et de tous les âges afin de mieux représenter nos communautés dans les écoles », insiste la directrice générale du GRIS-Montréal. Les membres du GRIS-Montréal ont aussi participé au Symposium international sur l’inclusion et l’exclusion des personnes LGBTQ+ : bilan du passé, regard vers le futur, du Projet SAVIE-LGBTQ+, les 28 et 29 novembre 2024, en collaboration avec la Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres (DSPG) de l’UQAM.
Là aussi, on a abordé la question des discours haineux envers les communautés LGBTQ+. « On a senti qu’il y a un grand besoin pour faire des études, des recherches sur qui sont ces personnes homophobes et transphobes et pourquoi le sont-elles justement, s’interroge Gabrielle Richard. Nous nous devons de mettre l’emphase sur les différentes visions du monde et pourquoi ces personnes n’ont-elles pas ces visions d’un monde plus ouvert, plus accueillant, plus réceptif, etc. On se doit d’étudier ce phénomène qui, jusqu’à présent, n’a pas fait l’objet de sérieuses recherches encore », de terminer Gabrielle Richard.
INFOS | https://www.gris.ca