Mardi, 22 avril 2025
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    Des rues plus propres, des vies transformées : les Allié·e·s du Village en action

    Tout au long de l’année, beau temps, mauvais temps, ils sont là. L’été dernier, ils ont veillé sur les fleurs et les plantations avec soin, rafraîchi à coups de pinceau le ruban arc-en-ciel qui serpente sur la rue Sainte-Catherine Est et nettoyé la moindre trace de détritus sur leur passage. Leur présence est vite devenue familière, saluée tant par les commerçant·e·s que par les passant·e·s, sans oublier les personnes en situation d’itinérance qui les reconnaissent et échangent quelques mots avec eux.

    Autrefois connue sous le nom d’«Escouade du Village », cette équipe a adopté un nouveau nom qui lui sied à merveille : les Allié·e·s du Village. Cet hiver encore, deux par deux, ils ont sillonné les rues du secteur, bravant le froid mordant pour ramasser déchets et seringues, contribuant à faire du Village un espace plus accueillant. Et avec l’arrivée des beaux jours, ils seront de retour pour la piétonnisation, arborant fièrement leurs t-shirts roses et poursuivant leur mission essentielle : prendre soin du Village et de ses habitant·e·s.

    Un besoin devenu essentiel à l’année longue
    Même sous des températures glaciales avoisinant les -30°C, les Allié·e·s n’ont jamais cessé de parcourir les rues du Village. Chaque jour, ils marchent jusqu’à 12 kilomètres, affrontant le vent et la neige pour garder les artères Atateken et Sainte-Catherine propres. «Si nous n’étions pas là, cet hiver aurait été une catastrophe, confie Sasha Baga, membre de l’équipe depuis un an. À la fin de chaque journée, nous avions accumulé des sacs et des sacs de déchets.»

    Une histoire de transformation
    Mamadou, un nouveau venu depuis novembre, a lui aussi rapidement compris l’ampleur du travail. «Dès que le froid s’adoucit, on revoit les déchets qui trainent dans la rue» dit-il, soucieux. Mais son histoire, bien plus qu’un témoignage sur l’état des rues, est une véritable leçon de résilience.

    Lorsqu’il évoque son parcours, Mamadou ne peut retenir ses larmes. « Je suis un des plus chanceux de l’équipe », dit-il, la voix tremblante.

    «J’étais dans la rue, je les voyais travailler… Un jour, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allé voir Sasha. Je lui ai demandé si je pouvais me joindre à eux. Elle m’a envoyé à la Maison du Père où j’ai rencontré André Leroux, le coordonnateur Insertion et maintien au logement… J’ai été patient, je suis revenu encore et encore, jusqu’à ce qu’on accepte de me rencontrer. Sans eux, où serais-je aujourd’hui?»

    Sa gorge se noue, les larmes roulent sur ses joues. «Ils sont plus que ma famille. Ils sont ma vraie famille. Pour rien au monde j’arrêterai ce travail-là! Je remercie du fond du cœur la SDC du Village. On dit de ‘’rendre à César ce qui appartient à César’’, et bien ici c’est le cas parce que je les remercie de m’avoir pris dans l’équipe, il y a une merveilleuse ambiance ici et tout le monde s’entraide, on s’appuie les uns sur les autres. Même ma propre famille ne fait pas ça…» Mamadou s’arrête ici, s’éponge encore les yeux un peu et essaie de reprendre ses esprits.

    À ses côtés, Sasha l’écoute avec bienveillance. «Ça a pris du temps pour lui, mais il a tenu bon. Nous leur donnons une chance, mais c’est à eux de la saisir. Ils doivent persévérer.»

    PHOTO : ANDRÉA ROBERT LEZAK

    Une équipe soudée par l’entraide et la fierté
    Les Allié·e·s du Village, c’est une équipe improbable mais profondément unie. Pixel, un jeune homme enjoué, que l’on voit souvent dans la «fratrie» des Puppies, partage son enthousiasme : «Pour moi, c’est une opportunité incroyable d’apporter ma ‘’patte’’ à la communauté et d’avoir un impact concret.»

    Un jour, un résident du Village depuis 30 ans s’est arrêté pour les remercier. «On voit la différence. Le Village n’a jamais été aussi propre!» leur a-t-il dit. Et pour Pixel, cette reconnaissance vaut tout l’or du monde.

    Gilles, un homme à la crinière poivre et sel, a trouvé un refuge dans cette équipe après avoir quitté un autre emploi. «Ici, il y a du respect, une belle atmosphère. Même à -25°C, ça ne me dérange pas. J’aime ce que je fais.»

    Martin, lui, fait partie de l’aventure depuis le début. «Au départ, c’était pour des raisons financières. Mais j’adore ce que je fais. Ce travail m’apporte une expérience précieuse. Qui sait où ça me mènera?»

    Un programme de réinsertion et d’engagement citoyen
    Derrière cette initiative, la SDC du Village, en collaboration avec la Maison du Père, mise sur la réinsertion sociale et l’autonomie des participants. «Nous offrons aussi des formations en partenariat avec d’autres organismes pour aider nos membres à trouver un emploi durable», explique Gabrielle Rondy, directrice générale de la SDC du Village. La SDC, bien que cela soit au-delà de sa mission première, a développé un plan de développement personnel et professionnel avec chaque participant issu de la Maison du Père. «C’est important pour nous que ce projet des Allié·e·s serve de tremplin pour ces hommes qui ont eu des parcours très difficiles», ajoute Gabrielle Rondy.

    Le travail n’est pas toujours évident. Les interactions avec des personnes en situation de détresse peuvent parfois être délicates. «C’est pourquoi nos Allié·e·s reçoivent une formation avec la Maison du Père pour mieux comprendre et gérer ces situations. Et en cas de crise, nous faisons appel à l’EMMIS (Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale) ou au 911», ajoute-t-elle.

    Le public est également invité à participer : des panneaux dans le Village permettent de signaler des déchets via un code QR, un petit geste qui contribue à la propreté collective.

    PHOTO : ANDRÉA ROBERT LEZAK

    Ce projet est rendu possible grâce au soutien financier de l’arrondissement de Ville-Marie et de la Caisse Desjardins du Quartier-Latin, partenaire principal de la SDC du Village.

    «Les Allié·e·s du Village représentent bien plus qu’une brigade de nettoyage : c’est un véritable programme de réinsertion et d’engagement citoyen, transformant non seulement nos rues, mais aussi des vies. Leur dévouement quotidien, qu’il pleuve ou qu’il neige, est un témoignage puissant de la solidarité et de la résilience de la communauté.

    À l’arrondissement, nous sommes immensément fières et fiers de leur travail et de l’impact positif que les Allié·e·s ont sur le Village, sa communauté et les personnes qui le visitent. C’est aussi grâce à l’implication de la SDC du Village, de sa directrice générale Gabrielle Rondy, et de la Maison du Père qu’une telle initiative transformatrice a été rendue possible. Cela démontre bien que le Village et tout le district de Saint-Jacques sont solidaires», déclare M. Robert Beaudry, conseiller de la Ville pour le district de Saint-Jacques dans l’arrondissement de Ville-Marie.

    «Bien plus que des services de propreté, les Allié·e·s du Village sont de véritables ambassadeur·rice·s de notre milieu, contribuant à son dynamisme et à renforcer le sentiment de sécurité. Nous sommes fier·ère·s de soutenir cette initiative, à la fois sociale et environnementale, qui fait une différence importante dans notre communauté», soutient Simon Déry, directeur général de la Caisse Desjardins du Quartier-Latin.

    Le Village attend son été avec impatience
    Avec le retour de la piétonnisation, l’énergie festive et vibrante du Village renaîtra. Et pour les Allié·e·s, c’est aussi un moment attendu avec fébrilité. «C’est valorisant, autant pour nous que pour les gens du quartier», conclut Sasha. «Voir les sourires, les plantes en pleine santé, les rues propres… ça fait toute la différence. Et puis, on n’arrête pas d’en parler aux nouveaux : ils vont enfin vivre l’expérience de la piétonnisation!» Et lorsque le Village revêtira ses habits d’été, on les verra encore, ces Allié·e·s, marcher dans les rues, veiller sur le quartier, et surtout, être là, présents, engagés, avec cette bienveillance qui les caractérise tant. Cette année encore, on pourra profiter de la piétonnisation du week-end de la Fête des patriotes (ou de la Reine, c’est selon), soit en mai, jusqu’à la fin du mois d’octobre puisqu’en théorie, les travaux de la Ville de Montréal ne devraient débuter qu’en automne. 

    www.villagemontreal.ca

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