Devenu icône de la comédie romantique depuis que My Best Friend’s wedding (Le Mariage de mon meilleur ami) a remporté le succès que l’on sait, l’acteur britannique Rupert Everett, revient à ses racines classiques en replongeant dans le passé. Après avoir interprété le roi Charles I’en 2003, dans To Kill a King, il s’est récemment réincarné en Charles II, le fils de ce dernier, dans le très beau Stage Beauty, un film qui vient de sortir en DVD, mais qui est passé un peu inaperçu lors de sa sortie en salles durant le temps des fêtes.
Nous avons, entre autres sujets, abordé ce film sur Edward «Ned» Kynaston, la plus célèbre «actrice» de l’Angleterre du XVIIe siècle, de même que de sa participation à Shrek 1 et 2, pour la voix du prince charmant.
Récemment, tes rôles semblent être «héréditaires ». Tu as joué le roi Charles Ier dans le film To Kill a King, avant de tourner Stage Beauty, où tu interprètes son fils et successeur.
En fait, c’est pour cette raison que je voulais être dans ce film, pour que je puisse faire le tour de toute la famille royale! C’est assez amusant et intéressant de jouer le père et ensuite le fils.
On dirait que, sans sa perruque, Charles II est aussi vulnérable que Kynaston (le héros de Stage Beauty interprété par Billy Crudup) sans la sienne…
Et il a aussi l’air très maladif!
Très! Et comme Kynaston, il cherche son identité dans les artifices. Oui. Je pense que c’était une bonne idée d’incorporer cela dans le film. C’est très intéressant de pouvoir jouer un personnage qui, d’un côté, paraît fort et énergique, et de l’autre, se révèle vieux et taré. C’est donc une immense chance en tant que comédien parce que le travail d’acteur se fait déjà dans l’aspect visuel. C’est très efficace.
Jouer les princes charmants un peu infâmes te réussit bien.
Rires) Je suis un malin! Sérieusement, j’aurais bien aimé également avoir le rôle de Kynaston, mais je suis trop vieux et beaucoup trop grand. J’ai des épaules trop larges.
Donc, tu ne peux pas jouer un homme qui joue une femme ? (rires).
Les hommes, quelle que soit leur sexualité, lorsqu’ils se mettent dans la peau d’une femme, le font souvent avec beaucoup trop de manières. Les hommes aiment bien l’idée de jouer une femme et ils en font trop parce qu’ils – et là je parle des hétéros – adorent l’idée d’avoir une passivité sans bornes. (rires.) Je crois.
Kynaston a une grande crise d’identité, au point où il n’arrive même pas à jouer un homme.
Parce qu’il est enfermé dans son petit monde à lui, qui consiste à être une femme sur scène. Mais dans les coulisses, c’est juste un corps sans squelette, comme un morceau de viande molle. Beaucoup de comédiens, de stars, sont ainsi.
Est-ce que tu mets un peu de toi dans chaque rôle ou es-tu l’un de ces comédiens qui disent s’abandonner complètement?
Je ne pense pas qu’il soit possible de s’abandonner. Je crois apporter beaucoup de moi-même dans un personnage, à différents degrés.
Ces deux dernières années, tu as prêté ta voix à des personnages de films d’animation. Qu’est-ce qui t’attire dans les films animés?
C’est un travail de rêve. C’est tellement low profile. Tu te rends en studio une fois tous les six mois, juste pour la matinée, et peu importe où tu te trouves dans le monde. Pas de maquillage, les gens dans le milieu sont très fun. Tu vois un super film se faire littéralement devant toi. À la fin, ils t’emmènent partout dans le monde en jet privé pour le promouvoir. C’est du pur génie.
Tu es aussi un auteur à succès. Ton prochain livre sera une biographie, m’a-t-on dit?
J’y travaille actuellement! Il sortira en octobre 2006. C’est très romantique.
Il y a une phrase dans Stage Beauty qui m’a frappé : «Un rôle n’appartient pas à l’acteur. C’est l’acteur qui appartient au rôle.» Es-tu d’accord?
Je pense qu’ils s’appartiennent, tout simplement.