Traduction d’un ouvrage publié à l’origine en 2005, ce livre offre une rare occasion d’embrasser dans toute son horreur et son étendu, la réalité de la violence homophobe sur l’ensemble du territoire canadien.
Trop souvent, il est impossible d’aller au-delà de l’anecdotique qui parvient jusqu’à nous par l’intermédiaire des différents médias. On a également souvent l’impression que ce type de violence a considérablement diminué pour ne plus être que l’exception dans une société qui se targue dorénavant d’une grande tolérance. Après tout, n’est-ce pas même la marque de commerce du Canada et du Québec à l’étranger?
L’ouvrage compile 120 cas d’homicides et 350 actes de violence à l’endroit de la communauté gaie, depuis le début des années 90, pour les analyser de tous bords tous côtés afin de mieux en appréhender la nature, l’origine, la manifestation et, surtout, pour mieux évaluer les réactions du système social, policier ou judiciaire à leurs égards.
Évidemment, il est parfois difficile d’en faire lecture et de voir ainsi étaler tant de manifestations de haine. Il ne fait aucun doute que la société a changé, mais on réalise également qu’il reste encore un travail considérable à faire. Un chapitre porte d’ailleurs sur la manière dont les groupes communautaires se sont organisés, à travers le pays, face à certaines montées de violence.
Bref, un ouvrage fascinant, parfois complexe, mais qui se lit presque comme un roman. L’auteur est, par ailleurs, criminologue et conseiller en politiques pour le gouvernement du Canada.
À l’occasion de la sortie de son livre, il va effectuer une série de conférences dans certaines villes du Québec.
Pink blood : La violence homophobe au Canada / Douglas Victor Janoff. Montréal : Triptyque, 2007. 411p.