Un premier roman, et véritable coup de poing littéraire de Guillaume Bourque. Celui-ci nous présente les éléments clés de la jeunesse de Jérôme Borromée qui tente désespérément à la fois d’être quelqu’un et de se distancer de ce qu’il est réellement.
La prime jeunesse du personnage se déroule à Boucherville et la vingtaine, début de la trentaine, à Montréal. Un élément particulièrement ingénieux du récit réside dans l’axe narratif adopté : plutôt que de nous offrir un récit linéaire, l’auteur propose des tranches de vie présentées dans le désordre qui amènent progressivement le lecteur à tracer des liens entre certains événements et à reconsidérer sa compréhension générale du personnage.
Une violence sourde et étouffante est inhérente à chacun des jalons de l’existence de Jérôme, qui nourrit une culpabilité devant laquelle il se révèle impuissant. Un sentiment de honte et d’oppression qu’il ressent également face au désir qu’éveille en lui la vue de certains de ses compagnons et qui l’amène à mettre en place des jeux de pouvoir, subtils ou grossiers, envers ces derniers. Une violence dont il n’est pas que l’auteur, mais bien souvent, également, la victime.
Un roman dur, mais également d’une grande sensibilité, qui ne peut laisser indifférent. On s’attache instantanément au personnage éponyme et au casse-tête que constitue son existence. L’auteur nous donne accès aux différentes pièces du puzzle, mais ce n’est qu’au dernier chapitre que l’on réalise qu’il nous manquait la dernière.
Excellent!
Jérôme Borromée / Guillaume Bourque. Montréal : Boréal, 2013. 213p.