Pis, comment se passe votre temps des fêtes? Pas trop mal à la tête? Pas trop engraissé? Pas fait trop de conneries au party de bureau? Moi j’peux-tu vous dire que je ne serai pas déçue quand tout ça sera fini! Parce que je sais que, même si on a pas encore passé le cap de Noël et du Jour de l’An, je réussirai encore à faire une folle de moi ( maudits shooters) et à foutre le bordel dans la famille parce que même si les années passent, elles se ressemblent à peu près toutes.
Noël chez mes parents c’est l’interminable lutte verbale entre mon père et mon frère parce que je fais la gaffe de demander des nouvelles de sa job à mon frère (c’est pas que ça m’intéresse, mais je suis polie) et là ma mère me regarde avec des gros yeux de Jean-Luc Mongrain qui ont l’air de dire « toé pis ta grand’ yeule! ».
C’est que voyez-vous, mon frère s’énerve toujours pour la même raison, il semble être le seul employé à ne pas travailler tout croche à sa job et mon père, qui parait en savoir plus long que n’importe qui sur le sujet, se met à l’engueuler pour lui dire que tant qu’il va faire les quatre volontés de tout l’monde qu’il ne s’étonne pas d’être encore préposé à la machine à photocopies après dix ans et pis que dans son temps ça se serait pas passé de même, et patati et patata. C’est là, qu’au lieu de me la fermer, j’en rajoute, « ben oui papa, dans ton temps c’était toujours mieux qu’aujourd’hui ».
J’vous dis mes chéris, si vous voulez voir quelqu’un passer du rouge au mauve en très peu de temps, critiquez le temps d’avant ! Et je n’ai pas besoin de vous raconter mes dimanches de sorties avec ma gang de chums (comme si ça prenait un temps des fêtes pour me donner une excuse pour une autre soirée de débauche), parce que je ne serai pas capable de vous jurer que je ne me ramasserai pas saoûle morte à terre dans une cabine de toilette la face à terre dans une flaque de vomi ! Gênant le temps des fêtes, vous dites? Pas assez ça l’air pour que je recommence la même rengaine chaque année !
Et vous savez comme on nous rappelle à chaque Noël l’importance d’aider les plus démunis? Ben, laissez-moi vous dire que j’ai ben d’la misère à ne pas me prendre pour une bénévole de l’accueil Bonneau en ramenant chez moi un jeune qui traine sur la rue Ste-Catherine la nuit en croyant dur comme fer qu’il me suit jusque chez moi parce qu’il est un gentil accompagnateur de vieilles dames. Je le nourrirai, je le laverai, je lui promettrai un beau 20 piastres pour qu’il me fasse un bon ramonage de cheminée et quand je me réveillerai quelques heures plus tard, assise sur le divan, les culottes baissées, la blouse retroussée, ben mon pauvre infortuné aura disparu avec mon iPhone, le 100 $ que j’avais laissé trainer sur ma commode et le nouveau coat en suède que je venais d’acheter à un prix de fou au deuxième étage de chez Simons.
Et pensez-vous que mes mésaventures du temps de fêtes s’arrêteront là? Ben non voyons, il reste encore le party du Jour de l’An chez ma cousine Linda. Et que pensez-vous que votre épaisse de service fera pour empirer son cas? Elle mélangera tous les alcools les plus sucrés du monde avec deux, trois puffs de joint pour se faire accroire qu’elle est encore jeune.
Résultat? Quand mon cousin Vito me proposera de le rejoindre dans la cave pour notre partie de strip poker annuelle je serai encore trop intoxiquée pour être productive et je finirai la soirée couchée par terre sur le tapis du salon à raconter ma vie au gros chat laite qui ne pourra pas plus s’en contre-crisser de ma vie comme si je lui disais qu’y’a un poil dans son bol d’eau. Espérons seulement que cette année je n’essayerai pas de faire ma comique en proposant de faire un massage à la dinde avec du Tiger Balm pour qu’elle soit plus tendre!
Et pourvu que je ne finisse pas la soirée comme l’année dernière à sniffer la neige synthétique dans les fenêtres du sous-sol pendant que le cousin Vito s’acharne encore à faire aller sa bûche de Noël dans mon feu de foyer à moitié éteint. Chic le temps des fêtes, vous dites? Comme le dit la chanson, heureusement que ça arrive rien qu’une fois par année ! Mais cette année, je me promets d’être presque sage! Pas question de passer la veille de Noël à courir les bars de danseurs pas plus que j’irai souper chez des amis du Plateau où je serai la seule célibataire noyée dans une mer de jeunes couples de bobos accompagnés de leurs marmailles qui se prennent déjà pour des acteurs de téléroman. Je suis encore trop jeune pour être la vieille fille de service qu’on prend en pitié la veille de Noël et les danseurs ça fait un méchant boutte que je ne vais plus là.
La veille de Noël, c’est moi qui reçois pis y’a pas un couple qui rentre chez nous. Juste des célibataires endurcis et des pauvres âmes à qui je vais remonter le moral à coups de verres de Champagne et de shooters de Glenfiddish. Le 24 chez nous c’est sacré, ça se passe entre chums de filles célibataires.
Non, je ne suis pas anti-couple, au contraire, c’est tellement agréable d’être la troisième partenaire dans une partie de jambes en l’air. Mais on peut tout aussi bien avoir une vie extraordinaire sans partager son lit tous les soirs avec la même personne. Si on arrêtait de nous bombarder de publicités de familles et de couples heureux à chaque Noël depuis 2000 ans peut-être que certains célibataires se sentiraient moins seuls et abandonnés comme des croutons au fond d’une salade César.
Pour gérer le blues du temps des fêtes, les pu-blicitaires ont vraiment pensé à tout. On va mettre nos beaux célibataires en action dans des pubs de chars, de plein air ou de sports extrêmes. C’t’à croire que parce que t’es célibataire tu passes tes weekends à faire le tour du bloc en char ou que tu meures d’envie de faire des 8 de patineuse artistique au son d’une musique d’ascenseur sur un étang raboteux ou encore, que tu jouis dans ton suit de skidoo à descendre le Mont Tremblant 25 fois de suite sur une planche de bois à -40 !
Moi la plupart des célibataires que je connais passent la journée au lit à faire l’amour avec leur « botte » de la veille ou ben ils se pognent le beigne sur leur divan en recommençant pour la centième fois le même tableau d’un jeu insignifiant! Dans mon cas, comme j’haïs ça ben raide passer la journée dans des draps qui sentent le swing avec quelqu’un qui a les pieds frettes et qui me souffle son haleine du matin dans la face, ben je fais comme tous ceux qui répètent jour après jour : «Là, c’est la dernière fois que je joue à Candy Crush! ». Et pour l’affection ben j’ai deux chats qui en ont plus à donner que le client en demande.
Mais je sais que le flattage et le bécotage avec mes chats ne remplaceront jamais la douceur et la chaleur d’un beau corps de mâle poilu. Et leur doux ronronnement et les coups de langue au creux de mon oreille ne vaudront jamais les :“ah oui prends-moi, serre-moi fort, donne-moi ta bouche, tes seins, ta bite, fais-moi l’amour, je veux te sentir en moi…” Mais comme trop souvent, les mots doux, les joutes de sexe endiablées et les soirées romantiques sur le bord du foyer finissent presque toujours par: «y vas-tu appeler, y vas-tu texter, comment ça y répond pas à mes messages Facebook», je perds pas mon temps à rêver d’une vie à deux avec l’homme de ma vie! Si jamais y’arrive un jour, ben j’aurai eu en masse de fun dans ma vie pour passer les vingt prochaines années à m’ennuyer avec lui!
En attendant que le Père Noël vienne vider sa poche chez nous le 24 à minuit, j’vas quand même vous souhaiter un joyeux temps des fêtes rempli d’amour, de tendresse, de caresses, de frottage, de lichage, de plottage et de tout ce qui vous fait triper mes chéris. On se retrouve l’année prochaine si je ne me suis pas fait kidnapper par le Père Noël et ses joyeux lutins.