Animé par le directeur général du Conseil québécois – LGBT, Steve Foster et Steve Bastien à la coanimation, le Gala Arc-en-ciel a officiellement débuté avec le discours de la ministre de la Justice du Québec et ministre responsable de la lutte contre l’homophobie, Me Stéphanie Vallée.
«C’était excessivement important pour moi d’être avec vous ce soir malgré mon horaire […] c’est une activité extrêmement importante non seulement pour votre communauté, mais aussi pour tout le Québec […]», a déclaré la ministre de la Justice. Puis, Me Vallée a fait l’éloge de Steve Foster qui quitte le Conseil après neuf ans : «Steve, je sais que tu vas quitter ton poste [sous peu] et je te remercie… parce que la liste de tes réalisations est immense […] grâce à ton leadership, tu as rassemblé les milieux politiques, communautaires et d’affaires […]».
La ministre a, également, souligné que l’objectif du premier ministre (le Dr Philippe Couillard) et de l’ensemble du gouvernement est de faire en sorte que «l’on puisse vivre dans une société plus égalitaire» et que la lutte à l’homophobie demeure «une mission de la très haute importance pour le premier ministre comme pour moi». Sans faire directement allusion aux coupures budgétaires drastiques qu’imposera le gouvernement, la ministre Stéphanie Vallée a dit qu’elle est «consciente que les besoins sont grands [dans la communauté]».

Tenue dans la majestueuse salle de l’Olympia le samedi 18 octobre dernier, la 11e édition du Gala Arc-en-ciel a été suivie par quelque 400 personnes des milieux communautaires, d’affaires et politique. Après Mariela Castro Espin l’an dernier, cette fois-ci c’est un p’tit gars bien de chez nous qui remporte le Grand prix du Conseil québécois – LGBT, c’est-à-dire Robert Pilon, l’ancien président du GRIS-Montréal, qui a été ovationné de longs instants pour son implication à faire tomber les préjugés dans les écoles. Autre temps fort, également, lorsque le rédacteur en chef de Fugues, Yves Lafontaine, est monté sur scène pour recevoir le Prix Honoris.

La première remise de la soirée a vu monter sur scène un groupe d’étudiantes et d’étudiants du Collège Saint-Charles-Garnier qui recevait une Mention spéciale du jury pour avoir créer un groupe d’Alliés LGBT pour contrer l’homophobie et la discrimination en milieu scolaire. André Tardif, le directeur général du GRIS-Québec, a ensuite informé ce groupe de jeunes qu’il se méritait la bourse de la formation musicale Simple Plan, soit un chèque de 2 000$ pour leur implication.
Ensuite, c’est David Pinsonneault, l’un des vice-présidents de la Banque Nationale (BN) qui est partenaire du Gala depuis plusieurs années, qui a pris le micro pour saluer tous les groupes présents. Kathleen Zicat, une autre vice-présidente de la BN et qui prend sa retraite, a reçu le prix du Réseau IDEO de la BN pour son implication et son appui à ce groupe des employés LGBT de l’institution financière…

Manon Massée, députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques, a remis la Médaille de l’Assemblée nationale à Thierry Arnaud, le président du conseil d’administration (CA) de la Chambre de commerce gaie du Québec (CCGQ) et président du CA du CQ – LGBT. Homme d’affaires originaire de Lyon (France), M. Arnaud est le cofondateur des sites de rencontres Gay411 et Bear411. Dans sa courte allocution, M. Arnaud a parlé «de la souffrance d’être dans le placard, d’en sortir et de subir la discrimination et l’homophobie». Mentionnant ses longues années de bénévolat depuis son arrivée au Québec il y a dix ans, il a dit qu’un «bénévole transforme sa souffrance en vision et en action» et c’est ce qui l’a guidé autant à la CCGQ que maintenant au CQ – LGBT, ce qui lui a valu des applaudissements nourris.
Pris Iris-Média
Présenté chaque année à quelqu’un qui s’est illustré par ses interventions médiatiques, le Prix Iris-Média 2014 a été dévolu à Michelle Blanc. Mme Blanc a fait un vibrant plaidoyer en faveur de la Loi C279 sur l’identité sexuelle et qui, malgré qu’elle a été adoptée à la Chambre des communes en 2013, est toujours bloquée au Sénat «à cause de la droite religieuse [du premier ministre] Stephen Harper et qui fait, qu’au fédéral, une trans n’a pas de droits», a-t-elle martelé. Michelle Blanc a remercié le jury pour lui remettre ce prix qui est «comme un Bandaid sur mes plaies» suite aux menaces de mort et ses causes de harcèlement criminel dont elle est victime. «Je vais continuer à m’ouvrir ma gueule et à me tenir debout», a rajouté Mme Blanc qui a vu alors tout le monde se lever dans la salle pour l’applaudir.
Les projecteurs braqués sur l’action communautaire
Le prix Bénévole par Excellence va à Gary Sutherland qui est coprésident de la Coalition des familles homoparentales. Il est membre de l’organisme depuis fort longtemps et à contribuer à rendre plus visible le phénomène des pères gais. Le jury de cette année a choisi Jacques Pétrin, pilier du Comité de la diversité sexuelle de la CSQ, pour son «Coup de cœur». Remerciant les membres du jury, M. Pétrin a poursuivi son discours en mentionnant «je demande au gouvernement de respecter ses engagements envers la communauté LGBT». Le Centre de solidarité lesbienne (CSL) a été récompensé pour ses trois Capsules Web sur la lesbophobie afin de susciter la réflexion sur la vie des lesbiennes et celles vivants la lesbophobie. «Je remercie les femmes qui ont témoigné avec beaucoup de courage et de volonté devant la caméra», a dit une des instigatrices de ces épisodes web.
Ex aequo, on a remis deux Prix Initiative par excellence : l’un à Enfants transgenres Canada (Gender Creative Canada), une organisation fondée par des parents d’enfants et de jeunes transgenres ou en questionnement, et le deuxième à la série web Féminin-Fémin. Plus de 650 000 visionnements en quatre mois pour cette websérie de Chloé Robichaud parraînnée par le groupe Lezspreadtheword.com. Florence Gagnon, la fondatrice de Lezspreadtheword.com a salué Chloé Robichaud pour son talent qui a contribué au succès de cette série que l’on compare maintenant de plus en plus à la série télé The L Word.
Le Réseau des AlliéEs des LGBT de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine s’est vu décerner le Prix Partenaire/Allié par excellence. On a voulu remercier ici publiquement «les 170 intervenants de tous genres qui s’impliquent dans la région» car on sait que «ce n’est pas facile pour les gens et les jeunes de vivre librement leur orientation sexuelle», ont dit les deux représentantes de ce Réseau.
Le Prix Honoris
Recevant le Prix Honoris, le rédacteur en chef de la revue Fugues, Yves Lafontaine – qui œuvre au sein de la publication depuis au-delà de 20 ans – , a tenu à souligner le travail de l’ensemble de l’équipe du magazine, puisqu’il y a une cinquantaine de collaborateurs, au cours de l’existence de ses trente ans célébrée cette année.

Remerciant le jury et le CQ – LGBT, Yves Lafontaine a fait une mise en garde quant aux droits : «Alors que l’égalité de droit est atteinte, il faut s’assurer de combattre les diverses formes d’intolérance, d’homophobie et de transphobie, pour que l’égalité de fait se réalise. Malgré que nous traversons actuellement une ère de coupures budgétaires, ce travail de sensibilisation doit continuer à se faire dans la population en général via l’éducation, la formation et la sensibilisation, mais aussi au sein même de nos communautés qui portent aussi les mêmes préjugés».

«Au fil des ans, l’équipe de Fugues a été témoin d’importantes transformations. Des transformations sociales, communautaires, technologiques et politiques qui ont amélioré la vie des personnes issues des communautés LGBT. C’est avec beaucoup de fierté le sens du devoir que l’équipe a accompagné les revendications des militants et des groupes de pression, qu’elle leur a donné le plus de retentissement possible», a souligné Yves Lafontaine en introduction de son allocution.
Et aussi…
En plus de la ministre Stéphanie Vallée et de la députée Manon Massée, Hélène Laverdière, députée fédérale de Laurier-Sainte-Marie, et Richard Bergeron, le chef de l’opposition à l’Hôtel de ville et conseiller du district de Saint-Jacques, étaient présents à cet événement-là.
Le Dr Pierre Côté, cofondateur de la Clinique médicale du Quartier Latin, qui a une longue expérience avec les patients séropositifs, qui est conférencier et acteur de la prévention en matière de VIH à Montréal, occupait le poste de «président d’honneur» du Gala. En félicitant les lauréates et lauréats de cette année, il a mentionné que «vous êtes une très grande source d’inspiration».
Le côté entertainment fut assuré par l’ensemble vocal Les Nanas, qui a ouvert d’ailleurs le Gala avec un medley de chansons jazz, l’énergique chanteur house Jessy Gauthier, le jeune humoriste de 14 ans que l’on dit dans la vague de Mike Ward, le sympa Alexis Lefebvre et la drag Billy L’Amour (vêtu en noir et rose), qui est venu chanter La vie en rose d’Édith Piaf, accompagné de deux danseurs portant de grands éventails de plumes d’autruche…