La nouvelle érotique est un art particulièrement difficile à maîtriser à maîtriser. En effet, il s’agit d’un mince fil de fer sur lequel l’auteur doit se balancer, en équilibre entre l’histoire de cul et le récit trop intellectuel.
Par ailleurs, il n’y a pas que la scène de baise qui importe, mais bien également le contexte ou le prétexte (ce qui arrive autour du sexe), le style (comment on le raconte) et le vocabulaire utilisé (par exemple, le mot «queue» a, de nos jours, souvent plus de résonance érotique que le trop clinique «pénis» ou le désuet «braquemart»).
Stéphane Dompierre n’en est pas à ses premières armes dans le genre puisqu’on lui doit déjà la publication de deux recueils de nouvelles érotiques, à savoir Nu et Travaux manuels.
Dans le présent ouvrage, il réunit seize auteurs qui nous offrent une lubricité à la fois intelligente et émoustillante explorant un éventail étendu de l’expérience sexuelle. L’hétérosexualité y occupe la part du lion à l’exception de Pierre-Luc Landry qui nous offre trois délicieux récits: une partouze à trois, une rencontre presque clandestine au gré d’un voyage d’affaires et une réflexion à la fois amusante et astucieuse sur le Tricks de Renaud Camus et sur le fait qu’on ne peut pas «être et avoir été».
L’ensemble se lit avec plaisir et prend grand soin de maîtriser cette marche du fil de fer qui fait toute la différence entre ces lectures qui sombrent dans le néant et celles qui accrochent et allument notre chair.
Pulpe / Stéphane Dompierre, éd. Intel. Montréal: Québec Amérique, 2017. 356p.