L’annonce du retrait du concept à partir de 2019 des boules multi- colores «18 Nuances de gai», le 31 mai dernier, lors de l’inauguration de la «Galerie blanc», fut un coup de tonnerre : l’acolyte de l’architecte paysagiste Claude Cormier, Yanick Roberge, annonçait que 2018 serait la dernière année de cette «canopée», l’expression de Cormier lui-même. Évidemment, cela avait suscité toute une surprise et une certaine incrédulité dans la communauté LGBT et dans le Village gai montréalais. Présente ce jour-là, la mairesse Valérie Plante a reçu, elle aussi, la nouvelle avec bien de la stupeur. Elle indiquait, par la suite, son désir de rencontrer Claude Cormier et la SDC pour trouver un compromis. Finalement, après cette réunion moins de deux semaines plus tard, on annonçait en être venu à un accord et que les boules seraient de retour, en 2019, pour une dernière année! La Société de développement commercial du Village (SDC), organisatrice de l’activité estivale Aires Libres, peut donc souffler et bien préparer l’avenir !
«Nous sommes très contents que les boules multicolores reviennent l’an prochain. Nous sommes bien heureux parce que nous aimons bien cette installation conçue par Claude Cormier. Cela nous donnera presque deux ans pour préparer un nouveau projet qui les remplacera. Cela répondait aussi aux désirs de bien des gens qui ont manifestés publiquement leur soutien à cette installation et c’était aussi le vœu des commerçants que cette installation puisse revenir», de dire Denis Brossard, le président du conseil d’administration de la SDC du Village. Denis Brossard fait ici référence à l’appel qui avait été lancé par le Collectif Carré Rose qui avait recueilli, en à peine quelques jours, près de 700 signatures sur une pétition, pour atteindre pas loin du double de signatures par la suite.
Évidemment, M. Brossard est heureux, également, de l’inté-rêt et de l’implication de la mairesse de Montréal Valérie Plante dans ce dossier et de sa volonté de ramener les bou-les colorées. «C’est vraiment la rencontre avec la mairesse Plante qui a permis de trouver ce terrain d’entente pour 2019 et de faire débloquer les choses. Nous sommes très contents de cette implication qui reconnaît ici l’œuvre de Claude [Cormier] et tout le travail de la SDC du Village et de ses partenaires, puisque un tel projet ne peut pas aller de l’avant sans l’implication financière de toutes les parties qui collaborent à ce projet», explique Denis Brossard.
Rappelons que c’est depuis 2011 que la rue Sainte-Catherine, portion Village, est agrémentée de ces petites sphères, elles étaient d’abord «roses» puis, en 2017, elles prennent 18 teintes inspirées de la bannière arc-en-ciel, d’où les «18 Nuances de gai» telles qu’appelées par Claude Cormier.
Comme on le comprendra, le fait que Claude Cormier et son équipe se retirent après l’été 2019, cela laisse la porte ouverte à bien des possibilités. Par contre, comme on se l’imagine bien, on ne peut pas faire n’importe quoi! «Pour 2020, la SDC du Village est déjà en mouvement, continue Denis Brossard. Maintenant que nous avons un échéancier clair, nous entamons le travail de trouver l’artiste ou l’équi-pe d’artistes qui réalisera le prochain projet.»
Cette fois-ci, on procèdera par un concours sous forme d’invitation. Pourquoi? «Parce que ça prend une expertise technique importante. Il y a aussi un avant et un après «Boules roses». Par exemple, la Galerie blanc est un projet d’excellence, il nous faut donc avancer dans cette direction-là. […] On se doit de trouver des personnes expertes parce qu’on est dans le design urbain, dans le design d’architecture, et que ces personnes doivent avoir une compréhension du paysage urbain, mais aussi des contraintes reliées à l’espace urbain et au cahier de charges et de pouvoir travailler avec la structure qui existe déjà», explique le président du conseil d’administration de la SDC, Denis Brossard.
Comme c’est pour 2020, on nous dit que la sélection des artistes invités se fera rapidement afin d’en aboutir à une liste de firmes ou d’individus qui pourront soumissionner et oeuvrer sur leurs projets.
«Grâce à la Galerie blanc, on a pu tisser des partenariats avec l’Opéra de Montréal et le Musée des beaux- arts de Montréal, donc on va voir comment on peut ajouter quelque chose au projet choisi avec de tels partenaires […] Notre réseautage est de très haut niveau en ce moment, on récolte les fruits de ce qu’on a semé au fil des ans, donc on veut voir les possibilités de collaborations avec les diverses organisations…», souligne Denis Brossard.
«En tout, le projet de Claude Cormier a coûté plus de 2M$ en 8 ans, donc il faudra que le financement pour le prochain projet suive. D’où l’importance aussi de choisir rapidement un projet pour aller cogner à diverses portes. C’est plus facile de vendre quelque chose lorsqu’on a un visuel qu’avec les mains vides. On verra quels commanditaires, y compris notre partenaire du tout début, l’arrondissement de Ville-Marie, pourront financer un tel projet», note M. Brossard.
Denis Brossard parle de l’apparente simplicité, également, des installations et, entre autres, de la passerelle qui nous permet d’aller au-dessus des boules. «Et pourtant, c’est complexe et cette façon de travailler va importer dans le choix des dossiers qui seront étudiés», insiste-t-il.
Tel que vous l’avez sûrement remarqué si vous vous promenez le moindrement dans le Village gai de Montréal, les saules pleureurs plantés dans les bacs l’an passé n’ont malheureusement pas résisté aux rigueurs de l’hiver. On les a donc remplacé par des fleurs et d’autres arbustes. «Il faut conserver cette idée de couloir de verdure dans cet univers de béton et d’asphalte, mais il nous faut trouver la plante qui va durer plus qu’une saison. On va donc aller vers le Jardin botanique de Montréal pour nous conseiller en cette matière. Tout comme pour le reste, ce qui fait la beauté c’est le volume, la quantité et la répétition. Nous sommes définitivement en mode création et solution!», déclare Denis Brossard.