Jeudi, 28 mars 2024
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    D’espace et de liberté : La biennale d’architecture de Venise 2018

    La Biennale de Venise, j’en avais entendu parlé, mais je ne l’avais jamais expérimenté avant de visiter Venise cet été. La Biennale de Venise est une fondation qui organise différents événements artistiques majeures : manifestation d’art contemporain, de danse, de musique, d’architecture et de cinéma dans différents lieux de Venise, dont les Giardini, l’Arsenal et le Lido (pour la Mostra du cinéma) et attribue des récompenses : un Lion d’or, pour chaque manifestation.

    Le terme de «Biennale de Venise» est couramment utilisé pour désigner l’Exposition internationale d’art contemporain de la Biennale de Venise (Esposizione internazionale d’arte di Venezia) qui est considérée comme une des plus prestigieuses manifestations artistiques dans le monde. C’est aussi une des plus anciennes puisqu’elle s’est tenue pour la première fois en 1895 en tant qu’«Exposition Internationale d’Art de la Cité de Venise». Depuis, elle a lieu tous les deux ans — les années impairs — et porte le nom de Biennale de Venise. Et, depuis les années 1980, elle alterne les années pairs avec l’Exposition internationale d’architecture (ou Biennale d’architecture) de Venise qui se tient cette année pour la 16e fois.

    Dans le manifeste « Freespace » que les commissaires de cette édition de la Biennale d’architecture de Venise ont rédigé dans le programme, les architectes irlandaises Yvonne Farrell et Shelley McNamara appellent à renouveler les manières de voir et de penser l’architecture. Pour elles, il faut améliorer les espaces collectifs, l’architecture doit refléter «la générosité de l’esprit» et «le sens de l’humanité». «La créativité de l’architecte doit être au service de la communauté».

    Et en décernant le Lion d’or à un collectif de jeunes architectes suisses pour un projet ludique de visite d’appartement témoin qui joue sur les proportions, le jury a validé leur proposition ludique. Ce pavillon labyrinthique intitulé Svizzera 240 est une invitation, par le jeu et par l’expérience physique de l’architecture, à ouvrir les yeux sur notre environnement immédiat, à questionner la standardisation, largement imposée aujourd’hui, des espaces d’habitation et plus généralement de l’architecture dans le monde. Entrainé dans un labyrinthe blanc aux proportions anamorphosées, on ouvre des portes pour géants et des alcôves miniatures, on pénètre des chambres à ciel ouvert et on traverse des salons sans fenêtre. Chaque pièce offrant de multiples ouvertures — et de différentes manières —sur les autres…

    Dans les espaces immenses de l’Arsenal et des pavillons du Giardini, où plus de 100 studios d’architectes de 65 pays se côtoient, les espaces d’exposition sont généreux et divisés en sections spécialisées. Les architectes nous invitent à découvrir des projets remarquables, à réfléchir sur des bâtiments historiques célèbres et à comprendre l’importance de l’enseignement.

    Certaines réalisations sont spectaculaires, d’autres ludiques. Plusieurs sont minimalistes mais stupéfiantes, comme Le rêve du studio RCR, une sorte de tanière avec des lumières en mouvement créées grâce à l’utilisation de 6 000 loupes.

    Une autre réalisation de ce genre est le banc qui entoure la maison Can Lis à Majorque, signé par l’un des maîtres de l’architecture moderne, le danois Jørn Utzon, décédé à 90 ans en 2008. Son projet utilitaire représente un manifeste d’esthétique et de simplicité. Un autre exemple : la rénovation de la ville française d’Ivry-sur-Seine par Renée Gailhoustet (avec Jean Renaudie), architecte et urbaniste française, militante politique dans les années soixante, qui a travaillé pendant quarante ans à exprimer son engagement social à travers sa vision du logement collectif.

    L’exposition gigantesque se déploît principalement sur deux lieux immenses jusqu’au 25 novembre prochain et dans une trentaine d’autres lieux sur plusieurs îles de Venise, dans des palais, des musées et même des églises.

    Sept pays – Antigua-et-Barbuda, l’Arabie Saoudite, le Guatemala, le Liban, la Mongolie, le Pakistan et le Saint-Siège – disposent pour la première fois d’un pavillon spécial sur l’île vénitienne de Saint-Georges. Notons l’initiative spectaculaire du Vatican qui a demandé à dix architectes importants, parmi lesquels le britannique Norman Foster et le portugais Eduardo Souto de Moura, récompensé lui aussi par le prix Pritzker de réaliser chacun une chapelle.

    La ville et les problématiques urbaines de l’architecture se trouvent au cœur de cette biennale. Migrations, croissance, développement durable, environnement… toutes ces questions sont abordées par les plus grands architectes actuels, issus des cinq continents. Les projets en compétition illustrent un panorama mondial des tendances de l’architecture contemporaine.

    Vous prévoyez un voyage à Venise d’ici le 25 novembre 2018, une visite à la Biennale s’impose, à mon humble avis.

    INFOS | labiennale.org/en/architecture/2018

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