L’art de séduire a bien longtemps été réservé à la gent féminine puisque, lorsque l’homme se risque dans ces pâturages, il craint bien souvent de projeter une image affectée et d’ainsi voir remettre en question ce qui lui semble être sa possession la plus précieuse: la masculinité.
Pendant le 19e et la première moitié du 20e siècle, on se garde donc bien loin des coupes ajustées, des détails et accessoires vestimentaires trop voyants ou brillants. Foin de ces éléments frivoles!
Il y a pourtant un secteur de la mode où la masculinité n’est jamais remise en question malgré le soin mis à se vêtir où l’importance des détails et autres falbalas: l’uniforme militaire! Illustration de la force de son porteur, il peut s’orner de boutons dorés, de galons, de brandebourgs, d’insignes et de décorations, d’épaulettes, de bérets, de képis ou de casquettes, de bottes de cuir, etc., sans que l’honneur soit entaché.
Nicole Canet nous présente ce catalogue de photographies réalisées entre 1860 et 1940 en France, mais également en Russie et présentant de fiers gaillards, heureux de s’afficher dans leurs plus fiers atours (parfois bras dessus, bras dessous).
À l’époque, il s’agissait d’un format cartes de visite, offert par certains photographes: un document officiel et personnel. Il est donc assez amusant de voir avec quel sérieux certains y chevauchent une chaise ou ont les jambes bien écartées!
Le tout est intercalé de clichés pris sur le vif au cœur de camps militaires, dont quelques scènes de douche, et est accompagné d’une préface d’Alain Stoeffler détaillant, en français et en anglais, les particularités de cette «coquetterie» masculine.
À quelques exceptions près, l’ouvrage n’approche que peu les rives de l’homoérotisme, mais il n’en demeure pas moins fascinant dans l’exposition de ce regard que posait les hommes sur leurs propres charmes, il y a de cela un siècle et demi.
Beautés militaires: photographies, 1860-1940 / Nicole Canet. Galerie au Bonheur du jour (2018, 125p.)