Roman assez surprenant puisqu’il aborde la question de la sortie du placard de Livio, 17 ans et fils d’immigrants italiens, par l’intermédiaire d’un exposé oral qu’il doit réaliser pour son cours d’histoire.
Décidé à prendre le taureau par les cornes, tout en maintenant une distance rassurante, le sujet de son travail se porte sur Magnus Hirschfeld, un médecin juif allemand. Confronté au suicide de plusieurs de ses patients gais, celui-ci se porte à la défense des minorités sexuelles dans une Allemagne nazie à la violence omniprésente.
Le récit se divise donc en deux trames narratives étroitement entrelacées. Une première axée sur Livio lui-même : sa vie personnelle et les enjeux qui l’amènent à prendre la décision de porter au regard de ses pairs l’histoire d’un homme qui fait face au jugement d’autrui. La seconde est plus didactique, exposé oral oblige, et porte sur Magnus Hirschfel qui se refuse à plier l’échine devant l’incompréhension et la haine. Bien évidemment, les réactions des élèves et amis révèleront des vérités parfois surprenantes ou amères et constitueront un miroir de la trame de son exposé.
Étrangement, c’est par l’intermédiaire du récit à la troisième personne que Livio souhaite livrer sa propre vérité, le médecin allemand se révélant un modèle qu’il souhaite émuler.
La prémisse du roman demeure fort séduisante et même enlevante, mais la conclusion laisse cependant un peu perplexe puisque, confronté à l’intolérance de certains, Livio disparait sans laisser de traces. S’agit-il d’une fugue, d’un suicide, d’un acte criminel? Mystère! Dans une métaphore un peu lourde, c’est l’une des élèves qui, à l’instar de Livio au regard de Hirschfeld, décide de reprendre le flambeau de sa dénonciation.
Jour de courage / Brigitte Giraud. Paris : Flammarion, 2019. 157p.