Maison Plein Cœur, on ne fait pas la fête parce que le VIH-sida est toujours là

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Maison Plein-Coeur

Mine de rien, le 19 avril dernier, la Maison Plein Cœur, qui vient en aide aux personnes vivant avec le VIH-sida (PVVIH), célébrait son 30e anniversaire d’existence. Elle avait été mise sur pied alors que le pronostique de sida signifiait une mort certaine. Trente ans plus tard, si on n’en décède pas, on vit avec des médicaments et des effets secondaires reliés à ceux-ci puisque qu’il n’y a toujours pas de vaccin contre cette maladie et les bénéficiaires de la Maison peuvent compter sur celle-ci pour une panoplie de services devenus encore plus criants avec cette pandémie de coronavirus.

Évidemment, l’interdiction de rassemblement fait en sorte que l’on ne puisse pas fêter dignement cette longévité de la Maison Plein Cœur (MPC). «Mais on ne fait pas la fête parce que le VIH-sida est toujours là, on ne l’a pas vaincu, des gens continuent d’être infectés pour une multitude de raisons», indique Denis-Martin Chabot, coordonnateur au développement de la Maison.

Denis-Martin Chabot

C’est avec le slogan «Une histoire de cœur et de VIH/VIE» que l’on soulignera, tout au long de l’année, cet anniversaire. «On veut souligner la vie des gens qui participent ou qui ont participé à la Maison. Ça donne du sens de parler des gens qui ont fait ce que la MPC est aujourd’hui», continue Denis-Martin Chabot. Car il s’agit bien de faire ressortir la résilience des gens, leur ténacité. Pour beaucoup, apprendre à vivre avec cette maladie a été comme des montagnes à surmonter avec son lot de problèmes de santé, d’acceptation mentale et de se faire accepter alors que la stigmatisation est encore trop souvent associée aux personnes séropositives.

Il y aura ainsi du nouveau contenu historique sur le site de la Maison Plein Cœur où l’on relèvera le travail de gens exceptionnels comme le premier directeur général et cofondateur de la Maison, Louis-Marie Gagnon, ensuite Gary Lacasse (aujourd’hui le directeur général de la Société canadienne du sida) ainsi que Chris Lau. Au cours des prochains mois, avec l’aide de Barbada, la porte-parole de la Maison, on effectuera donc trente entrevues avec des gens – des bénéficiaires, des employés, des bénévoles, etc. – «qui ont été impliqués dans la mission de la Maison comme, entre autres, [l’ex-député] Réal Ménard, ce seront de courtes vidéos d’une trentaine de minutes que l’on pourra voir sur YouTube», de préciser Denis-Martin Chabot.
 
Vivre avec le VIH en temps de crise sanitaire
Six nouvelles contaminations sur dix sont reliées à des hommes ayant des relations sexuelles et affectives avec d’autres hommes (HARSAH), mais des cas sont aussi comptabilisés dans les groupes issus de l’immigration récente et ces gens vivent souvent dans le secret, dans le déni. «C’est donc un grand défi pour éradiquer les contaminations au VIH. Ces gens sont marginalisés et on n’arrive pas à les rejoindre pour leur offrir des services et ainsi diminuer les infections», dit le coordonnateur au développement de la Maison Plein Cœur. Ceci a été encore plus vrai lors des confinements liés aux poussées de cas de coronavirus. «Pendant la pandémie, cela a été plus compliqués pour nos bénéficiaires, ils ont été dans une très grande détresse, ils ont beaucoup souffert d’isolement alors que nos intervenant.e.s ne pouvaient pas nécessairement les voir. Cela a été dramatique et il a fallu trouver des solutions alternatives. Ces gens sont déjà isolés d’avance et, avec la pandémie, ils ont été doublement isolés […]», note Denis-Martin Chabot. Les personnes trans ont vécus aussi ce confinement avec bien des problèmes. Il y a des contaminations au VIH chez ces personnes-là, mais en raison de bien des facteurs, les responsables de la Maison n’arrivent pas à les rejoindre efficacement pour leur offrir le soutien dont elles auraient besoin. «On ne le cachera pas, avec la pandémie, les demandes pour les services explosent, mais le financement nous manque», rajoute M. Chabot.  

«La Maison souffre de sous-financement, poursuit Denis-Martin Chabot. Les gouvernements comptent sur les services prodigués par les groupes communautaires mais avec beaucoup moins de financement cependant. Donc, cela nous force à faire des campagnes de financement auprès de la population surtout que, avec la pandémie, certains ont besoin de services particuliers […]»

Heureusement, il y a parfois de bonnes nouvelles, comme cette subvention du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec pour venir en aide aux PVVIH vieillissantes. L’an dernier, la campagne de financement de la Maison avait rapporté 37 000$. Mais pour 2021 on vise la somme de 50 000$. Normalement débutant en décembre, celle-ci commencera en octobre en même temps que le Festival Black & Blue puisque la Maison s’associe au BBCM qui célèbre, également, son 30e anniversaire. Les deux organisations vont ainsi s’épauler. Plus de détails sont à suivre. Mais ce n’est pas tout. «On lancera une campagne de financement d’une durée de trois ans pour réparer l’édifice de la Maison car il faut prendre des décisions si l’on veut soutenir les gens de manière adéquate. Est-ce qu’il faut rénover l’actuelle bâtisse, est-ce qu’il faut l’agrandir ? Ou peut-être même carrément déménager ? Les besoins sont grands mais nos moyens sont petits pour l’instant, c’est pourquoi une campagne spéciale débutera prochainement car on ne peut pas empiéter sur la campagne pour les services offerts», de terminer Denis-Martin Chabot. 

INFOS | maisonpleincoeur.org 

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