Jeudi, 28 mars 2024
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    Mes animaux sauvages


    Œuvre singulière que Mes animaux sauvages, journal intime de Kevin Bentley, de son arrivée à San Francisco, en 1977, alors qu’il n’avait que 20 ans et jusqu’à l’aube de ses 40 ans, en 1996. Par intime, j’entends « sexuel » surtout, car ce sont ses aventures charnelles, détaillées simplement mais souvent de manière très crue, que Bentley couche sur le papier, marquant sa quête d’intimité et son épanouissement personnel.

    Comme dans d’autres récits déjà lus de ce type, sur ces lieux et cette époque, on retrouve une insouciance, une sorte d’âge d’or symbolique (un peu fantasmé, il est vrai) d’une liberté sexuelle pré-sida, sans questionnement moral sur sa sexualité, ni jugement sur les autres, pas même de revendication de son droit de vivre sa sexualité comme il l’entend.

    Rafraîchissant de lire comment il la décrit sans entrave ni agenda. Arrivé à la moitié, sans perdre l’ardeur de son contenu et toujours sans verser dans la morale, Bentley prenant de l’âge, la séduction est plus compliquée, le besoin de compagnon plus présent. Arrivent les années sida. La maladie est là sans être là. Il ne la décrit pas, ne la raconte pas dans ces détails cliniques, dans la peur qu’elle pourrait insinuer dans les corps. Elle devient néanmoins une présence invisible, qui ressurgit dans une phrase lapidaire annonçant un décès… Ça vous prend par surprise comme une gifle.

    C’est subtil et extrêmement poignant. Bien que l’auteur n’a pas vraiment un style littéraire exceptionnel, c’est bien écrit, simplement et sans fioriture. Au final, ça m’a plu d’avantage que je m’attendais au départ, en particulier pour l’humour, l’émotion et la nostalgie d’une autre époque qu’il nous fait revivre. On peut regretter sa tardive parution en français — 2021, alors que le texte en anglais date de 2002. À la sortie des années 90, je suis convaincu que son propos devait résonner encore plus fort.


    INFOS | Mes Animaux Sauvages, Kevin Bentley, Pjilippe Ray éditeur,
    2021, 302 pages

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