La marche de la Fierté du 15 aout dernier a attiré beaucoup de jeunes, en plus des groupes communautaires et d’intérêts habituels. La nouvelle formule proposée par Fierté Montréal en ces temps de pandémie — sans chars allégoriques ou véhicules motorisés — a été, de l’avis de plusieurs, un véritable succès, qui a redonné un coup de jeunesse à l’événement.
Après quelques discours, l’artiste et porte-parole de Fierté Montréal Sandy Duperval a invité les gens à se placer pour le départ, qui s’est fait un peu après les 13h prévus.
Le cortège s’est ébranlé sur l’avenue du Parc près du parc Jeanne-Mance pour se diriger vers le Village à en passant travers le centre-ville sur René-Lévesque. Costumes colorés, maquillages brillants, nombreux drapeaux de la diversité sexuelle et de genre, pancartes de solidarité et de revendications pour plus d’acceptation de la part de la population de cette diversité : tels étaient les éléments de cette marche-manifestation qui s’est déroulée dans le calme et la bonne humeur, tout en ayant un ton revendicateur.
De l’avis du photographe et expert en comptage de foule André Querry, environ 25 000 personnes ont pris part à cette marche, si l’on additionne les grappes de gens qui se sont rajoutées au fur et à mesure tout au long de la route.
En ouverture, on retrouvait John Banks, militant de la première heure qui a organisé en 1979, avec La Brigade Rose, la toute première marche LGBTQ+ de Montréal, qui comptait 52 participants. On y retrouvait aussi les activistes de la défunte Divers/Cité, soit Puelo Deir et Richard Burnett, alors que la bannière de Fierté Montréal était tenue par Esther Léa Ledoux, présidente du conseil d’administration (CA), ainsi que par Moe Hamandi, vice-président du CA. Il y avait également un groupe de représentants des Premières Nations.
Forte présence communautaire
Tout au long de la marche, les organismes communautaire et de loisirs LGBTQ+ étaient bien présents avec leurs bannières et leurs costumes colorés : de la Fondation Émergence à Helem Montréal, en passant par les Archives gaies du Québec (AGQ), l’Aide aux Trans du Québec (ATQ), le Réseau des Lesbiennes du Québec, Grey and Gray, Fierté Agricole, le GRIS-Montréal, JAG de la Montérégie, Interligne, Maison Plein Cœur, À pieds levés, les Draveurs, Équipe Montréal, À Pieds Levés, Fugues et bien d’autres…
Présences des politicien.ne.s
On a pu voir, les ministres Simon Jolin-Barrette, responsable de la lutte contre l’homophobie, et Ian Lafrenière, qui représentaient le gouvernement du Québec. Et on a croisé les Manon Massé, Gabriel Nadeau-Dubois et Ruba Ghazal de Québec solidaire, de même que Dominique Anglade, la cheffe du Parti libéral du Québec.
Année d’élections — municipales et fédérales — oblige, il y avait de nombreux élu.e.s et candidat.e.s, comme la mairesse Valérie Plante ou encore le conseiller Robert Beaudry, qui sollicitent de nouveaux mandats aux prochaines élection municipales de novembre. Et, bien que Denis Coderre ait été absent pour des raisons familiales, ses candidats LGBTQ+ du Centre-Ville — dont Daniel Vaudrin, Serge Sasseville et Malika Dehraoui — ont déambulé tout sourire. Le candidat à la mairie de Montréal Balarama Holness y a lui aussi fait une apparition.
Profitant de ce premier bain de foule après l’officialisation du déclenchement des élections fédérales par Justin Trudeau en fin de matinée, plusieurs élu.e.s et candidat.e.s de plusieurs partis se sont joints aux dizaines de milliers de participants. Ç’a notamment été le cas du chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, qui a rejoint la marche en cours de route avec sa conjointe, sa fille et plusieurs candidat.e.s de son parti. Du côté du Parti libéral du Canada, les ministres Mélanie Joly et Steven Guilbeault ont pris part à la marche entourés d’autres députés et de nombreux militants. À la fin du cortège, le chef du Nouveau Parti démocratique Jagmeet Singh a été vu en compagnie notamment du député Alexandre Boulerice.
Place aux revendications
À part les bannières des groupes et associations communautaires ainsi que celles des partis politiques, les messages portés à bout de bras durant la marche étaient aussi diversifiés que celles et ceux qui y ont pris part. Les jeunes étaient partout et nombreux. D’adolescent.e.s à jeunes adultes, ielles représentaient toutes les facettes de la diversité sexuelle et de genre, s’affirmant haut et fort et de façon très colorée.
«Silence = Violence», «Being Straight was my phase», «Les personnes non binaires enrichissent le français», «La visibilité des femmes est importante», «Pride was a Riot», «Queer rights now», «Iel donne des ailes», «Trans Lives are more important than Cis feelings», «Black Trans Lives Matter», «Puisqu’on va brûler en enfer, commençons à queer», «Les vies trans et noires comptent», «Sobre mais pas plate», «Salem, c’est moi!», «Pride is for the People. No cops. No corps!», «Le travail du sexe, c’est du travail», «Iel, illes : tous les pronoms sont valides», «Sous les paillettes la rage», «Mon genre est non binaire», «Je me rétablis du Crystal Meth»,«La religion enseigne l’amour, pas la haine» ne sont que quelques exemples de ce qu’on pouvait lire sur les nombreuses pancartes de revendications portées souvent par ces jeunes qui, cellulaires en main, diffusaient via les médias sociaux leurs messages en direct au monde entier (d’où l’utilisation aussi forte de l’anglais).
Un Village en fête
En fin de parcours de la marche, la foule s’est littéralement déversée dans le Village, directement sur la rue Sainte-Catherine après avoir emprunté Atateken, insufflant au quartier un air de festival qu’on n’avait pas vu depuis deux ans. On se rappelera que, l’an dernier, dû au coronavirus et aux mesures sanitaires liées, les évènements de Fierté Montréal s’étaient déroulés uniquement en ligne. Cette année, les terrasses des cafés, restaurants et bars ont été prises d’assaut alors que les serveurs, les gérants et certaines drag queens essayaient tant bien que mal de placer les clients. «Ça fait longtemps qu’on n’avait pas vu ça», ont répété, ce dimanche, de nombreux serveurs débordés. «On ne se plaindra pas», a quant à lui souligné le propriétaire d’un petit café.
Certains groupes d’ami.e.s, faute de pouvoir accéder aux terrasses, s’agglutinaient à l’extérieur pour bouger et danser au son de la musique du DJ, lançant des cris de joie de temps à autre. D’autres s’assoyaient par terre pour manger, boire et relaxer dans la bonne humeur.
Texte d’André C. Passiour avec la collaboration d’Yves Lafontaine