Même dans leur projet individuel, ils ne sont jamais loin l’un de l’autre. On ne présente plus Michel Lemieux et Victor Pilon. Dans cette création signée Michel Lemieux, Victor Pilon est présent. Comme quoi, leur complicité les entraîne à être au côté de l’autre même dans leur projet les plus personnels.
Si comme moi, vous n’êtes pas encore convaincu et «accro» à la création numérique, alors vous êtes dû pour courir voir Icarus de Michel Lemieux.
Tout le monde a déjà entendu parler ou même fait l’expérience de le réalité virtuelle (RV), cette plongée immersive dans un monde en trois dimensions où nos repères habituels dans le temps et l’espace disparaissent. Projets exploratoires, créations expérimentales, petit à petit, ce nouveau médium se tourne vers la création artistique et propose actuellement des véritables petits chef-d’œuvres artistiques qui, grâce à ces nouvelles technologiques, nous emmènent plus loin qu’une simple expérimentation.
Casque et lunettes sur la tête, manettes de contrôle entre les mains et en suivant les indications de Michel Lemieux, j’ai vu Icare et j’ai été Icare à la conquête du soleil faisant vibrer ses ailes, flottant dans les airs, ressentant un léger vertige à me déplacer dans un univers fantastique, ludique, merveilleux comme au bon vieux du temps des contes pour enfants où il fallait fermer les yeux pour s’imaginer ailleurs.
Ici, il faut les avoir grand ouverts.
«À la différence des autres forme d’art où comme spectateur, où seules l’ouïe et la vue sont mis à contribution comme à un concert, une exposition, un film ou une pièce de théâtre, ici, tous nos sens sont mis à contribution dans la réalité virtuelle, explique Michel Lemieux, on peut même se déplacer, marcher, faire demi-tour». Pendant que le créateur m’initie, j’actionne les manettes pour faire bouger mes ailes.
Pour Michel Lemieux —et c’est ce qui sera au cœur des deux autres VR en cours de création — il faut toujours garder la dimension humaine pour que ce soit beaucoup plus qu’un exercice technologique. «Dans Icarus, on rencontre des personnages, Icare enfant, sa mère, et son père Dédale (Victor Pilon), continue Michel Lemieux, nous ne sommes pas dans un monde désincarné, déshumanisé bien au contraire».
Petit moment intense de plaisir, sentiment de repousser nos limites, sensation de liberté et de légèreté de notre corps pour se faire raconter une histoire. Que demander de plus. Sinon de recommencer le vol d’Icare.
Revenu sur terre, la tête encore pleine de ce voyage improbable, j’imagine combien l’immersion virtuelle peut donner d’idées à des créateurs pour nous offrir des œuvres grandioses qui ne mobiliseront pas seulement nos intellects mais aussi notre corps.
Initialement prévu pour être présenté au Centre Phil, en 2020, et abandonné en raison de la pandémie, Icarus a été présenté dans de nombreux festivals dont au Tribeca XR et au festival de Cannes XR.
Sélectionné dans la compétition Horizon de la section EXPLORE, Icarus sera présenté dans le cadre du Festival du nouveau cinéma (FNC) à Montréal au Centre Phi, du 6 au 17 octobre ou en ligne.